Didier Guillaume, ministre de l’agriculture, a annoncé, les 21, 22 et 23 juillet, une série de mesures en faveur des éleveurs touchés par la sécheresse. Les syndicats attendent davantage.
Didier Guillaume était en déplacement lundi 22 juillet dans le Loir-et-Cher. Dans le cadre de la visite de l’EARL Chevenelles à Controis-en-Sologne, il a rencontré des agriculteurs impactés par la sécheresse et a présenté un « plan de mobilisation générale » confirmant les
mesures annoncées la veille dans le journal Le Parisien, indique le ministère dans un communiqué.
« Nous devons aider les agriculteurs en difficulté à passer ce cap difficile, notamment ceux qui ont du mal à nourrir leurs bêtes ou utilisent déjà les stocks de foin qui devaient être gardés pour cet automne et cet hiver », a déclaré le ministre. Didier Guillaume a notamment annoncé que
neuf départements supplémentaires auront la possibilité de pâturer ou de faucher les jachères « pour cas de force majeure : le Cantal, les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes, le Loiret, le Loir-et-Cher, la Haute-Savoie, le Jura, la Nièvre et le Haut-Rhin ». Ils viennent s’ajouter aux
24 départements dans lesquels cette procédure a déjà été mise en œuvre depuis le 1er juillet 2019. De son côté, la FNSEA demande que ce zonage « soit élargi à tous les départements touchés. Il faut également ouvrir la dérogation aux exploitations de grandes cultures, détentrices de jachères, afin qu’elles puissent mettre à disposition leurs surfaces auprès des éleveurs », ajoute le syndicat dans un communiqué du 22 juillet. Pour sa part, la Coordination rurale (CR) estime que cette dérogation arrive « bien trop tard. En outre, elle devrait concerner tous les départements pour permettre une plus grande disponibilité. Comme l’an dernier, le prix des fourrages va s’envoler, même si le ministre demande de limiter les incorporations de paille dans les méthaniseurs », fait valoir la CR dans un communiqué du 29 juillet.
Appel à la « solidarité entre agriculteurs »
En ce qui concerne les aides financières, le ministre a annoncé « l’augmentation de l’avance de trésorerie des aides de la PAC afin d’aider les agriculteurs à acheter de la paille pour nourrir leurs animaux, soit 1 milliard d’euros de plus dès le 16 octobre 2019 » (1). Un délai encore trop long, juge le Modef qui « demande que les avances d’aides PAC soient versées au 16 août 2019 et non au 16 octobre 2019 car les éleveurs ont besoin de trésorerie pour acheter du foin et de la paille. Malheureusement, la paille est utilisée à d’autres fins que l’élevage, notamment comme combustible dans la méthanisation », déplore le syndicat dans un communiqué du 23 juillet. Le Modef réclame « une interdiction du broyage de paille et de maïs dans tout le territoire français. »
Didier Guillaume souhaite par ailleurs que « les agriculteurs fassent preuve de solidarité entre eux et que des flux entre départements disposant de fourrages et ceux en pénurie ou guettés par la pénurie se mettent en place. Le réseau des chambres d’agriculture sera sollicité pour identifier les ressources et organiser ces flux », précise-t-il dans un communiqué du 23 juillet. Comme pour la sécheresse 2018, « le dispositif des calamités agricoles sera sollicité dès le bilan de la sécheresse 2019 connu. En outre, le ministre souhaite organiser une consultation élargie sur les voies d’amélioration des outils de gestion des risques en agriculture, avec pour objectif la généralisation de la couverture des agriculteurs face aux risques climatiques. » La Confédération paysanne y voit un « projet de colonisation du monde paysan par les assureurs privés ». Dans un communiqué du 24 juillet, le syndicat demande au contraire « la mise en place d’un système mutualiste et solidaire de gestion des risques. Il doit être géré par les paysannes et les paysans, et abondé par l’ensemble de la filière et par les pouvoirs publics, afin d’indemniser rapidement et équitablement les paysan.ne.s touché.e.s par les événements climatiques. »
Restrictions au transport des animaux vivants
Didier Guillaume a décidé, par
arrêté publié le 23 juillet au Journal officiel, de suspendre les transports routiers d’animaux vivants en période de canicule aux heures les plus chaudes de la journée. Ainsi, « dans les départements français placés en vigilance orange ou en vigilance rouge par Météo-France en raison d’un risque de canicule, les transports routiers d’animaux vertébrés terrestres vivants réalisés entièrement sur le territoire national (lieux de départ et de destination finale situés en France), dans le cadre d’une activité économique, sont interdits de 13 heures à 18 heures. L’organisation d’un transport donné devra être basée sur la dernière carte météo publiée la veille », précise un communiqué du ministère de l’agriculture.
« Cette vigilance orange et rouge concerne à ce jour une grande moitié sud du pays (à l’exception de la côte méditerranéenne) ainsi que le Centre, jusqu’à l’Ile-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté. Cette suspension ne s’applique pas aux véhicules équipés de dispositifs de régulation de température (climatisation, etc.) ainsi qu’aux transports de trois animaux ou moins. Des dérogations sont également prévues en cas de transport rendu nécessaire pour des raisons vétérinaires ou de protection animale. Pour les transports de longue durée, de plus de 8 heures, Didier Guillaume rappelle que seuls les transports garantissant des conditions de températures inférieures à 30°C sont autorisés. Les contrôles du respect de ces dispositions sont renforcés. »
BC
(1) La Commission européenne a annoncé, le 25 juillet, que les agriculteurs victimes de la sécheresse en 2019 « pourront recevoir des avances plus élevées. Jusqu’à 70% de leurs paiements directs et 85% des paiements en lien avec le développement rural seront disponibles dès la mi-octobre pour redresser leur trésorerie ». Par ailleurs, « des dérogations à certaines exigences en matière de verdissement seront permises. Ces dernières s’appliqueront à la diversification des cultures et aux règles sur les surfaces d’intérêt écologique en ce qui concerne les terres mises en jachère. L’adoption d’autres types de dérogations au verdissement pourra également être envisagée, permettant aux agriculteurs une plus grande souplesse en ce qui concerne la production fourragère », précise un communiqué.