Tout savoir sur le revenu agricole

L’Inrae a mené l’enquête, sans œillère ni tabou.

A l’automne 2017, la Mutualité sociale agricole (MSA) avait estimé, en conférence de presse, que « 30 % des exploitants auraient un revenu inférieur à 350 € par mois » en 2016. Une déclaration, largement reprise et commentée à l’époque, qui avait conduit au lancement, en 2018, du projet de recherche Agr’Income, finalement publié, au printemps 2020, sous le titre : Hétérogénéité, déterminants et trajectoires du revenu des agriculteurs français.

Cet important travail analyse le revenu des agriculteurs en tenant compte à la fois de sa composition (sources agricoles et non agricoles, soutien public, disponibilité immédiate ou bien constitution d’un patrimoine), de son niveau (par exploitation, par unité de main d’œuvre, par ménage), de sa dispersion (entre agriculteurs, entre systèmes de production) et de son évolution (à court et à long terme). L’impact des paiements redistributif ou vert de la Politique agricole commune est également interrogé.

« La profitabilité des élevages a très peu évolué »

Le rapport Agr’Income montre, par exemple, qu’« entre 1988 et 2016, le revenu des éleveurs s’est tout juste maintenu grâce aux aides publiques, l’aval des filières ayant capté les faibles gains de productivité réalisés sous forme de baisse de prix. Sur les 25 dernières années, l’augmentation de la productivité du travail a été le principal moteur de développement des élevages de ruminants français. Mais les gains de productivité du travail ainsi réalisés masquent une baisse de la productivité de l’ensemble des autres facteurs de production. En particulier, l’efficience technique des systèmes de production, mesurée par le rapport des volumes de consommations intermédiaires et d’équipements utilisés par unité de volume de production agricole, s’est dégradée. »

« Une décomposition de la variation de valeur de l’ensemble des produits et charges de l’exploitation entre deux années en une variation de prix et une variation de volume, a permis de mettre en évidence la répartition du surplus économique résultant des gains de productivité des exploitations entre agents en relation directe avec celles-ci (clients, fournisseurs, financeurs, travailleurs, manageurs, Etat). Les résultats montrent que, pour les quatre OTEX étudiées (bovins viande, bovins lait, bovins mixtes et petits ruminants), les gains de productivité réalisés par les éleveurs ne leur ont pas forcément bénéficié. La profitabilité des élevages a très peu évolué, et souvent à la baisse, alors que la valeur des aides publiques qui leur ont été attribuées a fortement augmenté, et que le prix d’achat de produits agricoles a fortement baissé. »

BC

A télécharger :

Rapport Agr’Income (Inrae, Agrocampus Ouest, VetAgro Sup, avril 2020)

Agr’Income en 4 pages (août 2020)

A lire également : Revenu 2019 : le lait fait de la résistance (21 juillet 2020)

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