Un élevage normand taillé pour l’avenir

En Mayenne, le Gaec des Clairventes a bâti un complexe laitier doté de trois robots pour traire 155 Normandes et produire 1,685 million de litres. En 1992, l’élevage produisait 58 000 litres. Retour sur une success story familiale qui ouvrira ses portes pour la vente PMS de 2024.

« J’ai débuté avec 15 vaches. Aujourd’hui, le cheptel compte 200 Normandes dont 155 à la traite.»

 

 

 

 

 

 

 

Au pied du Mont des Avaloirs, au nord-est de la Mayenne, la famille Huet a investi 940 000 € pour s’inscrire pleinement dans l’avenir. L’atelier lait fait la part belle au bien-être des vaches, ainsi qu’à celui des éleveurs. Le matériel d’élevage représente près de la moitié de la somme investie. Désormais, la traite est réalisée par trois robots Delaval V 300, dotés de la toute nouvelle option BA 200. Depuis leur mise en route, les vaches produisent un supplément de 3 l/vl/j. Si l’on regarde les données du contrôle laitier, on observe, sur six mois (les robots étant opérationnels depuis mai 2023), un gain de 400 kg par vache et par lactation. Qu’il semble loin le temps où Olivier, le père, débutait sa carrière d’éleveur avec une production de 58 000 litres. Aujourd’hui, c’est presque 1,7 million de litres que Lactalis collecte.

De 15 à 155 vaches
La constante de cette famille reste la fidélité à la race Normande. Olivier a commencé sa carrière avec 15 vaches. Aujourd’hui, le cheptel compte 200 Normandes dont 155 à la traite. Cette croissance s’est faite en minimisant les achats extérieurs. « Nous ne voulions pas importer de problèmes sanitaires. Depuis 2010, nous n’avons pas acheté une seule vache », soulignent en chœur Olivier, Étienne et Pierre. Les Mayennais misent sur les paillettes sexées et les transplantations embryonnaires. Le génotypage, initié dès 2011, permet de connaître le potentiel de chaque laitière. Les meilleures vaches servent au renouvellement. Les autres sont inséminées par des paillettes de taureaux de race Blanc Bleu Belge. « Les veaux mâles sont ainsi mieux valorisés et partent à 280 €/tête. Quant aux femelles, elles se monnaient 230 €/tête. La vente des tout jeunes veaux représente environ 25 000 € ». Désormais, le cheptel a atteint sa taille de croisière et les éleveurs souhaitent abaisser le taux de renouvellement, avec un objectif affiché de 28 %. « Nous voulons réduire le nombre d’animaux élevés sur l’exploitation afin de nous concentrer sur une alimentation de qualité, destinée à des d’animaux productifs ». Les inséminations sont effectuées par Pierre, ancien inséminateur. Celui-ci se charge également du plan d’accouplements, réalisé à l’aide de l’application développée par la coopérative franco-allemande Synetics. La génétique est au rendez-vous avec un Isu de 138, un index laitier de 688 et 0,9 en morphologie.

Priorité au bien-être animal
Ces éleveurs placent le bien-être animal au centre de leur stratégie. « Nous avons maintenu une aire paillée dans le nouveau bâtiment qui offre une belle surface par animal. Pour ce qui est des robots de traite, nous avons privilégié un mode de circulation libre, permettant aux vaches de choisir leur période de traite. Nous avons aussi choisi de ne pas saturer les stalles qui fonctionnent avec 55 vaches par robot ». Enfin, l’accès au pâturage a été maintenu pour préserver la bonne santé des aplombs, un choix essentiel pour la réussite en robots de traite. Sensibilisés à cette problématique, les éleveurs possèdent une cage de parage depuis 2017 et réalisent une intervention systématique au tarissement. Formé au parage, Étienne intervient ainsi très précocement. Il pose des talonnettes ou effectue des soins plus pointus sur environ 10 % des vaches. Cet investissement leur a permis de ne presque plus réformer pour cause de boiteries récurrentes. Les vaches disposent d’une surface de pâturage de 10 ares par individu et par jour. Pour les éleveurs, c’est un point essentiel. « Nous avons distingué une parcelle jour et une parcelle nuit dont l’accès est géré par une porte intelligente ». Les bascules s’effectuent à 15 heures et 3 heures du matin. Le fait de disposer de deux parcelles permet aux éleveurs, qui viennent en début de matinée et en fin d’après-midi, de facilement distinguer les vaches en retard de traite. Les retardataires se trouveront tout simplement dans la mauvaise pâture. En ce début janvier, les Normandes produisent 29 kg/vl/j. La moyenne annuelle atteint 8 400 kg. « Notre cheptel compte beaucoup de primipares (50 % N.D.L.R), ce qui pénalise la production ». La quantité de lait produite a toutefois progressé suite à la mise en place des robots. Et, avec l’abaissement du taux de renouvellement, le cheptel dispose d’une solide marge de progression. « Depuis la mise en route du nouveau bâtiment, nous avons également noté une belle progression des comptages cellulaires. Nous sommes passés d’une moyenne de 200 000 à 130 000 cellules/ml, tout en maintenant une aire paillée ! »

ERWAN LE DUC

En chiffres ….

Le Gaec des Clairventes (Mayenne)

  • quatre associés : Olivier, Francine, Étienne et Pierre Huet
  • une SAU (1) de 270 ha
  • un cheptel de 155 Normandes à la traite
  • trois robots de traite Delaval V 300
  • un atelier volaille Duc de Mayenne
  • un atelier d’engraissement de 35 bœufs
  1. SAU : surface agricole utile

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