Se dirige-t-on vers un manque de lait bio, une « crise de croissance » de la filière, un « modèle bio à deux vitesses » ? Un dossier, cosigné par les instituts techniques de l’élevage (Idele) et de l’agriculture biologique (Itab), fait le point sur plusieurs années de conversions massives.
« Les craintes d’inonder le marché par un excédent momentané de lait au printemps 2019, qui ont conduit l’opérateur principal de la collecte à réguler la production sur ses fermes adhérentes, semblaient calmées fin 2019. Et de nombreux opérateurs ont depuis réaffirmé leurs ambitions en termes de développement de leur collecte à moyen terme », constatent l’Idele et l’Itab dans un tout nouveau dossier, Les filières laitières biologiques françaises. Cependant, ajoutent-ils, « les mutations de la filière charrient leur lot d’interrogations quant au modèle de système d’élevage laitier bio de demain. Parmi les principales questions soulevées, la plupart des opérateurs s’accordent à dire que le risque est désormais plutôt de manquer de lait à moyen terme, tant le marché reste tirant. Alors que les fermes non-converties se sont pour la plupart engagées dans une course aux volumes, le réservoir de fermes convertissables à l’avenir interroge certains opérateurs. »
A l’inverse, « malgré un marché dynamique et qui semble disposer d’importantes marges de manœuvre avec des segments de produits qui restent encore à explorer, cette arrivée massive de nouveaux producteurs et de litrages supplémentaires soulève son lot de questions pour la filière biologique. Le risque d’une crise de croissance existe et les opérateurs en sont conscients. Si le défi de la préservation de la valeur semble avoir été relevé avec brio au cours de la période, la vigilance reste de mise. »
« Pour satisfaire un marché qui continue de recruter, la filière s’orientera-t-elle vers un modèle bio à deux vitesses, l’un reproduisant le schéma d’agrandissement connu en conventionnel et l’autre reposant sur des éléments « bio-différenciants » allant au-delà des standards du cahier des charges ? Le défi serait alors de veiller à maintenir un socle commun crédible et qui continue d’offrir des garanties perçues comme supérieures à celles du modèle conventionnel par les consommateurs. »
BC
A télécharger : Les filières laitières biologiques françaises (Idele/Itab, mai 2020)