Après la victoire judiciaire de Dominique Vauprès face à RTE, la famille Brault, éleveurs de volailles et de Limousines obtient enfin le démontage d’une antenne relais à proximité de son exploitation.
Isabelle Brault, ancienne vice-présidente de l’Anast (1), a enfin de quoi être satisfaite. Le 20 mars dernier, sur la commune de Noyen-sur-Sarthe (Sarthe), des techniciens sont intervenus sur l’antenne relais installée sur le château d’eau, à seulement 200 mètres de ses hangars, de sa maison et de son premier poulailler. Le syndicat des eaux n’ayant pas renouvelé le bail avec l’opérateur, l’antenne sera déplacée 800 mètres plus loin, sur un pylône en cours de construction.
Isabelle et son mari Didier exploitent, depuis 1990, une ferme biologique de 160 hectares où ils élèvent des poulets de chair Label Rouge ainsi que des vaches Limousines. Leur expertise d’éleveurs leur a valu d’être référencés comme « ferme de référence » par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
Mais depuis l’installation de l’antenne relais il y a une quinzaine d’années, leur vie a basculé. La santé de la famille s’est progressivement détériorée : migraines, insomnies, acouphènes, états dépressifs… Ils ont été diagnostiqués électrosensibles, au point qu’Isabelle, la mort dans l’âme, a dû éloigner ses enfants du domicile pour préserver leur bien-être. Didier, quant à lui, est actuellement suivi par le docteur Tripoli au CHU de Nantes.
Fertilité inexpliquée
Les répercussions ne se sont pas limitées aux humains : leur cheptel a lui aussi souffert. Des anomalies ont été observées chez les bovins et les poulets. Les vaches ont connu une hausse des problèmes d’infertilité, avec un développement ovarien anormal, tandis que les lots de poulets sont devenus de plus en plus hétérogènes. Si les vétérinaires ont constaté ces troubles, ils n’ont pas pu en identifier la cause exacte. En revanche, des experts en géobiologie et le Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques non ionisants (Criirem) ont suggéré un stress lié à l’antenne relais. La seule amélioration notable a été observée après l’éloignement des animaux de l’exploitation.
Même si le lien de causalité reste difficile à établir scientifiquement, les conséquences économiques sont désastreuses : le couple a dû racheter un troupeau de douze vaches pour 30 000 €, et les performances de l’atelier volailles sont devenues irrégulières, parfois catastrophiques.
Le démontage de l’antenne constitue une première victoire pour Isabelle et Didier. Mais après tant d’années, ce combat laisse des traces.
Erwan Le Duc
(1) Animaux sous tension