Année noire en bovin viande 

Les résultats courants des élevages de bovins viande auraient chuté de 20% à 32% en 2020, selon les systèmes. En cause : la baisse des prix des mâles et une énième sécheresse.

A partir d’un échantillon de 311 exploitations appartenant au réseau Inosys (1), l’Institut de l’élevage (Idele) vient d’évaluer les revenus des exploitations bovins viande en 2020, anticipant ainsi sur les chiffres qui seront présentés, plus tard dans l’année, par la commission des comptes de l’agriculture de la Nation, à partir des données de l’Insee (2).

L’an passé, les revenus des producteurs de viande bovine ont été « déprimés par des sécheresses consécutives et des mâles dévalorisés ». Les prix des broutards ont diminué dans une proportion comprise entre -1,6% (Charolais de 300 kg) et -3,8% (Limousins de 300 kg). Les prix des vaches de réforme allaitantes de catégorie R ont augmenté (+2,8% dans le Grand Sud à +5,3% dans le Nord-Est), ceux des génisses allaitantes aussi, mais dans une moindre proportion (+1% dans le Nord-Est à +1,5% dans le Grand Sud). En revanche, les prix des jeunes bovins de 12-24 mois (hors Blonds et Parthenais) ont reculé (-2,4% dans le Nord-Est, -3,9% dans le Centre Est). Les recettes apportées par les céréales et les oléo-protéagineux cultivés sur ces exploitations bovines ont chuté en raison de « rendements le plus souvent en forte baisse ». Les aides Pac se sont effritées. Les charges ont évolué de manière très variable : -18,7% pour les carburants, -4,1% pour la protection des cultures, -2,5% pour les engrais et amendements, +0,1% pour les semences, +0,3% pour les aliments du bétail achetés, +0,5% pour les fermages, +1,2% pour les salaires (c’est aussi l’inflation en 2020), +2,4% pour les frais vétérinaires. La paille, raréfiée, a connu un « prix élevé ». La sécheresse, qui a impacté certaines régions pour la 3e année consécutive, a pénalisé la pousse de l’herbe au 2e semestre, avec des impacts très variables sur les coûts de production.

« Un début d’extensification »

Au final, « les résultats courants estimés pour 2020 dans les élevages bovins viandes des Réseaux Inosys chuteraient de -20% à -32% selon les systèmes. La dégradation est marquée depuis 2017 et se traduit également dans les trésoreries », constate l’Idele. Chez les naisseurs extensifs, « la répétition des sécheresses fait plonger les résultats » : ils ne dépassent pas 10 900 € par unité de main d’œuvre (UMO) en 2020, après 16 500 € en 2019 et 18 400 € en 2018. Chez les naisseurs intensifs, « la répétition des sécheresses induit un début d’extensification » et le résultat courant revient à 13 000 €/UMO (15 900 € en 2019, 14 100 € en 2018). Chez les naisseurs cultivant des grandes cultures, la « forte hausse » des charges fait chuter le résultat : 16 200 €/UMO après 22 000 € en 2019 et 26 800 € en 2018. Chez les naisseurs-engraisseurs de veaux sous la mère, le moindre rendement des cultures et les achats de fourrages ramènent le « revenu au plus bas depuis dix ans » : 14 300 €/UMO après 20 300 € en 2019 et 15 400 € en 2018 (13 800 € en 2012). Les naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins intensifs sont pénalisés par des « produits cultures et viande en nette baisse » : le résultat s’établit à 20 300 €/UMO, après 25 900 € en 2019 et 22 900 € en 2018. En veaux de boucherie, la pandémie de Covid-19 a perturbé les débouchés et réduit les rotations de production ; le résultat revient à 19 200 €/UMO, après 23 500 € en 2019 et 18 400 € en 2018.

BC

(1) Inosys (Innovation dans les systèmes d’élevage herbivores) est un réseau commun aux Chambres d’agriculture et à l’Institut de l’élevage. Les exploitations y sont globalement « de dimension supérieure à la moyenne, avec des résultats techniques et économiques plus élevés ».

(2) Institut national de la statistique et des études économiques

A télécharger :

Les chiffres clés de la filière bovine (FranceAgriMer, 18 mars 2021)

La filière du veau de boucherie (FranceAgriMer, 23 mars 2021)

Baisse de 2% des fabrications d’aliment en janvier 2021 (Snia, LCA, 23 mars 2021)

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