Visitez l’élevage Auguste, naisseur de la génisse la plus chère d’Europe

Le 31 mai prochain, le Gaec Auguste ouvre ses portes. C’est sur cet élevage qu’est née Olga, une fille du taureau Gymnast, vendue 130 000 € lors de la vente aux enchères du dernier Simagena. Cette vente historique donne un coup de projecteur sur son naisseur, l’élevage Auguste, installé dans l’Eure-et-Loir, au cœur d’un territoire céréalier. L’exploitation eurélienne produit 1,5 million de litres de lait, inclut un méthaniseur de 250 kWh, ainsi qu’un atelier de poules pondeuses en plein air. 

Fin février, GAH Olga des Grilles, fille du taureau allemand Gymnast, s’est retrouvée à la une de tous les médias agricoles et généralistes. Cette génisse s’est vendue 130 000 € lors de la Paris Dairy Sale organisée dans le cadre du Simagena de Villepinte. Cette enchère record, du jamais-vu en France et en Europe, constitue une belle mise en lumière pour ses deux copropriétaires, à savoir le Gaec Auguste (Eure-et-Loir) et le Gaec des Grilles (Orne). « Nous sommes ravis. Cet encan vient récompenser un travail de longue haleine mais c’est également un vrai coup de chance, souligne modestement Olivier Auguste, l’un des deux associés du Gaec Auguste. Nous avons échangé des embryons avec Benjamin Verhalle du Gaec des Grilles, avec qui nous entretenons une solide amitié et avec qui nous avons l’habitude de travailler. Après avoir cherché dans sa cuve, celui-ci m’a proposé trois embryons de Mancelle des Grilles TB 85 x le taureau allemand Gymnast. En retour, je devais lui donner un lot d’embryons mais les génisses sont nées et les résultats exceptionnels d’Olga sont apparus (un Isu à 235). J’ai donc cédé la moitié de la propriété des deux Holsteins. En Allemagne, les index d’Olga lui octroient le titre de meilleure fille de Gymnast et, aux États-Unis, son TPI de 2 791 atteint aussi des niveaux records. De son côté, sa pleine sœur affiche des index bien en dessous, à savoir 207 points d’Isu. C’est un peu la loterie ! Le taureau Gymnast se singularise d’ailleurs par une descendance très hétérogène ».

Olivier et son ami Benjamin savent qu’ils détiennent là un animal exceptionnel et, se basant sur une vente similaire en Allemagne, ils estiment la valeur d’Olga à 100 000 €. Ils reçoivent des propositions venues d’Allemagne pour 60 000 €. Au final, ils décident de mettre leur génisse à la vente au Simagena. Olga entre alors dans l’Histoire de la génétique Holstein française et européenne. Pour Olivier Auguste, qui a élevé Olga, c’est une belle récompense qui vient couronner son travail et clôture une période un peu stressante : « chaque matin, nous étions malgré tout un peu inquiets depuis la naissance d’Olga. Mais tout s’est bien passé. Elle n’a posé aucune difficulté particulière ». Il faut dire que l’exploitation possède de belles installations pour les nouveaux-nés et les génisses. Il s’agit en fait du bâtiment préalablement utilisé pour l’élevage de veaux de boucherie. Doté d’une installation de ventilation dynamique, celui-ci est également chauffé grâce à l’unité de méthanisation de l’élevage.

Une région peu laitière

Olivier Auguste a toujours été passionné de génétique bovine. Dans sa région, en Eure-et-Loir, il reste peu de producteurs laitiers. Les concours et les ventes lui permettent donc de rencontrer, d’échanger, de se confronter à des confrères et d’alimenter sa propre motivation. « Nous avons véritablement commencé la génétique en utilisant des taureaux comme Rudolph ou Jocko Besne. La génomique ressort bien sur ce type de souches ». Ainsi, la famille Oasis a bien essaimé. Citons notamment Oasis EX 90 (Rudolph x Dombinator) et ses 10 652 kg de lait sur 305 jours. On retrouve également Roussette EX 92 (Jocko Besne x Oasis), première de section au National de Pau en 2004, avec une production de 71 121 kg de lait en 5 lactations, dont 12 546 kg en 3e lactation (44,5 de TB et 31,9 de TP). Sa fille, Chipette (Bolton x Jocko Besne), a ensuite été largement valorisée au sein du troupeau avec plusieurs collectes embryonnaires. Pointée TB 88 au niveau de la mamelle, elle a produit lors de sa meilleure lactation 11 171 kg de lait avec un TB de 42 g/L et un TP de 34,7 g/l. Glorya TB 86 (Stanleycup x Britney) occupe également une place importante au sein du cheptel. C’est notamment la mère du taureau Jalaphyr. Les éleveurs ont de surcroît acheté des génisses à l’occasion de ventes aux enchères réputées. C’est par exemple le cas de Sudan, acquise lors du Space ou de Cap Fable achetée à l’élevage Caron. Cette dernière a par ailleurs été collectée et a engendré deux femelles et trois mâles entrés en station (Holivo, Haron et Hillo).

Parallèlement, d’autres taureaux d’insémination sont nés au Gaec Auguste. C’est le cas de Gamein GAH (Beacon x Bolton x Jocko Besne) ou encore de Lordclass (Altafirstclass x Snowman). Ce dernier a longtemps été le meilleur fils de Altafirstclass disponible au sein des centres français. Il se distinguait notamment par un bon index mamelle, signature de la souche dont il était issu. Quant à Gamein, il était caractérisé par sa production et par ses aptitudes à transmettre de solides mamelles. Dans les taureaux nés sur l’élevage, n’oublions pas Izonzo, un taureau régulier, dont les doses sont commercialisées par Évolution.

Des animaux productifs et solides

« Dans notre élevage, nous recherchons des animaux productifs, complets sans qualités extrêmes. Nous ciblons des bovins équilibrés aptes à supporter la vie en logettes et caillebotis ». Cette approche impacte également la morphologie des animaux que nous recherchons et nous pousse vers des Holsteins aux aptitudes fonctionnelles, plus petites qu’auparavant, avec de bonnes pattes et de solides mamelles. Sur l’élevage, les géniteurs mâles du moment se nomment November, Newdels, Notify, Hotshot, Emerald ou encore Chief et Crushabull pour leur morphologie. Le cheptel est pointé à 83,1 points en morphologie et l’Isu moyen ressort à 126 points. La production moyenne ressort à 9 500 litres de lait et les taux sont bons : « 34,5 g/l pour le TP et 43 g/l pour le TB. Il faut y voir une combinaison des effets de la sélection génétique et de l’apport des maïs de l’année ».

Cet article est un extrait de Typex Magazine.

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