Un chiffon rouge pour l’élevage ?

Le Haut conseil pour le climat (HCC) publie un rapport tout en exigences environnementales nouvelles, mais accompagnées financièrement.

Alors que « l’alimentation représente 22 % de l’empreinte carbone des Français (…), les politiques agricoles et alimentaires actuelles sont peu mobilisées en appui aux politiques climatiques », analyse le HCC dans un rapport publié – hasard du calendrier sans doute – ce 25 janvier, à la veille des annonces gouvernementales censées désamorcer la colère agricole.

Plus précisément, estime le HCC, « la structure et le fonctionnement du système alimentaire freinent l’adoption de pratiques agricoles et alimentaires bas-carbone, et limitent la possibilité de changements transformationnels. Ces freins et verrous peuvent être levés par des changements profonds des systèmes agroalimentaires, tels la revalorisation des revenus des agriculteurs et des éleveurs pour soutenir et accompagner leurs changements de pratiques, la réorientation des dispositifs de soutien, et la mobilisation des acteurs de la transformation, du stockage, du transport, de la distribution et de la restauration. »

Des recommandations pour l’élevage

Le HCC ambitionne une « réduction des émissions du secteur agricole par au moins un facteur deux d’ici à 2050 (…) en augmentant fortement le stockage de carbone dans les sols agricoles et dans la biomasse. » Pour ce faire, il formule un grand nombre de recommandations dont certaines concernent directement le secteur de l’élevage :

– lancer un plan d’adaptation de l’élevage en mobilisant la sélection génétique, les additifs alimentaires, la gestion des troupeaux, l’introduction de races mixtes, le stockage de fourrages, l’élevage à l’herbe ;

– encourager les réductions d’émissions de méthane entérique, la méthanisation des effluents d’élevage, le stockage de carbone dans les sols (cultures intermédiaires, prairies temporaires), la réduction des pertes d’azote à l’épandage ;

– renforcer les mesures portant sur les légumineuses, les haies, l’agroforesterie dans le but de bâtir un « sylvo-pastoralisme accompagnant la décroissance de l’élevage » ;

– développer et renforcer les standards de la conditionnalité environnementale des aides ;

renforcer les exigences de l’éco-régime pour encourager un changement de pratiques en profondeur ;

– orienter les aides au revenu en priorité vers les exploitations les plus vulnérables ;

– renforcer les critères des aides couplées bovines pour les orienter en priorité vers les exploitations d’élevage bas-carbone les plus vulnérables ;

– conditionner le soutien aux investissements hydrauliques à l’adoption de systèmes agricoles plus économes en eau ;

– conditionner les outils de gestion des risques à l’adoption de pratiques favorisant l’adaptation.

BC

Crédit photo : SIA

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