Les éleveurs parlent de leur travail

L’astreinte et la charge mentale sont les difficultés majeures rencontrées par les éleveurs de ruminants, excepté en ovin viande où la pénibilité physique et les pics de travail dominent.

Les Fédérations nationales des producteurs de lait (FNPL), bovine (FNB), ovine (FNO) et caprine (FNEC) ont réalisé, durant l’été 2020, une enquête (1) sur les conditions de travail et les difficultés de recrutement dans les filières de ruminants. Quand on demande aux éleveurs ce qui les soucie le plus au quotidien, l’astreinte arrive en tête dans les trois filières laitières : 35% de réponses en bovin lait, 28% en caprin, 38% en ovin lait. Dans les filières viande, ce sont la charge mentale (31% en bovin viande) ou la pénibilité physique (27% en ovin viande) qui dominent. En productions laitières, la charge mentale constitue la deuxième préoccupation (21% ou 22% de réponses dans les trois filières). Dans les filières viande, ce sont l’astreinte (24% en bovin) ou les pics de travail (20% en ovin).

Pénibilité : des solutions, parfois

Si la plupart des tâches effectuées sur la ferme sont plus souvent jugées « peu pénibles » que « pénibles » ou « fortement pénibles », il en est trois qui attirent l’attention des auteurs de l’étude : « la gestion des mise-bas est une des tâches les plus pénibles mais saisonnière, elle n’est pourtant pas délégable. Dans les autres tâches évaluées comme pénibles, on retrouve le soin du troupeau mais aussi le curage. Cette dernière tâche est intéressante car elle n’est pas quotidienne (contrairement au soin du troupeau) et est même délégable à un tiers (entreprise de travaux agricoles). Ainsi, selon la fréquence et la délégabilité des tâches, des solutions de type robotique (pour l’alimentation, la traite) ou le recours à un tiers peuvent exister », remarque l’étude.

Entre 40% (bovin lait) et 54 % (bovin viande) des éleveurs de ruminants enquêtés prennent au plus 7 jours de congés dans l’année. Pour 17% (caprin) à 28 % (bovin viande) d’entre eux, le temps de repos atteint 8 à 14 jours. Vu autrement, plus de la moitié des éleveurs de ruminants prennent au plus deux semaines de congés par an. L’étude note « qu’en-dessous de 20 jours de congés par an, en majorité cela ne convient pas (pourcentage de « non » supérieur au pourcentage de « oui »). La barre des 20 jours de congés pourrait être un premier indicateur , sur cette base, seulement 9 à 19% des répondants selon les filières l’atteignent… »

Manque de candidats ou de compétences

Pour évaluer les difficultés de recrutement en élevage de ruminants, l’étude s’est tournée vers les 257 répondants ayant réussi ou tenté d’embaucher depuis 2015. S’ils recherchent majoritairement des salariés pour l’exploitation (81% en bovin lait), ce peut être aussi pour un service de remplacement (23% en ovin viande) ou pour un groupement d’employeurs (33% en bovin viande). Les pleins temps représentent une petite majorité des emplois proposés (entre 45% en bovin viande et 58% en ovin lait).

A-t-il été aisé de recruter ? « La plus grande difficulté est globalement la compétence du candidat (jugée du point de vue du recruteur). De manière assez surprenante vient ensuite l’absence de candidat, puis l’incompatibilité du profil ou des horaires. Dans l’ensemble, le salaire ou encore l’absence d’emploi pour le conjoint ne sont pas problématiques. Il faut tout de même souligner qu’en moyenne 15% ne rencontrent pas de difficulté, ce qui est particulièrement le cas de la filière bovin viande (est-ce parce qu’elle recherche peu de candidats pour l’exploitation ?). Ces quelques données permettent tout de même de cibler des difficultés différentes et très intéressantes par filière :

– en bovin lait : l’absence de candidat qui peut s’expliquer par des installations de génération en génération

– en caprin : l’éloignement géographique des exploitations et l’incompatibilité horaire du fait de l’atelier fromager

– en ovin lait : les difficultés sont réparties sur les différentes problématiques sans spécificités

– en ovin viande : les compétences et l’incompatibilité des profils se combinent avec l’absence de candidat. »

BC

(1) Enquête en ligne auprès de 546 éleveurs/éleveuses de ruminants réalisée du 20 juillet au 20 septembre 2020 : 70% sont des hommes, et plus de la moitié ont entre 36 et 54 ans. Ils sont installés à part égale depuis moins de 10 ans, 10 à 25 ans ou plus de 25 ans sur leur ferme.

Lisez également

Les charges baissent moins vite

En septembre 2024,  selon Agreste, le prix d'achat des intrants agricoles continue de baisser, avec une diminution de 0,6 % par rapport au mois précédent (après une baisse de 0,9 % en août 2024).