La polémique autour des repas « sans viande » à la cantine a, paradoxalement, mis en évidence une convergence de vues entre la filière viande et les associations environnementales.
Dans une lettre ouverte du 2 mars 2021, le président d’Interbev, Dominique Langlois, et celui de la FNB, Bruno Dufayet (signataire en tant que président de la commission enjeux sociétaux d’Interbev), regrettent le « triste spectacle » offert par l’affaire des menus sans viande dans les restaurants scolaires de Lyon qui, selon eux, laisserait accroire que « le monde serait divisé entre ceux qui voudraient supprimer toute trace de viande dans le régime alimentaire des enfants et les autres qui souhaiteraient, au contraire, leur en faire manger chaque jour, matin, midi et soir ».
« Rétablissons la vérité : les enfants mangent déjà, en moyenne, un peu moins de deux fois par semaine des viandes rouges au restaurant scolaire, soit entre 100 et 200 grammes selon les portions, en fonction de leur âge. Cela correspond à l’idée que nous défendons : mieux vaut manger de faibles quantités de viande à la cantine… mais uniquement de la viande d’origine française, si possible locale, issue de nos systèmes d’élevage durables et familiaux, caractérisés notamment par une alimentation à l’herbe des animaux (80% en ce qui concerne le cheptel allaitant) et une autonomie alimentaire du troupeau (90% de la ration des animaux produits par l’éleveur, sur son exploitation). »
« Moins et mieux de viande » (ONG)
Cette lettre ouverte a reçu le soutien de 7 organisations non gouvernementales (ONG) qui, dans un communiqué du 5 mars 2021, se disent favorables à « moins et mieux de viande dans les cantines », reprenant ainsi la position du Réseau Action Climat France. « À l’instar d’Interbev, nous soutenons l’approvisionnement issu d’élevages herbagers et autonomes et nous nous opposons à la production et à l’importation de viandes issues de systèmes d’élevage ultra-industrialisés. Ce point est d’autant plus important qu’en restauration collective, les viandes ne proviennent qu’exceptionnellement d’élevages durables et de proximité. Selon les sources et le type de viande, entre 40 et 70% des volumes seraient importés. C’est pourquoi nos organisations soutiennent également des mesures de soutien à l’élevage durable dans le Plan stratégique national (PSN, déclinaison de la Pac en France, actuellement en construction), en particulier en fléchant les aides couplées vers les élevages herbagers et les élevages extensifs les plus vertueux et résilients et en créant un paiement pour services environnementaux (PSE) pour les prairies et pour les élevages extensifs. »
Plus largement, ces 7 ONG (1) « soutiennent la réduction de l’ensemble des protéines animales (pas uniquement de la viande rouge) pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que la végétalisation de notre alimentation et la transition écologique de l’élevage sont indispensables pour lutter contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, comme le soulignent les scientifiques. Ensuite, parce que la diversification des sources de protéines est bénéfique pour la santé – elle constitue un levier massif de lutte contre l’épidémie d’obésité et l’explosion des maladies cardio-vasculaires. Enfin, car elle répond à une forte attente sociétale : une large majorité des Français (80 %) est favorable à ce que l’Etat rende obligatoire l’offre de menus végétariens plusieurs fois par semaine dans la restauration collective, en phase avec la proposition de la Convention citoyenne pour le climat d’introduire une option végétarienne quotidienne dans la restauration collective publique. »
BC
(1) WWF France, Réseau Action Climat, Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, Greenpeace France, France Nature Environnement, Humanité et biodiversité, CIWF France
A lire également : Les Français attachés à la viande (5 mars 2021)
A télécharger : Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 10 mars 2021)