Le prix des vaches va-t-il remonter ?

FranceAgriMer prévoit un repli de 2,5% de la production de gros bovins finis en 2020, comme l’Institut de l’élevage. Mais il est plus pessimiste pour le veau de boucherie : -2,6% contre -1,5%.

FranceAgriMer a mis en ligne, au début février, son document annuel sur Les marchés des produits laitiers, carnés et avicoles qui dresse un bilan détaillé de l’année 2019 et trace des perspectives pour 2020. A commencer par les broutards : « les stocks, bien que supérieurs à ceux de 2019, devraient rester assez faibles. En effet, les naissances de veaux allaitants ont fortement diminué en 2019, conséquence de la réduction du cheptel parental. Du côté de la demande, le marché italien devrait être stable, la consommation de génisses étant importante en Italie. Mais sur le marché espagnol, si les situations en Turquie et en Libye ne s’améliorent pas, la demande en broutards français devrait rester très basse, ce qui pourrait provoquer un encombrement du marché. Le marché algérien devrait rester dynamique, si des accords sont conclus quant au gabarit des animaux exportés. »

Moins de réformes laitières

« Le cheptel se sera ajusté aux stocks de fourrages prévus pour l’hiver 2019-2020 et les réformes devraient donc arriver sur le marché de la viande de façon bien moins importante qu’en fin d’année 2019. De plus, si la conjoncture laitière reste au niveau de 2019, les abattages des vaches laitières s’amenuiseront. Cela pourrait permettre aux cours des vaches O de remonter », anticipe FranceAgriMer. « Du côté des femelles allaitantes, la question est de savoir si le phénomène de décapitalisation se poursuivra, celui-ci dépendant a priori de facteurs multiples (abattages de vaches, naissances, entrées de primipares en production, agrandissements des élevages, problèmes de reprise des exploitations…). La perte d’une grande partie du cheptel porcin chinois et extrême-oriental suite à l’épidémie de fièvre porcine pourrait entraîner une demande importante de la part de l’Asie, ce qui augmenterait le prix des vaches R. »

« Le marché du jeune bovin (JB) devrait rester stable ou diminuer en 2020. Si la demande en broutards demeure stable, les animaux seront plutôt vendus plus jeunes, défavorisant l’engraissement en France. De plus, les cycles de production plus courts en broutards sont plus avantageux pour les producteurs. Cependant, la demande en JB reste présente, tant en Europe que dans les pays tiers, où, bien qu’il y ait eu une très forte diminution entre 2017 et 2018, les exportations reprennent, avec notamment des possibilités vers l’Asie. »

Des carcasses inadaptées

« Concernant la viande bovine, les exportations devraient diminuer encore puisque la production nationale en Italie devrait être en hausse et que la Pologne pourrait reconquérir des parts de marché sur son concurrent français une fois les scandales sanitaires résolus. Cependant, cette baisse pourrait être compensée par des envois plus importants vers l’Extrême-Orient. Les importations de viande bovine devraient quant à elles rester à un niveau élevé, compte tenu du déséquilibre offre-demande en France, en ce qui concerne notamment le dimensionnement des carcasses pour la restauration hors domicile (RHD). »

« La consommation par bilan pourrait continuer de légèrement diminuer, pour plusieurs raisons. Si, après deux années consécutives de sécheresse estivale, il n’y en avait pas une troisième en 2020, la production pourrait croître et inciter les industriels à constituer des stocks. De plus, dans les années à venir, les mouvements anti-viande pourraient avoir pour conséquence une baisse de consommation française de plus en plus marquée. Enfin, l’arrivée de produits protéinés non animaux, concurrents de la viande, pourrait changer les habitudes de consommation, notamment en restauration hors domicile. »

Davantage de veaux croisés

« Une baisse des naissances de petits veaux laitiers est probable en 2020 compte tenu de la diminution structurelle du troupeau de vaches laitières, de l’ordre de -1% par an depuis 5 ans. Toutefois, la conjoncture actuellement favorable de la filière lait de vache pourrait laisser envisager une baisse moins importante des réformes laitières et donc un arrêt temporaire de la diminution des naissances. L’année 2020 démarre sur des prix qui sont dans les moyennes annuelles. En l’absence de sécheresse ou de baisse accrue de consommation dans un pays européen, la conjoncture de la filière du veau de boucherie pourrait suivre une évolution similaire à 2018, année plus classique » .

« Après la reprise de l’activité en veaux de boucherie à la fin de l’année 2019, les importations de veaux nourrissons pourraient augmenter si les prix à l’importation sont plus faibles que les prix français. Le débouché des petits veaux pourra différer selon le type racial. En effet, les veaux de mère laitière, qui sont généralement valorisés en veaux de boucherie, peuvent également devenir des broutards s’ils ont un père de type allaitant. En 2020, il pourrait y avoir un accroissement des naissances de veaux croisés qui conduirait à une augmentation du stock de broutards. »

« Les exportations de veaux nourrissons français dépendront étroitement de l’évolution de la situation vers l’Espagne, principal client de la France. Les exportations de viande vers la Chine, moins probables, ne sont pas à exclure, compte tenu du manque important de viande dans ce pays touché par la fièvre porcine africaine. »

BC

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