Les différentes familles de produits alternatifs « semblent être caractérisées par un effet de plus faible ampleur que celle des antibiotiques », estime l’Anses. Quand cet effet existe, les preuves scientifiques font défaut…
Dans un rapport publié le 27 avril 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) présente les résultats d’un travail de recensement des substances et préparations commerciales qui revendiquent, directement ou indirectement, de pouvoir limiter l’usage des antibiotiques en élevage. Les préparations les plus fréquemment citées contiennent majoritairement des plantes et leurs extraits, des huiles essentielles, des microorganismes (probiotiques), des acides organiques et/ou gras. L’évaluation de ces produits a été réalisée sur la base de la bibliographie scientifique disponible. Une bibliographie dont l’Anses constate l’« hétérogénéité », ce qui « constitue une limite pour évaluer l’innocuité et l’efficacité d’un grand nombre de ces alternatives, comme la capacité de ces alternatives à sélectionner des bactéries résistantes ».
Mammites : la piste des huiles essentielles…
Selon l’Anses, « les données aujourd’hui disponibles conduisent à considérer que les différentes familles de produits semblent être caractérisées par un effet de plus faible ampleur que celle des antibiotiques ». Un manque de recherches conduit le plus souvent à un défaut de preuves scientifiques. Le traitement des mammites chez la vache laitière en fournit une bonne illustration.
« Concernant les alternatives aux antibiotiques pour le traitement des mammites, écrit l’Anses, il existe de nombreuses publications scientifiques in vitro témoignant d’un intérêt et d’un engouement autour de cette thématique. Ces études, allant du simple criblage de molécules à propriétés inhibitrices à la caractérisation des mécanismes d’interactions sur modèles cellulaires, présentent certes un intérêt scientifique mais ne peuvent en aucun cas venir soutenir et/ou valider une potentielle efficacité clinique. Le groupe de travail ne peut que recommander la poursuite de la recherche scientifique sur ces alternatives potentielles aux antibiotiques en obtenant des preuves réelles d’efficacité clinique par des essais terrain/in vivo idéalement selon la méthode de référence établie, sur la base d’une comparaison entre un lot témoin non traité et un lot traité avec un antibiotique de référence, associée à une robustesse du protocole d’essai mis en place (puissance statistique, pertinence des variables mesurées, etc.). »
… et celle des probiotiques
Cela étant, des pistes apparaissent. Une publication concernant l’usage d’huiles essentielles pour le traitement des mammites cliniques (Kaitwas et al., 2011), « faite sur des animaux malades en comparaison avec un antibiotique (céfopérazone) », montre « un effet positif du traitement alternatif avec une amélioration de variables mesurées comparable à celle obtenue avec l’antibiotique ». De même, une publication portant sur l’usage de probiotiques dans le traitement des mammites cliniques (Klostermann et al., 2008) conclut à « un effet positif du traitement alternatif avec une amélioration de variables mesurées comparable à celle obtenue avec l’antibiotique » (amoxicilline + acide clavulanique). Cependant, dans les deux cas, ce sont les seules publications relatives à ces produits. Commentaire de l’Anses : « compte tenu du peu de données identifiées dans la bibliographie scientifique, de la variabilité des produits employés dans les essais et des résultats divergents enregistrés, il n’est pas possible de conclure, ni positivement, ni négativement, quant à un effet générique pour la famille des huiles essentielles et extraits de plantes, prise dans sa globalité, vis-à-vis des mammites cliniques de la vache laitière ». La même conclusion s’impose s’agissant des probiotiques, du traitement des mammites subcliniques, ou encore des métrites bovines (pages 76 à 83 du rapport).
BC