Moins de vaches réformées en 2019

L’Institut de l’élevage prévoit un repli de 3% de la production française de viande bovine en 2019 : -4% pour les gros bovins, -1% pour les veaux de boucherie. Les réformes de vaches laitières (-6%) ralentiraient davantage que celles de vaches allaitantes (-3,5%).

« Après une année 2018 marquée par la sécheresse et un marché particulièrement encombré, nous prévoyons un repli significatif de la production française de viande bovine en 2019 (-3% par rapport à 2017 », indique l’Institut de l’élevage (Idele) dans un communiqué du 24 janvier. « Toutes les catégories de bovins y participeront, en particulier les femelles dont les sorties en très net recul expliqueront les deux tiers de la baisse totale. Les importations, reparties à la hausse en 2018 après quatre années de recul, pourraient à nouveau progresser en 2019 pour combler partiellement la baisse de la production de réformes laitières. Les exportations de viande seront limitées par les faibles volumes de viande de jeunes bovins (JB) produite en France. Après le rebond enregistré en 2018 (+2%), la consommation française par bilan se réajusterait à la baisse (-2%). »

La production nette contrôlée de bovins finis totaliserait 1,421 million de tonnes équivalent carcasse (téc) en 2019 (-3% par rapport à 2018). Les tonnages de femelles baisseraient de 30 000 téc, ceux de mâles non castrés de 13 000 téc, ceux de bœufs de 3 000 téc et ceux de veaux de boucherie de 2 000 téc. A l’inverse, les exportations de broutards, contraintes par le recul de l’offre en 2018 lié à la baisse des naissances en 2017, repartiraient à la hausse en 2019 (+32 000 têtes).

Poursuite de la décapitalisation laitière et allaitante

Selon l’Idele, « les abattages de femelles, laitières comme allaitantes, enregistreront un fort repli (-4%) après une offre 2018 particulièrement fournie. Ils reviendraient à un niveau proche de la moyenne triennale 2015-2016-2017. La décapitalisation du cheptel de vaches allaitantes, entamée en 2017, devrait se poursuivre en 2019 au même rythme qu’en 2018. Les génisses de renouvellement sont toutefois beaucoup moins nombreuses qu’il y a un an, ce qui conduira à un ralentissement des réformes allaitantes (-3,5%). Les génisses de boucherie devraient être, elles aussi, un peu moins nombreuses (-1%) après le pic enregistré en 2018. Les poids de carcasses devraient rester globalement stables. »

« Le cheptel de vaches laitières devrait poursuivre sa baisse tendancielle courant 2019 malgré la probable amélioration de la conjoncture laitière. Toutefois, comme dans le cheptel allaitant, les génisses de renouvellement prêtes à entrer en production en 2019 sont peu nombreuses (-5%, ou -63 000 têtes). Les réformes de vaches laitières devraient donc reculer très significativement (-6%/2018). Ce fort recul arrivera après plusieurs années d’abattages à des niveaux très élevés, le secteur laitier ayant été confronté à une profonde et longue crise en 2015 et 2016 et à la sécheresse en 2018. Les abattages de vaches laitières en 2019 reviendraient finalement à leur niveau annuel de 2014. »

Rebond des exportations de broutards

« Après une année 2018 marquée par un fort repli de l’offre, les exportations de broutards devraient rebondir en 2019. La chute des naissances allaitantes à partir de juin 2017 a conduit à un net recul de l’offre de broutards en 2018, et donc à une forte baisse des flux à l’export (-4%). Le retour à la normale du taux des naissances en 2018, et notamment au second semestre (malgré l’érosion continue du cheptel de mères), permet d’envisager une hausse de l’offre de bovins maigres à exporter. La demande des engraisseurs français pourrait rester en retrait par rapport à la demande à l’export qui restera dynamique, en particulier vers les ateliers d’engraissement espagnols. Le marché transalpin sera demandeur lui aussi : la réduction des disponibilités en veaux partout en Europe et la reprise de la consommation italienne devraient doper la demande pour les bovins maigres français. »

Nouvelle baisse des sorties de taurillons et de bœufs

La production française de taurillons baisserait d’environ 3% en 2019, selon l’Idele. « Un nouveau recul significatif est prévu pour les jeunes bovins laitiers. En effet, les mises en place de veaux pour l’engraissement en JB ne cessent de diminuer. Les sorties de jeunes bovins de type viande diminueraient également, quoique moins fortement. Les poids de carcasse devraient se replier significativement après un second semestre 2018 marqué par l’engorgement du marché, provoquant des retards de sorties et un fort alourdissement des animaux. Les exportations de JB vivants continueront leur baisse structurelle liée à la modernisation des circuits commerciaux en Italie du Sud et à la concurrence des bovins espagnols sur les marchés méditerranéens tiers. »

« Après une chute de 9% en 2018, la production de bœufs se réduira à nouveau en 2019. Les effectifs de mâles laitiers et croisés âgés de 24 à 36 mois accusaient en effet un recul de 5% par rapport à 2017 au 1er décembre 2018 en BDNI (1). La baisse des sorties devrait donc être de cet ordre de grandeur. »

Recul tendanciel de la production de veaux de boucherie

En 2019, « les abattages de veaux de boucherie reprendront leur baisse (-1%) après le léger rebond de 2018 (+1%). Le recul des effectifs abattus (prévu à -1,2% par rapport à 2018) sera partiellement compensé par une hausse des poids de carcasse (+0,5%), renouant avec la tendance observée sur le long terme. Le rebond des abattages en 2018 était dû à la reprise, par un groupe belge, d’un abattoir du Nord-Est de la France et au démarrage d’un flux de veaux finis en provenance de Belgique. Alors même que la production de veaux engraissés en France était en baisse de 2% en têtes. »

BC

(1) BDNI : Base de données nationale de l’identification

A lire également :

La production de viande bovine repart en arrière (5 février 2019)

A télécharger :

En novembre 2018, repli de la production de bovins (ministère de l’agriculture, 25 janvier 2019)

Bilan 2018 et perspectives 2019 des produits carnés et laitiers (FranceAgriMer, février 2019)

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