« Les données de marché disponibles ne montrent pas d’évolution marquée liée au contexte climatique exceptionnel des dernières semaines », constate le Cniel.
« La conjoncture laitière a peu évolué depuis le mois de juin », observe Benoît Rouyer (notre photo), économiste au Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), dans une vidéo postée le 8 août. « Les conditions climatiques très sèches de ces dernières semaines en Europe n’ont pas impacté, du moins pour l’instant, les cours des produits laitiers. Les prix du beurre restent élevés , sans atteindre les sommets de 2017. Celui de la poudre de lait écrémé se maintient à des niveaux très bas » (1 472 €/t la même semaine, en repli de 20 % sur un an). Le lactosérum est également à la peine (668 €/t, -22 % sur un an).
Le prix du lait devrait remonter au 2e semestre
Benoît Rouyer ne discerne « pas d’évolution spectaculaire de la collecte en France ces dernières semaines. Malgré la sécheresse, la production reste en légère progression par rapport à 2017 » (+1,2 % en juillet, au vu des sondages hebdomadaires de FranceAgriMer). Le Cniel ne dispose pas encore d’informations sur l’impact que la canicule a pu avoir dans les autres pays européens.
Le prix standard (38/32) du lait conventionnel s’est établi à 306 €/1000 l en mai 2018, contre 323 €/1000 l en mai 2017. Tous laits confondus (y compris bio et AOC), le prix du lait standard a atteint 321 €/1000 l en mai 2018 (334 €/1000 l pour le lait « réel »). C’est, là encore, moins qu’en mai 2017 (333 €/1000 l pour le lait standard). Benoît Rouyer se montre néanmoins plutôt optimiste pour la suite : « la production devrait ralentir en Europe au 2e semestre et donc conforter une tendance plutôt à la hausse du prix du lait à la ferme dans les mois à venir. »
Prix du lait : + 1 % dans l’UE en juin
Le tableau de bord des produits laitiers mis en ligne le 8 août par la Commission européenne fait état d’un prix moyen du lait à la production dans l’UE de 324 €/1000 l en juin 2018, en hausse de 1 % sur un mois. A l’inverse, les prix du beurre (5 560 €/t, -1,2 %), de la poudre de lait écrémé (1 470 €/t, -1,6%) et du cheddar (3 330 €/t, -0,4%) s’effritent. Autre information, la collecte de lait de vache dans l’UE a progressé de 2 % entre janvier et mai 2018 en comparaison de la même période de 2017. Aux Etats-Unis, une hausse de 1,1 % sur les six premiers mois de l’année est constatée. La Nouvelle-Zélande commence l’année laitière 2018/2019 sur les chapeaux de roue : + 11,2 % en juin sur un an.
« Perspectives favorables en Nouvelle-Zélande »
L’indice FAO (1) des prix mondiaux des produits laitiers a diminué de 6,6 % entre juin et juillet. Il demeure supérieur de 10,7 % à son niveau de janvier 2018, mais en repli de 8 % sur un an. En juillet 2018, « les cours internationaux de l’ensemble des produits laitiers (figurant dans l’indice FAO) ont baissé, les baisses les plus importantes ayant été enregistrées pour le beurre et le fromage. Les prix du lait entier en poudre et du lait écrémé en poudre ont eux aussi fléchi. La tendance à la baisse des marchés des produits laitiers s’est poursuivie, sous l’effet d’une offre à l’exportation abondante, et notamment de perspectives de production favorables en Nouvelle-Zélande. »
Quoi qu’il en soit, le groupe néo-zélandais Fonterra, 1er exportateur mondial de produits laitiers, a annoncé, le 10 août, un prix du lait à la production de 6,70 $/kgMS pour ses adhérents coopérateurs en 2017/2018 (1er juin-31 mai), au lieu des 6,75 $/kgMS initialement attendus. « Nos prévisions de performances ne sont pas celles auxquelles nous nous attendions. Bien que les chiffres ne soient pas finalisés, nos marges ont été inférieures à nos prévisions pour l’ensemble de nos activités mondiales d’ingrédients et de service aux consommateurs et à l’agroalimentaire. » En revanche, le prix prévisionnel pour 2018/2019, annoncé à 7 $/kgMS le 23 mai dernier (soit une hausse de 4,5 %), reste d’actualité.
Pas d’intervention sur la poudre en 2019 ?
Dans un projet de règlement du 16 juillet 2018, la Commission européenne propose de ne pas ouvrir l’intervention publique sur la poudre de lait écrémé en 2019, comme elle l’a déjà fait cette année.
« Compte tenu du fait que les conditions de marché n’ont pas considérablement évolué et que l’expérience acquise en 2018 prouve le bien-fondé de l’approche, il y a lieu de renouveler l’initiative et de fixer à zéro le plafond de 2019 », dispose le projet de règlement.
BC
(1) FAO : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
A télécharger : Les produits carnés et laitiers en 2017 (FranceAgriMer, août 2018)