Trois constats sur la gestion du colostrum

Jonathan Gourdon, étudiant vétérinaire, finalise sa thèse sur le colostrum bovin. De février à avril 2021, il a ainsi suivi les pratiques de seize éleveurs laitiers et allaitants. Le bilan, globalement satisfaisant, peut encore être amélioré pour bonifier le transfert colostral. Zoom sur trois idées à retenir.

CONSTAT # 1 : LA QUALITÉ DES COLOSTRUMS EST GLOBALEMENT AU RENDEZ-VOUS

La qualité d’un colostrum est évaluée grâce à sa teneur en immunoglobulines de type G (IgG). L’étude menée par Jonathan Gourdon a montré que celle-ci se révèle globalement conforme aux préconisations techniques du moment. Sans surprise, le futur vétérinaire a noté une différence qualitative assez nette entre les troupeaux allaitants et leurs homologues laitiers. Pour le colostrum des vaches à viande, la moyenne se situe à 99 g/L d’IgG : un résultat conforme ou presque à la recommandation technique la plus classique qui est de 100 g/L. Ce chiffre satisfaisant cache toutefois de grosses disparités avec des extrêmes très éloignés. Le chiffre minimum plafonne à 26,5 g/L alors que le maximum culmine à 205 g/l. 

Pour les élevages laitiers, les colostrums analysés contenaient une moyenne de 55 g/L soit exactement le niveau préconisé. Là encore, les différences se révèlent importantes. La teneur minimale est inférieure à 20g/l et la maximale atteint 180 g/l. L’étudiant vétérinaire de préciser :  « avant l’étude, tous les éleveurs ne possédaient pas de réfractomètre pour vérifier la qualité colostrale. Cet outil nous paraît indispensable au sein d’un élevage. Dès la mise-bas, nous préconisons aux éleveurs de vérifier scrupuleusement la teneur en IgG. Si la qualité n’est pas au rendez-vous, il faudra veiller à distribuer un colostrum qualitatif, préalablement congelé ». Cette étude a accessoirement permis de vérifier que les mesures des réfractomètres étaient assez conformes aux résultats d’analyses effectuées en laboratoire. Une raison de plus, pour tous les éleveurs, de généraliser leur utilisation.

CONSTAT # 2 : MIEUX D’ORGANISER POUR GÉRER LE TRANSFERT COLOSTRAL

Le veau naît immunocompétent mais dépourvu d’immunoglobulines pour se défendre des agents pathogènes. Chez le bovin, les anticorps maternels ne traversent pas la barrière placentaire. Le transfert d’immunité passive entre la vache et le jeune veau a lieu après la naissance, par l’intermédiaire de la buvée colostrale. Pour que le transfert de cette immunité soit suffisant, il faut d’une part que le colostrum soit de bonne qualité et d’autre part que le veau en consomme suffisamment et rapidement. Dans l’étude, les analyses sanguines ont  permis d’étudier la teneur en IgG.

Cette dernière s’affichait à 15,5 g/L chez les veaux laitiers alors qu’en allaitant elle atteignait 19 g/L. Ces résultats sont conformes aux préconisations, mais, là encore, ils cachent de forte disparité d’un élevage à l’autre. « Pour s’assurer d’un transfert d’immunité optimal, la prise colostrale doit être rapide. Tous les éleveurs n’ont pas forcément conscience ce cette nécessité. L’absorption intestinale est maximale tout au long de la première heure de vie, puis elle n’a de cesse de décliner, Douze heures après la naissance, elle baisse de moitié, jusqu’à être inexistante 24 heures. Il est à noter que lors de la première heure de vie, seule une petite partie des IgG contenus dans le colostrum passe dans le sang (le quart des anticorps est ingéré) », souligne Jonathan Gourdon. Dès lors, il faut idéalement en distribuer 4 litres dans les trois heures qui suivent la mise-bas. Le futur praticien rappelle que pour ce faire, deux techniques sont efficaces : sonder le veau ou lui distribuer le colostrum au biberon..

CONSTAT # 3 : DES LEVIERS EFFICACES POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ COLOSTRAL

Le futur vétérinaire a également noté une différence notable de qualité colostrale entre les élevages, en faveur de ceux ayant instauré des préparations à la mise-bas spécifiques. Les exploitations qui distribuent des minéraux spécifiques aux vaches taries obtiennent des teneurs en IgG au-dessus de celles ne recourant à aucune préparation spécifique. 

Erwan Le Duc

Cette publication est un extrait de l’article paru dans l’édition de septembre de Grands Troupeaux Magazine, pour acheter le magazine, cliquez ici.

 

 

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