Les exploitations agricoles sont « peu intensives en travail » mais plus exigeantes en capital que les autres petites entreprises indépendantes.
« Le revenu brut d’un exploitant agricole est en moyenne plus élevé que celui d’un autre travailleur indépendant sur le champ des entreprises individuelles ou unipersonnelles de moins de 20 salariés », indique le ministère de l’agriculture dans une étude comparative. « S’élevant en moyenne à 41 550 € (en 2018), il est comparable à celui des boulangers ou des charcutiers et supérieur à celui des restaurateurs (29 040 €) ou des dirigeants de petites entreprises industrielles (33 170 €). »
« La part des charges d’amortissement non déduites de l’excédent brut d’exploitation (EBE), très élevée en agriculture, explique en grande partie cette situation. Avec une combinaison productive bien plus intense en capital qu’en travail, le secteur agricole nécessite en effet des coûts d’entrée à l’installation, d’entretien et de renouvellement du matériel importants (…) En moyenne, en agriculture, il est nécessaire d’investir 2,83 fois plus de capital et dépenser 3,25 fois moins en charges de personnel que dans l’ensemble des autres secteurs. »
Plus de hauts revenus et moins de bas revenus en agriculture
« Au regard du niveau d’investissement nécessaire, les dettes des exploitants agricoles comptent parmi les plus élevées, l’agriculture s’envisageant naturellement à plus long terme que d’autres activités indépendantes. Les disparités de revenus bruts des entreprises individuelles sont davantage marquées en agriculture, tirées par les hauts revenus. Les faibles revenus sont moins fréquents que chez les autres indépendants. En particulier, les subventions octroyées au secteur agricole participent à la réduction de ces écarts et au maintien d’activités difficilement viables sans aides », note encore le ministère de l’agriculture.
« Ce que cache cette réalité » (FNSEA)
« C’est le principal enseignement retenu de la dernière enquête Agreste (service statistique du ministère de l’Agriculture) ; en 2018, les exploitants agricoles auraient dégagé un revenu brut de 41 550 € en moyenne (35% supérieur) contre 30 700 € pour les autres indépendants (métiers de bouche, restauration, artisanat industriel etc.). Cette statistique reste néanmoins à nuancer fortement pour de multiples facteurs », estime la FNSEA dans son Fil agricole du 21 janvier 2022. « En effet, les écarts de revenu brut agricole inter-filières (élevage, viticulture) des agriculteurs sont plus importants que les écarts de revenu brut de l’ensemble des indépendants. Aussi, sans subventions agricoles, le revenu brut moyen des agriculteurs serait 1,5 fois inférieur à la moyenne des autres secteurs d’activités. Il serait même le plus faible d’entre eux. »
« Ces chiffres masquent en réalité une répartition très différente de la valeur ajoutée créée par les entreprises individuelles. Les exploitants agricoles ont un revenu brut plus élevé malgré un chiffre d’affaires plus faible. Leurs charges salariales (18 % hors prélèvements privés) sont aussi proportionnellement moins élevées (57 % dans les autres secteurs). Alors que les charges d’amortissements et de provisions amputent de 53 % leurs revenus bruts contre 22 % pour les autres indépendants. En fait, l’agriculture est le secteur d’activité le plus intensif en capital. Pour produire 10 000 € de valeur ajoutée agricole annuelle, l’exploitant a besoin de 55 640 € d’actif, là où il ne faut que 13 650 € pour un charcutier ou un boulanger. En conséquence, les exploitations agricoles sont plus endettées (138 020 € de dettes en 2018) que l’ensemble des structures individuelles (moyenne de 97 260 €). Pour autant, les agriculteurs sont de bons gestionnaires avec un taux d’endettement n’excédant pas 47 % du passif contre 56 % de l’ensemble des indépendants », fait encore valoir la FNSEA.
BC
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