Le prix du lait en route vers 330 €/1000 l

La situation de la filière laitière s’est stabilisée depuis la mi-avril. Mais le plus difficile reste à venir, laisse entendre l’Institut de l’élevage.

Les cours du beurre et de la poudre de lait ont cessé de se dégrader au cours de la 2e quinzaine d’avril, leur valorisation se maintenant aux alentours de 220 €/1000 l, a indiqué Gérard You, responsable de l’économie des filières à l’Institut de l’élevage, le 30 avril en visio-conférence. Une bonne surprise relative car un passage sous les 200 €/1000 l n’était pas exclu il y a une quinzaine de jours. En conséquence, le prix du lait à la production devrait s’établir, au 2e trimestre, entre ses niveaux de 2018 et 2019, soit 330 €/1000 l en moyenne. Dans l’immédiat, le lait est ramassé partout en France, en dépit des problèmes de débouchés rencontrés par certaines coopératives – « Sodiaal a joué le rôle de collecteur en dernier ressort dans le Massif Central ». Les éleveurs sont payés et le coût de production du lait est au plus bas actuellement, du fait de la mise à l’herbe des animaux. Une herbe d’ailleurs abondante. Les trésoreries n’ont, a priori, pas commencé à se dégrader et la filière laitière française n’apparaît « pas en péril dans l’immédiat ».

En revanche, la situation pourrait se compliquer dans les prochains mois en Europe, la production de lait apparaissant comme « nettement excédentaire par rapport à la demande solvable ». De nombreux facteurs jouent dans ce sens : la collecte est attendue en hausse de 1 % dans l’UE au 2e trimestre), les circuits de distribution sont déstabilisés par la fermeture de la restauration hors domicile, les exportations vers les pays tiers diminuent depuis le début 2020 (elles ont été divisées par deux vers le Royaume-Uni), certains transformateurs commencent à déclasser du lait bio, la consommation des ménages est menacée par la récession économique qui s’annonce (1). Faute d’un programme de réduction volontaire des livraisons dans l’UE, comme en 2016, un retour des prix au niveau de l’intervention semble probable d’ici à l’été. « Un ralentissement de la production le plus tôt possible est le bienvenu à 3 ou 6 mois. Sans quoi on se prépare des jours difficiles », prévoit en substance Gérard You.

BC

(1) L’économie de l’UE devrait se contracter de 7,5% en 2020 puis enregistrer une progression de 6% en 2021, selon les prévisions de printemps de la Commission (en anglais) diffusées le 6 mai 2020.

A télécharger :

Conjoncture lait de vache (FranceAgriMer, 11 mai 2020)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 11 mai 2020)

Conjoncture hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 4 mai 2020)

Note de conjoncture Covid-19 sur le lait de vache (FranceAgriMer, 4 mai 2020)

Les prix du lait en Europe (DG Agri, 4 mai 2020)

Les prix des produits laitiers européens (DG Agri, 6 mai 2020)

Tableau de bord européen des produits laitiers (DG Agri, 29 avril 2020)

Hausse des prix agricoles à la production en mars 2020 (Agreste, 30 avril 2020)

La crise du coronavirus en Chine pèse depuis février sur les prix agricoles (Agreste, 30 avril 2020)

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