Pourquoi miser sur des oligo-éléments injectables ?

L’intérêt d’une injection d’oligo-éléments a fait l’objet d’un grand nombre d’études anglo-saxonnes. Grands Troupeaux Magazine vous propose de revenir sur les plus significatives d’entre elles.

PARCE QUE LES OLIGO-ÉLÉMENTS SONT ESSENTIELS

Les oligo-éléments se révèlent essentiels à de multiples processus physiologiques. Ils interviennent au niveau du développement du squelette, de la réponse immunitaire et des performances de reproduction (Underwood et Suttle, 1999). Malheureusement, les rations des bovins ne contiennent pas toujours suffisamment d’oligo-éléments pour répondre adéquatement aux exigences de l’élevage moderne. Dans la ration, des actions antagonistes entre différents minéraux peuvent également freiner leur assimilation, dès lors la complémentation minérale du quotidien n’est pas toujours suffisante. Il faut alors envisager des supplémentations lors de période de stress : vêlage, entrée en engraissement, passage épidémique…Reste à trouver la meilleure approche possible.

PARCE QUE L’EFFICACITÉ EST AVÉRÉE

Pour effectuer des cures, l’éleveur peut effectuer son choix parmi plusieurs galéniques : bolus, solution injectable, semoulette voire des galets effervescents…

Un de ses injectables, MultiMin (Sélénium, Manganèse, zinc et cuivre) est considéré comme un médicament vétérinaire donc soumis à AMM, ce qui n’est pas le cas des semoulettes ou des bolus. Son efficacité a donc été validée par les autorités du médicament vétérinaire. Pour l’éleveur, c’est une garantie d’efficacité. Nouveau en France, le MultiMin existe depuis longtemps hors de nos frontières et les universitaires sont nombreux à avoir enquêté sur son intérêt. Ainsi, en 2012, l’Université d’Iowa) (1) a comparé les teneurs en oligo-éléments de taurillons Simmental et Angus. Un lot témoin et un autre ayant subi une injection de MultiMin (1 ml/45 kg de poids corporel). Les bovins ont été alimentés avec un régime à base d’ensilage de maïs avec une complémentation conforme aux normes nord-américaines en Cu, Zn, Mn et Se. Des échantillons sanguins ont été prélevés immédiatement avant l’injection et à 8 et 10 heures post-injection et aux jours 1, 8 et 15 après l’injection. Les biopsies du foie ont été prélevées 3 jours avant l’injection et aux jours 1, 8 et 15 post-injection. Les auteurs ont suivi l’évolution des concentrations minérales au niveau du foie et du plasma. L’activité de la glutathion peroxydase (GSH-Px), enzyme utile pour réduire les effets du stress oxydatif, a également été analysée. Les concentrations plasmatiques et hépatiques de Zn, Mn et Se étaient plus élevées. Pour le Cu, les résultats sont similaires mais un peu moins significatifs. L’activité anti-oxydative était également significativement boostée…

PARCE QUE L’ON AMÉLIORE LA RÉPONSE VACCINALE

Plusieurs études scientifiques ont montré qu’il était possible d’améliorer la réponse vaccinale en associant  à l’injection d’un vaccin une solution d’oligo-éléments injectables. En 2020, l’université de Géorgie (États-Unis) (2) a comparé trois lots de veaux de boucherie exposés au virus de la BVD. Le lot témoin n’a reçu aucun traitement, le deuxième a été vacciné 5 jours avant l’exposition virale, et le troisième a reçu en plus du vaccin une injection d’oligo-éléments (MultiMin apportant Se, Zn, Cu et Mn). Les scientifiques ont suivi l’évolution de l’état de santé des animaux. Des échantillons de sang ont été prélevés pour analyser la présence de leucocytes ou d’anticorps. Finalement, la vaccination a induit une protection rapide contre la BVD. L’injection d’oligo-éléments a, quant à elle, accentué la réponse immunitaire des veaux (les marqueurs du système immunitaire ont augmenté). Par contre, la supplémentation en oligo-éléments a atténué le statut inflammatoire des animaux. Ainsi, la vaccination seule contribue à une forte augmentation de leur température rectale (elle est montée jusqu’à 40, 5 °C), ce qui n’est pas le cas pour les veaux ayant bénéficié de l’injection de MultiMin (la courbe de leur température est resté identique à celle du lot témoin)… Les scientifiques ont également noté que la concentration hépatique en Se et en Zn était la plus forte sur le lot vacciné et supplémenté.

La même équipe avait effectué des essais au protocole quasi identique (3) sur trois lots (un lot témoin, un lot vacciné et un lot vacciné et supplémenté) de 12 veaux laitiers soumis cette fois aux virus de la BVD et du BHV. Sur le lot témoin, l‘observation endoscopique des voies respiratoires supérieures a permis de constater la présence d’inflammations et de lésions des muqueuses compatibles avec une pharyngite, une laryngite, une trachéite et/ ou une bronchite. Les lésions étaient moins graves sur les animaux vaccinés et encore moins prégnantes sur les animaux vaccinés et supplémentés.

La même université (4) avait en 2018 expérimenté un protocole similaire mais cette fois en se focalisant sur Mannheimia haemolytica et Pasteurella multocida, agents infectieux responsables de la pasteurellose. Cet essai a montré que la supplémentation a accentué la réponse immunitaire. « Le MultiMin pourrait être un outil précieux pour améliorer la réponse des veaux laitiers à la vaccination contre les maladies respiratoires bovines », concluent les auteurs.

PARCE QUE L’ON PEUT MIEUX CONTRÔLER DES PATHOLOGIES

En 2013(5), la prestigieuse université de Cornell (États-Unis) avait enquêté sur l’effet d’une injection sous-cutanée de MultiMin à 230 et 260 jours de gestation et 35 jours post-partum, sur la santé, la production laitière et les performances de reproduction des vaches Holstein en lactation. Trois grandes fermes laitières implantées dans l’État de New York ont participé à l’étude. Au total, les données de 1416 vaches ont pu être analysées. Dans chaque élevage, des lots témoins et MultiMin ont été constitués de façon homogène. Pour les vaches multipares, l’injection sous-cutanée d’oligo-éléments a significativement diminué les scores de numération cellulaire somatique, incidence significative sur les mammites subcliniques et significative sur les mammites cliniques des multipares. Par contre, les vaches témoins présentaient des risques accrus de mortinatalité et d’endométrite. Le traitement n’a eu aucun effet sur les performances de reproduction, production de lait ou d’autres caractéristiques de santé.

ERWAN LE DUC

 

(1) D. J. Pogge et al., Journal of Animal Science, 2012.

(2) J. H. J. Bittar et al., Veterinary Immunology and Immunopathology, 2020.

(3) Poster présenté à l’occasion des Bovine Respiratory Disease Symposium en 2019.

(4) J. H. J. Bittar et al., The Professional Animal Scientist, 2018.

(5) V.S. Machado et al. The Veterinary Journal, 2013.

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