Les Etats-Unis ont exporté quatre fois plus de soja vers l’UE en juillet 2018 que l’année précédente grâce à un positionnement prix avantageux. Un soja « évidemment OGM », dénonce la Coordination rurale.
« L’Union européenne peut importer davantage de graines de soja en provenance des États-Unis et c’est ce que nous faisons en ce moment même », déclare Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, le 1er août dans un communiqué. « Les citoyens européens comme américains sont gagnants dans une telle situation. » Phil Hogan, commissaire chargé de l’agriculture, ajoute : « L’Union européenne et les États-Unis sont des partenaires de longue date et nos relations commerciales peuvent encore être renforcées. Nous avons exprimé notre volonté d’importer davantage de graines de soja en provenance des États-Unis et c’est déjà chose faite. Les agriculteurs européens et américains ont tout à gagner à travailler ensemble. »
Dans une déclaration conjointe, le 25 juillet dernier à Washington, rappelle la Commission, les présidents Juncker et Trump « avaient convenu que, même si l’agriculture en tant que telle ne s’inscrit pas dans le cadre de la future coopération commerciale, l’UE et les États-Unis s’efforceraient d’accroître le commerce de graines de soja. » De fait, les chiffres actuels font apparaître une très forte progression des importations dans l’UE en juillet 2018 :
- par rapport à juillet 2017, les importations européennes de graines de soja en provenance des États-Unis bondissent de 283 % (360 000 t contre 94 000 t) ;
- si l’on considère l’ensemble des importations européennes de graines de soja, la part de marché des États-Unis s’élève désormais à 37 %, contre 9 % en juillet 2017 ;
- en ce qui concerne les tourteaux de soja, dont les importations en provenance des États-Unis sont traditionnellement moins importantes, la tendance est également à la hausse : 185 000 tonnes ont été importées en juillet 2018, contre seulement 5 400 t en juillet 2017 ;
- les États-Unis fournissent actuellement 13 % des tourteaux de soja importés dans l’UE, contre seulement 0,3 % en juillet 2017.
« Les prix pratiqués actuellement par les États-Unis, tant pour les graines que les tourteaux de soja, sont actuellement les plus compétitifs du marché, ce qui explique que les importateurs et les consommateurs européens considèrent ces produits comme une piste très intéressante pour l’alimentation animale », note la Commission. Son tableau de bord des importations de soja renseigne un prix actuel de 332 €/t pour le soja américain contre 358 €/t pour le soja brésilien, qui demeure néanmoins le premier fournisseur de l’UE avec 53 % de part de marché en juillet 2018 (66 % en juillet 2017).
L’UE importe environ 14 millions de tonnes (Mt) de graines de soja et environ 19 Mt de tourteau de soja chaque année pour nourrir ses animaux d’élevage, alors que la production européenne de soja ne dépasse pas 2,5 Mt.
Un soja US « évidemment OGM » (CR)
La Coordination rurale (CR) se dit « surprise par les annonces inquiétantes du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker qui dit souhaiter importer « presque immédiatement… beaucoup de soja » des États-Unis. Ce spécialiste de la finance internationale ne semble pas avoir conscience du colossal et périlleux déficit de l’Europe en protéines végétales ».
La CR souligne, dans un communiqué du 27 juillet, que l’UE est « obligée d’importer 78,6 % du soja quelle consomme. Or, au lieu de réduire, comme le bon sens le voudrait, ce déficit et d’envisager un plan protéines pour l’Europe afin de rééquilibrer les productions et sécuriser son alimentation, Jean-Claude Juncker semble fier d’annoncer des décisions unilatérales aggravant la situation car important toujours plus de soja des États-Unis qui sera évidemment OGM ».
« Le soja américain est produit à base de variétés qui subissent plusieurs pulvérisations de glyphosate en végétation, il contient un taux important de résidus de cet herbicide », explique Nicolas Jaquet, président de l’Organisation des producteurs de grains (OPG/CR). « Cette hypocrisie tue les agriculteurs en raison du différentiel de concurrence et fait porter de gros risques pour le consommateur », ajoute Maximilien Vangeon, représentant de la CR en Eure-et-Loir.
BC