Le prix du lait va baisser au printemps

La valorisation beurre-poudre vient de perdre 100 €/1000 l.

L’Institut de l’élevage (Idele) a fait un nouveau point, le 16 avril en vidéo-conférence, sur les conséquences de la crise du Covid-19 sur la filière laitière. Gérard You, responsable de l’économie des filières, a souligné que, malgré le léger repli de la collecte observé au cours de la première semaine d’avril, la France reste en « situation d’excédent », au point que « toutes les laiteries », contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays européens, appellent à une diminution des livraisons.

Le prix de la poudre de lait écrémé cotée en France a plongé de 720 €/t (-28%) en six semaines pour revenir à 1 880 €/t. Il pourrait passer sous le prix d’intervention (1 698 €/t) « avant la fin du mois ». Le beurre a perdu 900 €/t en six semaines, tombant à 2 800 €/t en semaine 15, soit 400 €/t au-dessus du prix d’intervention. Au global, la valorisation beurre-poudre, qui atteignait 320 €/t il y a un mois et demi, ne dépasse plus 220 €/t (1). Un plongeon de 100 €/t en six semaines. Comme les fabrications de beurre et de poudre représentent 25 à 30 % des débouchés du lait français, il faut s’attendre, « mécaniquement », à une baisse de valorisation de 25 à 30 €/1000 l.

Autrement dit, « on s’oriente vers une baisse du prix à la production de 20 à 30 €/1000 l au deuxième trimestre ». Comme le lait standard valait 353 €/1000 l au premier trimestre, il devrait s’afficher « entre 315 et 335 €/1000 l selon les laiteries » au printemps. De nombreuses entreprises ont commencé à afficher la couleur : Savencia, Sodiaal, Lactalis… L’Union laitière de la Meuse (ULM) « impose une réduction collective de 5% de la collecte d’avril et mai à tous ses adhérents, plus une baisse supplémentaire de 2,5% pour ceux en dépassement sur la collecte de mars de plus de 10% par rapport à 2019, et une baisse de 5% pour ceux en dépassement de plus de 20% toujours sur celle de mars (soit une baisse de -12,5% dans ce cas). La coopérative a décidé d’acheter les volumes excédentaires au prix symbolique de 1 €/1 000 litres » (2). Dans les zones de fromages AOP, des diminutions drastiques des livraisons ont été décidées : -8% dans le Jura (comté), -20% dans les Alpes (abondance, tome des Bauges, reblochon), -30% en Auvergne (Saint-Nectaire).

Les ministres demandent du stockage privé

Dans une déclaration conjointe du 17 avril, les 27 ministres de l’agriculture de l’UE demandent à la Commission européenne de :

– « faciliter la mise en œuvre des mesures prévues par le règlement relatif à l’organisation commune des marchés (OCM) de la PAC, notamment l’aide au stockage privé, afin de soutenir les secteurs où des perturbations du marché et des répercussions sur les prix ont été évaluées, ainsi que l’aide exceptionnelle aux agriculteurs dans les secteurs les plus affectés ;

– un examen et un suivi continus de tous les marchés au cours de la période à venir, pour être prêts à introduire de nouvelles mesures de l’OCM si nécessaire ;

– l’extension immédiate de nouvelles flexibilités aux États membres dans le cadre des deux piliers de la PAC, concernant notamment des dates de paiement plus rapprochées, des taux d’avance plus élevés que ceux déjà annoncés (3), l’activation de mesures spécifiques dans le cadre des programmes de développement rural, et des flexibilités dans la mise en œuvre des contrôles sur place et des contrôles administratifs, sans réduire l’efficacité du système de contrôles. »

BC

(1) La valorisation beurre-poudre s’est établie à 302,22 €/1000 l en mars 2020, montrent les indicateurs du Cniel mis en ligne le 24 avril. Elle atteignait encore 328,46 €/1000 l en février et 338,67 €/1000 l en janvier.

(2) in Tendances Lait Viandes n° 313, 17 avril 2020 (Institut de l’élevage)

(3) La Commission a annoncé, le 16 avril, un relèvement des avances sur les paiements directs (de 50% à 70%) et sur les paiements de développement rural (de 75% à 85%) en 2020. « Les agriculteurs commenceront à recevoir ces avances à partir de la mi-octobre. À titre de flexibilité supplémentaire, les États membres pourront payer les agriculteurs avant de finaliser tous les contrôles sur place. »

BC

A télécharger :

La conjoncture laitière au 23 avril (Cniel, 24 avril 2020)

Indicateurs mensuels du Cniel (24 avril 2020)

Le tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 24 avril 2020)

Le tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 17 avril 2020)

Lisez également

Le prix du lait progresse moins vite en France

En octobre, selon Bruxelles, le prix moyen du lait dans l’UE s'est établi à 51,71 €/100 kg, enregistrant une hausse par rapport à septembre (49,61 €/100 kg).