La signature des accords commerciaux entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) indigne la grande majorité des agriculteurs français. Ils y voient un coup porté à leur avenir et une trahison des engagements environnementaux et sociaux de l’Europe.
Le 6 décembre, Ursula von der Leyen a validé l’accord commercial entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur, à Montevideo (Uruguay). Cet signature intervient malgré la vive opposition de la France, de la Pologne, l’Autiche et les Pays-Bas. L’Italie hésite encore. La majorité des agriculteurs européens est également contre cet accord. Les ONG ont également dénoncé ces dangers malgré. Un courrier signé par plus de 600 parlementaires français (députés, sénateurs et députés européens) issus de plusieurs groupes avait été adressé, la présidente de la Commission européenne. « Cette validation est non seulement une provocation pour les agriculteurs européens qui appliquent les standards de production les plus élevés au monde, mais aussi un déni de démocratie alors que la quasi-unanimité de nos parlementaires français se sont exprimés contre cet accord ! Mme Von Der Leyen a certainement davantage en tête les intérêts particuliers de l’industrie automobile allemande, que les enjeux de souveraineté alimentaire européenne ou de lutte contre le changement climatique ! », estime le Syndicat des Jeunes Agriculteurs dans un communiqué de presse.
Pour que l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur entre en vigueur, il doit être ratifié par plusieurs instances et acteurs à différents niveaux. Le Conseil, composé des ministres des États membres, doit approuver l’accord à la majorité qualifiée (ou à l’unanimité, selon la nature exacte des dispositions). Le Parlement européen doit également approuver l’accord. L’accord étant considéré comme « mixte », il contient des éléments relevant à la fois des compétences exclusives de l’UE et des États membres. Chaque État membre doit ratifier l’accord au niveau national, ce qui implique un vote de son Parlement. Une fois approuvé par le Conseil et le Parlement européen, certaines parties de l’accord (relevant des compétences exclusives de l’UE) pourraient être appliquées de manière provisoire avant la ratification complète par les États membres.
Quels volumes de viande sont concernés ?
L’accord prévoit des quotas significatifs pour l’importation de viandes sud-américaines, notamment :
- Viande bovine : 99 000 tonnes par an, avec un droit de douane réduit de 7,5 %.
- Viande de volaille : 180 000 tonnes par an, exemptées de droits de douane.
- Porc : 25 000 tonnes à droits de douane réduits.
Ces volumes représentent une part modeste du marché européen de la viande, où la consommation totale de viande bovine est d’environ 7,8 millions de tonnes par an. Bien que les quotas puissent sembler modestes en pourcentage, leur impact est considérable, car ces viandes, produites à des coûts bien inférieurs, risquent de faire pression sur les prix et la rentabilité des producteurs européens.
Le coût de production d’un kilo de viande bovine dans les pays du Mercosur est estimé à 2,50 € .