« On marche sur la tête »

L’interdiction de retournement des prairies permanentes ne passe pas auprès de la FRSEA des Pays de la Loire.

« Fin octobre, le couperet est tombé : la région Pays de la Loire est passée en régime d’interdiction de retournement des prairies permanentes avec deux conséquences majeures : d’une part, la réimplantation d’une partie des prairies retournées et, d’autre part, la nécessité d’obtenir une autorisation avant de convertir des prairies permanentes », rappelle la FRSEA dans un communiqué du 8 décembre. « Face à l’opacité et à l’absence de réponse du ministère de l’Agriculture, la FRSEA tire la sonnette d’alarme et lance un ultimatum au ministre ! »

« Le ministère de l’Agriculture refuse toute discussion susceptible de lever l’opacité qui entoure les données utilisées pour calculer l’évolution des surfaces. Pire, le ministère nie purement et simplement une réalité : le calcul comporte des failles majeures. On marche sur la tête ! »

« De nombreux agriculteurs n’ont toujours pas touché leurs aides Pac 2023 parce que l’administration est incapable d’instruire leurs dossiers en temps et en heures. Pourtant, le ministère calcule un ratio (en l’occurrence – 5,33 % entre 2018 et 2023 dans les Pays de la Loire, ndlr). On marche sur la tête ! »

« Le changement des règles de déclaration Pac conduit à ce qu’une partie des prairies ne soient plus déclarées alors qu’elles sont maintenues sur notre territoire. Conséquence : une partie de la dégradation du ratio est purement artificielle. On marche sur la tête ! »

« Toutes ces failles conduisent à demander à des agriculteurs de réimplanter des prairies qui n’ont jamais été retournées. On marche sur la tête ! »

« Les règles de gestion des prairies sont totalement déconnectées des réalités agronomiques de notre territoire », poursuit la FRSEA. « Notre région a une longue tradition de culture de l’herbe, en intégrant les prairies dans des rotations longues atteignant parfois plus de 10 ans. Malheureusement, les règles de la Pac les contraignent à retourner des prairies productives avant qu’elles n’atteignent 5 ans sous peine de les voir sanctuarisées. On marche sur la tête ! »

« Dans le document de planification écologique publié par le Gouvernement, il est mentionné une projection de baisse de 12 % du cheptel bovin d’ici 2030. Et dans le même temps, on exige des agriculteurs qu’ils maintiennent des prairies. Mais des prairies pour produire quoi ? On marche sur la tête ! »

Ultimatum au 11 décembre

« Les prairies sont une des richesses de notre région. Mais leur maintien est directement lié au maintien de nos élevages. Elles contribuent à l’autonomie alimentaire et à la performance des élevages et elles sont un puits de carbone de tout premier plan. Les éleveurs sont d’ailleurs pleinement engagés sur cette question du carbone. Pour preuve, plus de 2 000 élevages bovins sont engagés dans une démarche bas carbone, grâce au soutien du Conseil régional. »

« L’annonce de la dégradation du ratio est un véritable coup de massue pour les agriculteurs ligériens », estime Dominique Rousseau, président de la FRSEA Pays de la Loire. « C’est une des conséquences directes de l’érosion de l’élevage pour diverses raisons : rentabilité, discours anti-élevage, normes toujours plus contraignantes, choix politiques défavorables à l’élevage de plaine… Plus de 2 500 agriculteurs ligériens sont dans l’incompréhension la plus totale. La situation est grave et l’attitude du ministère de l’agriculture inadmissible. Le ministre a annoncé se saisir du dossier. Mais rien n’a bougé. Nous appelons le ministre à revoir sa copie en urgence et à remettre les pieds sur terre. Si nous n’obtenons pas d’avancées d’ici lundi 11 décembre, nous passerons à l’action. »

BC

Lisez également

Pascal Brun nouveau président du Cniel

Le 4 juillet 2024, Pascal Le Brun, producteur de lait dans le Calvados, a été désigné président du Cniel.