Oligo-éléments : pourquoi et comment supplémenter les bovins ?

Praticien en Mayenne, le Docteur Crenn rappelle l’importance de veiller à une supplémentation des vaches en oligo-éléments.

POURQUOI SUPPLÉMENTER LES ANIMAUX ?

« Il faut distinguer la minéralisation du quotidien (où l’éleveur vérifie les apports quotidiens en phosphore, calcium et magnésium NDLR) de la supplémentation. Cette dernière concerne principalement les oligo-éléments Cu, Se, Zn et Mg. Cet apport sous forme de cure aide les vaches modernes à supporter les périodes de stress. Même si elle respecte les préconisations, la minéralisation du quotidien n’est pas toujours suffisante. Ces oligo-éléments jouent un rôle essentiel pour réduire les effets du stress oxydatif en période de péripartum. Pour anticiper d’éventuelles carences, je préconise aux éleveurs de bien vérifier le statut en oligo-éléments et vitamines de leurs vaches à travers des prises de sang. Les analyses de laboratoire sont individuelles pour les oligo-éléments. Concernant les vitamines, les techniciens analysent des lots d’échantillons. L’idéal s’avère d’effectuer des prises de sang sur 5 animaux pour vérifier si un cheptel traverse d’éventuels déficits. C’est lié à de nombreux facteurs : la nature du sol, la qualité des fourrages et la minéralisation du troupeau. Dernièrement, j’ai été confronté à un élevage où les analyses sanguines ressortaient avec une carence totale en cuivre et sélénium ! Il fallait y voir les résultantes d’une conduite culturale. Le sol s’était appauvri en oligo-éléments, ce qui s’est retrouvé dans les fourrages puis les vaches… Dès lors, la minéralisation de base ne suffit pas. Pour l’anecdote, les éleveurs n’épandent plus de scories sur les sols, qui avaient le mérite de les enrichir en sélénium. Heureusement, nous avons des solutions pour pallier ces manques ».

COMMENT LES SUPPLÉMENTER ?

« L’éleveur peut choisir parmi trois voies pour supplémenter les vaches et réaliser des boosts en oligo-éléments. Ainsi, il peut apporter des granulés, distribuer des bolus ou alors miser sur des produits injectables. Les granulés sont une option intéressante dès lors qu’il s’agit de produits très concentrés. Ce type de cure coûte environ 6 € / vache. Côté inconvénient, il peut être difficile de bien s’assurer du niveau d’ingestion. Pour les animaux en pâture, il ne faut pas oublier d’installer une mangeoire spécifique ; ce qui est rarement le cas. De son côté, le bolus, alternative technique très franco-française, permet en théorie de mieux sécuriser les apports, son coût se situe autour de 9 € / vache. Reste que son délitement dans le rumen reste peu vérifiable. L’éleveur doit également posséder de bonnes installations de contention pour les poser correctement. Dans les grands troupeaux, leur pose est particulièrement chronophage. Les injectables ont le mérite d’être facile à mettre en œuvre et pour un coût de 5,50 €. En ce qui concerne, le MultiMin, j’ai étudié les taux d’absorption des oligo-éléments sur des études scientifiques australiennes ou néo-zélandaises, qui se révèlent bonnes. Ce produit est largement diffusé dans les pays anglo-saxons et les échos sont très positifs. En France, son développement sera conditionné à sa prescription par les vétérinaires puisque le MultiMin est soumis à AMM (1). Seul bémol, cet injectable ne contient pas de vitamines. La vitamine E peut être apportée dans le minéral de base, la vitamine A ne pose pas trop de problèmes s’il s’agit de traiter une vache allaitante ou si l’alimentation comprend du foin ou de l’enrubannage. Le niveau d’iode doit être surveillé. L’ injection de MultiMin doit intervenir au moins quatre semaines avant la mise bas ».

Erwan Le Duc

  1. Autorisation de mise en marché

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