Le prix des terres reflue

Le marché foncier rural s’est révélé « extrêmement dynamique » en 2021, après le ralentissement imposé en 2020 par la crise sanitaire.

Traditionnellement, quand le revenu agricole s’améliore et que les taux d’intérêt sont bas, le prix du foncier s’apprécie. Or, en 2021, en dépit d’un revenu en progression de 15,4 % et d’une baisse de 1,2 % des taux d’intérêt réels (chiffres du Groupe Safer), le prix national des terres et prés libres non bâtis diminue de 2,3 % pour revenir à 5 940 €/ha. Le repli est moins marqué en polyculture-élevage (- 0,3 % à 5 910 €/ha) et dans les zones d’élevage bovin (- 1,1 % à 4 570 €/ha) qu’en grandes cultures (- 5,3 % à 7 270 €/ha). Les prix augmentent en Ile-de-France, dans le nord et l’est, sont stables sur la façade ouest, et baissent ailleurs.

Les dirigeants de la Fédération nationale des Safer, qui présentaient, le 24 mai à Paris, le panorama annuel du marché foncier rural, reconnaissent avoir été étonnés par l’érosion du prix des terres et prés l’an passé. Faute d’explication absolument convaincante, ils invoquent une offre particulièrement abondante, alimentée par les nombreux départs à la retraite, qui a porté les surfaces échangées à un niveau inédit : 467 800 ha (terres et prés libres ou loués, bâtis ou non-bâtis), soit 1,8 % de la SAU nationale – un chiffre en hausse de 15,1 % sur un an après une année 2020 inédite (pandémie de Covid-19). Le nombre de transactions (103 500) fait un bond de 19,2 %, de même que la valeur de ce foncier : + 23,5 % à 6,8 milliards d’euros.

Le marché des parts sociales de sociétés agricoles (exploitation ou portage de foncier) progresse moins nettement que le marché foncier mais il atteint néanmoins des niveaux historiques en 2021 : 7 600 transactions (+ 10,5 %) pour 1,52 milliard d’euros (+ 12,8 %). Encore ne s’agit-il là que des opérations portées à la connaissance des Safer, qui seraient loin de représenter la totalité de ce marché, en dépit d’une obligation de notification effective depuis 2016. Les choses pourraient changer en 2023 avec l’entrée en application de la loi Sempastous. Faute d’avoir été notifié à la Safer, un échange de parts sociales pourra être invalidé. « On le fera appliquer », avertit Emmanuel Hyest, président de la FNSafer.

BC

A télécharger :

Barème de la valeur des terres en 2021 (Journal officiel du 7 août 2022)

Valeur vénale des terres en 2021 (ministère de l’agriculture, juillet 2022)

+3,55% pour l’indice des fermages 2022 (Journal officiel du 16 juillet 2022)

L’utilisation du territoire en 2020 (ministère de l’agriculture, juin 2022)

Le prix des terres en 2021 (Groupe Safer, 24 mai 2022)

Financiarisation agricole et enjeux fonciers (ministère de l’agriculture, fév. 2022)

Lisez également

Les charges baissent moins vite

En septembre 2024,  selon Agreste, le prix d'achat des intrants agricoles continue de baisser, avec une diminution de 0,6 % par rapport au mois précédent (après une baisse de 0,9 % en août 2024).