La nouvelle aide Pac contribue en pratique « au maintien en agriculture chimique », déplore la Fnab.
« Hier, le ministère de l’agriculture a annoncé une nouvelle baisse des montants que les agriculteurs bio vont toucher via l’aide environnementale de la Pac dite écorégime », annonce la Fnab dans un communiqué du 6 octobre. « Alors que les agriculteurs bio demandent un paiement à 145 euros par hectare et par an, reconnaissant leurs pratiques environnementales et les économies pour l’Etat qu’elles génèrent, le paiement est abaissé à 92 euros (1) au lieu des 110 € précédemment annoncés. La raison : le triste « succès » de cet écorégime, qui a été demandé par plus de 90 % des agriculteurs français, s’est félicité le ministre en juillet 2023 (…) Le ministère de l’agriculture doit faire la transparence sur les fermes et le nombre d’hectare qui ont accédé aux trois niveaux de l’écorégime et évaluer rapidement l’impact environnemental de cette aide. »
La Fnab rappelle que l’Inrae a publié en avril 2023 une analyse « révélant que la totalité des agriculteurs français allaient accéder au niveau de base du paiement de cette aide environnementale sans aucun changement de pratique et plus d’un tiers au niveau supérieur ». Et que la Cour des comptes, en 2022, avait dénoncé « une politique de soutien à l’agriculture biologique qui n’était pas à la hauteur ».
« On avait dénoncé il y a deux ans le détournement de cette aide qui devait être un revenu environnemental incitant la transition et qui finalement est une aide au maintien en agriculture chimique », explique Philippe Camburet, président de la Fnab. « Tout a un prix et ce sont les agriculteurs et agricultrices biologiques qui le payent, en dépit du bon sens. »
La bio a besoin de soutiens
« Le bio a de l’avenir, il faut qu’on lui donne les moyens de son avenir. » « Ce n’est pas la déclaration d’un militant écologiste mais celle du ministre de l’agriculture, le 21 septembre 2023 au salon Tech&Bio », rapporte la Fnab. « On aurait pu penser qu’il avait pris la mesure de la situation actuelle mais il semble que ce soit l’inverse. Alors que les céréaliers bio rejoignent leurs collègues bio dans la crise et qu’on attend toujours d’avoir accès aux mesures classiques de régulation du marché, cette nouvelle baisse a un goût amer », regrette Philippe Camburet.
« La Fnab réitère ses demandes qui sont les seules à pouvoir sauver la transition écologique en agriculture et la filière bio :
- Un écorégime bio à 145 euros par hectare ;
- La réaffectation des reliquats des 340 millions d’euros de l’aide conversion bio à la filière biologique par d’autres moyens (soutien à l’installation, soutien à l’accompagnement technique, soutien à la consommation, soutien à la recherche) ;
- L’accès aux outils de régulation de marché pour les filières biologiques : financement du stockage, financement du déclassement, financement de la réduction volontaire de production. »
BC
(1) Un arrêté du 3 octobre 2023 dispose que « le montant unitaire du niveau spécifique à l’agriculture biologique de l’écorégime est fixé à 92,05 €/ha » (45,46 €/ha pour le niveau de base, 62,05 €/ha pour le niveau supérieur).
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Les textes de la Pac 2023 (Journal officiel)