Prix du lait : un « premier pas » mesuré

La loi Egalim est diversement appliquée par les transformateurs, selon la FNPL. « La première moitié du chemin a été faite. Mais beaucoup d’entreprises oublient encore le prix de revient, notamment dans les coopératives ».

La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a réuni, le 27 novembre à Paris, ses délégués régionaux et départementaux. Une date fixée de longue date, selon son président, Thierry Roquefeuil, qui tombait le jour des manifestations FNSEA et JA visant à alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur le revenu des agriculteurs et sur « les distorsions de concurrence qui s’abattent sur eux », selon le mot d’ordre de mobilisation. Les producteurs de lait ont-ils participé en masse aux convois de tracteurs aperçus en France ? Les dirigeants de la FNPL peinent à répondre par l’affirmative.

+ 10 €/1000 l sur un an

En pratique, le conseil national de la FNPL a débattu de l’impact des Etats généraux de l’alimentation (Egalim) sur le prix du lait. En s’appuyant sur deux méthodologies différentes, le syndicat l’évalue – pour le lait valorisé en produits de grande consommation sur le marché national – entre 18,70 €/1000 l (chiffre minimum) et 33,15 €/1000 l (chiffre maximal). « La vérité est probablement entre les deux, soit environ 25 €/1000 l », estime André Bonnard, secrétaire général de la FNPL. Ce chiffre moyen doit être pondéré de la proportion de lait valorisé sur le marché français par chaque transformateur. Car, en ce qui concerne le beurre, la poudre ou l’exportation, l’évolution des marchés conduit à un gain de « moins de 1 €/1000 l à la fin septembre ». A cette date, le prix du lait à la production affichait une hausse moyenne de 10,27 €/1000 l sur un an, selon FranceAgriMer : 9,35 €/1000 l apportés par le débouché national, 0,92 €/1000 l apportés par les autres marchés.

Savencia dans les clous

En fonction du mix-produit des principaux transformateurs laitiers, la FNPL a calculé la hausse de prix qui aurait dû découler d’une pleine application de la loi Egalim : +17 €/1000 l chez Lactalis, contre +14 € constaté à la fin septembre (les accords de prix annoncés augurent d’un gain ramené à +9 € sur l’ensemble de l’année 2019) ; +13 €/1000 l chez Sodiaal, contre +10 € constaté ; + 19 €/1000 l chez Savencia, un chiffre conforme aux hausses de prix constatées. André Bonnard note encore que « Bel paie le plus cher , mais il n’a pas bougé son prix. Il n’y a pas eu d’effet EGA car les engagements avaient été pris avant. » Le groupe Danone, enfin, qui « expliquait pendant les EGA qu’il fallait faire du ruissellement, n’a rien fait ».

Selon le ministère de l’agriculture, la hausse du prix du lait à la production ralentit : +3% sur un an en août, +2,7% en septembre, +1,8% en octobre. Les prix à la consommation de la catégorie « lait, fromages, œufs » suivent la même tendance : +2,6%, +2,5%, +2,3% respectivement, montre une publication Agreste mise en ligne le 29 novembre.

Les indicateurs interprofessionnels validés

« Deux ans après la signature du plan de filière France, Terre de lait, la Commission européenne vient de donner son feu vert à la publication mensuelle par le Cniel d’un tableau de bord d’indicateurs économiques reprenant notamment les indicateurs de prix de revient en élevage laitier », annonce la FNPL dans un communiqué du 11 décembre. Le syndicat « exige que les indicateurs soient pris en compte dans les négociations de février et qu’ils figurent aux conditions générales de vente des contrats laitiers ou dans le règlement intérieur des coopératives ».

En 2018, rappelle la FNPL, le Cniel avait travaillé sur la méthode de calcul d’un indicateur permettant d’intégrer le coût de revient moyen des exploitations – estimé alors à 396 €/1000 l – dans le prix payé aux producteurs.

Benoît Contour

A télécharger :

Les coûts de production en octobre 2019 (ministère de l’agriculture, 13 décembre 2019)

La conjoncture au 22 novembre 2019 (Cniel)

Le tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 29 novembre 2019)

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