Les dangers sanitaires liés aux fourrages

L’ensilage, l’enrubannage ou le tourteau de soja représentent des aliments à risque d’un point de vue microbien, rappelle l’Anses.  

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de publier un avis relatif aux Dangers microbiens liés aux matières premières végétales utilisées en alimentation animale. Ce document de 244 pages les passe en revue, observant en particulier que « les triades danger/matrice/filière impliquant des fourrages verts (ensilage, enrubannage) arrivent fréquemment en tête de classement, alors que ces matrices sont peu prises en compte dans les plans de surveillance (PS) et de contrôle (PC). »

Listeria monocytogenes apparaît comme « l’un des dangers microbiens les plus importants en alimentation des animaux (rang élevé quel que soit le mode de pondération appliqué). Ce danger microbien est particulièrement associé aux fourrages ensilés ou enrubannés destinés à l’alimentation des ruminants. Pour ces triades, le risque est d’autant plus élevé que la technique d’ensilage ou d’enrubannage n’a pas été correctement réalisée. Ce positionnement résulte du fait que L. monocytogenes représente un danger non seulement en termes de santé publique, mais également de santé animale. Les voies d’introduction de ce danger microbien dans la matrice se situent principalement lors des opérations de récolte des fourrages (introduction de terre et de petits rongeurs contaminés par exemple). La conservation des aliments, pendant plusieurs mois, dans de mauvaises conditions de stockage (défaut d’acidification et d’anaérobiose) permet la survie et la multiplication de cet agent pathogène. L’importance de ce danger microbien ressort également dans les matières premières non traitées (céréales, tourteaux, etc.) utilisées pour l’alimentation des ruminants. »

Salmonella spp. (plusieurs espèces) « se révèle être également un danger microbien à considérer. Cet agent pathogène est associé dans différentes triades arrivant en début de classement, non seulement dans les filières avicoles, mais également porcines et de ruminants. Ce danger microbien représente un risque reconnu pour la santé publique et pour la santé des animaux, en particulier en filière bovine. Il apparaît également comme un danger pour l’environnement (…) Les voies d’introduction de ce danger microbien sont principalement les matières premières contaminées en amont et qui ne subissent aucun traitement de décontamination avant leur distribution, en l’état, aux animaux. Certaines de ces matières premières reconnues à risque (tourteau de soja) peuvent ainsi être la voie d’introduction de ce danger microbien dans la chaîne alimentaire. » La granulation (passage dans une presse) des tourteaux ne constitue pas une assurance tous risques dans la mesure où les barèmes temps/température appliqués dans les usines d’aliment du bétail « n’ont pas pour objectif premier de détruire les microorganismes pathogènes et plus particulièrement Salmonella spp. », rappelle l’Anses. « Mais ce procédé peut toutefois avoir un effet sur la diminution de la charge en salmonelles, notamment si les paramètres de temps et de température sont adaptés à cet objectif et sont maîtrisés. »

Les Escherichia coli productrices de shigatoxines (STEC) « représentent un risque principalement en élevage de ruminants. Le pâturage, contaminé par les matières fécales des animaux et les épandages non maîtrisés, constitue l’une des principales voies de contamination des animaux via l’alimentation. La contamination des ruminants peut entraîner la contamination ultérieure des produits qui en sont issus, et dont la consommation à l’état cru (lait et produits laitiers au lait cru, viande) ou insuffisamment cuit (viande) engendre des risques importants pour les consommateurs, notamment les jeunes enfants (…) Le contrôle du réservoir animal semble la meilleure stratégie pour limiter la dissémination des souches de STEC dans la chaîne alimentaire, mais des moyens de maîtrise efficaces ne sont pas encore clairement identifiés. Les mesures classiques d’hygiène au niveau de la ferme (propreté des locaux, gestion de la litière, propreté des trayons, nettoyage de la machine à traire, contrôle de la faune sauvage commensale et/ou libre, etc.) doivent impérativement être respectées pour limiter la contamination du lait et des animaux, et ainsi la circulation des souches bactériennes. »

Mycobacterium bovis « représente un risque principalement pour les bovins. Le risque principal de transmission de M. bovis au bétail via l’alimentation est lié aux pâturages, habitats que les animaux d’élevage partagent fréquemment avec des espèces sauvages pouvant être infectées. Ce risque pourrait donc être réduit par une meilleure gestion des sites de pâturage. Les points à surveiller sont la présence d’animaux sauvages pouvant être porteurs de M. bovis, l’épandage d’effluents d’élevage trop « frais », ainsi que le surpâturage qui peut amener les bovins à brouter au voisinage des latrines des blaireaux, ou à ingérer des quantités plus importantes de terre éventuellement contaminée. »

Mycobacterium avium paratuberculosis (MAP, paratuberculose) « touche particulièrement les troupeaux laitiers. Les fèces des animaux malades ou infectés asymptomatiques constituent la principale source d’infection. Ainsi, la contamination des aliments dans l’environnement d’élevage, liée à l’excrétion abondante des MAP et à leur persistance, participe à la transmission de la paratuberculose. La réduction du risque de transmission des MAP via l’alimentation des animaux relève donc de la prévention sanitaire au sein des élevages plutôt que de la surveillance des aliments. »

BC

A télécharger :

Dangers microbiens liés aux matières premières végétales utilisées en alimentation animale (Anses, mai 2020)

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