Rebond des revenus laitiers en 2021

Le revenu des éleveurs de bovins s’est amélioré en 2021, davantage en production laitière qu’en élevage allaitant.

L’Observatoire de l’endettement et des trésoreries, tenu à jour par l’Institut de l’élevage (Idele) en partenariat avec cinq centres de gestion (1), analyse la comptabilité de 425 exploitations bovins lait et 568 élevages bovins viande situés dans quatre bassins de production (Grand Ouest, Cantal, Saône-et-Loire, Dordogne) représentatifs des principaux systèmes d’exploitation. Les résultats 2021, rendus publics le 19 octobre, mettent en évidence des revenus en augmentation mais des situations financières souvent fragiles.

Lait : 21 000 €/UTH

« La production laitière des exploitations de l’échantillon était constatée en hausse sur l’année 2021. De plus, le prix du lait, qui était sur une tendance de baisse en 2020, a connu une augmentation progressive sur l’année 2021. Ainsi, à la faveur de ces deux effets cumulés, le produit brut s’est amélioré sur les trois zones de l’échantillon 2021. Par ailleurs, malgré la hausse des charges (alimentaires et énergétiques notamment) dans les exploitations, l’EBE (2) a connu, partout, une amélioration. L’évolution des annuités était contrastée : en hausse dans le Grand-Ouest et stables en Dordogne et en Montagne (Cantal, NdlR). »

« Cependant, le revenu disponible a été constaté en hausse marquée partout (+23% à + 55% selon les bassins étudiés, NdlR). Il s’est établi en moyenne (toutes zones) à environ 21 000 € annuels par UTH (unité de travail humain) familiale. Les prélèvements privés ont été stables (environ 18 000 € annuels par UTH familiale). Aussi, les élevages des échantillons de Dordogne et de Montagne dégagent une marge de sécurité, mais ce n’est pas le cas dans le Grand-Ouest. »

« Les investissements ont été contrastés : en baisse dans le Grand-Ouest, stables en Montagne et en hausse en Dordogne ; et ont été dans toutes les zones largement financés par des emprunts, avec même dans le Grand-Ouest le retour du refinancement. La trésorerie nette globale moyenne s’est améliorée, et les dettes court-terme des exploitations laitières sont restées élevées. Les écarts sont restés importants, et la part des exploitations en situation critique haute : le groupe TNG nég (3) comptait 33% des élevages suivis en France. Si toutes les zones étaient concernées avec au moins un quart des élevages dans ce groupe, la proportion a atteint 49% dans le Grand-Ouest ! Les élevages de ce groupe seront sans doute gravement impactés par la hausse des charges généralisée qui s’est poursuivie en 2022 », souligne l’Idele.

Allaitant : 15 800 €/UTH

« Le produit brut des élevages de l’échantillon était en hausse en 2021 par rapport à l’année précédente. Aussi, alors que les charges ont également augmenté (en particulier les charges de structure), l’EBE a tout de même connu une hausse, mais de façon moindre. Dans le même temps, les annuités ont légèrement augmenté et le revenu disponible a connu une légère amélioration (+1% à + 7% selon les bassins étudiés, NdlR). Quelle que soit la zone, il demeurait insuffisant, atteignant 15 800 € annuels par UTH familiale (en moyenne toutes zones). Les prélèvements privés restaient plus que restreints (14 500 €/UTH en moyenne), sans que cela ne permette de dégager de marge de sécurité suffisante. Dans l’échantillon, les investissements ont été contrastés : en hausse dans le bassin allaitant (Saône-et-Loire, NdlR), et en baisse dans le Grand-Ouest et en Montagne. »

« Par ailleurs, la part des exploitations endettées à long et moyen terme et avec une trésorerie négative (groupe TNG nég) représentait toujours autour de 15% des élevages suivis, avec une proportion plus importante dans le Grand-Ouest (29%). Leur situation financière restait sévèrement impactée : leurs dettes court-terme étant plus de 2,5 fois supérieures à la moyenne (toutes exploitations). Pour ces exploitations en difficultés, encore plus que pour les autres, les impacts des sécheresses de 2018, 2019, et 2020 cumulées entraînent toujours des conséquences techniques, économiques et financières, malgré la récolte fourragère quantitative de 2021. De plus, pour tous les élevages, la hausse globale des charges (matières premières alimentaires, énergétiques, mécaniques…), initiée début 2021 et poursuivie tout 2022, ne sera pas sans conséquence sur les trésoreries ! », avertit l’Idele.

BC

(1) AS BFC, Cerfrance Alliance Massif Central, Cerfrance Dordogne, COGEDIS, GIE Entr’AS.

(2) Excédent brut d’exploitation

(3) TNG nég : annuités/EBE > 40% ou dettes totales/actif > 40% ; et trésorerie nette globale négative.

A voir : Vidéo mensuelle de conjoncture laitière (Benoît Rouyer, Cniel, 25 oct. 2022)

A télécharger :

Les revenus agricoles en Europe en 2020 (ministère de l’agriculture, novembre 2022)

Tableau de bord européen des produits laitiers (DG Agri, 9 nov. 2022)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 4 nov. 2022)

Résultats 2021 des réseaux d’élevage Inosys (Chambres d’agriculture, 28 oct. 2022)

Note de conjoncture mensuelle lait de vache (FranceAgriMer, 28 oct. 2022)

Note de conjoncture mensuelle viandes rouges (FranceAgriMer, 28 oct. 2022)

Conjoncture laitière au 26 octobre 2022 (Cniel, 27 octobre 2022)

Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 27 oct. 2022)

Hausse des abattages de génisses en septembre (ministère de l’agriculture, 27 oct. 2022)

Collecte en hausse de 1 % en semaine 41 (FranceAgriMer, 25 oct. 2022)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 21 oct. 2022)

Indicateurs mensuels du Cniel (21 oct. 2022)

Baisse du revenu agricole en 2020 (Insee, 18 octobre 2022, page 3)

 

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