En Bretagne comme ailleurs, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont fait reculer la vente des maisons à la campagne en 2023. Le prix des terres libres et des prairies restent stables, avec une tendance spéculative sur le littoral.
Pour les cinq catégories – forêts, terres agricoles et prairies, maisons à la campagne, loisirs, artificialisation – un peu moins de 30 000 transactions ont été enregistrées en Bretagne en 2023, soit un recul de 11 % par rapport à 2022. Les ventes de maisons à la campagne subissent de plein fouet l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. En valeur, le marché passe de 2,9 milliards d’euros en 2022 à 2,3 milliards en 2023.
PRIX DES TERRES STABLES
Contre toute attente, les terres agricoles n’ont pas inondé le marché malgré des départs en retraite plus nombreux. « Les cédants gardent le foncier pour le louer ». Ainsi, les transactions (8 853 ventes) ne reculent que de 6 % par rapport à 2022. Au total, 39 280 hectares de foncier agricole ont changé de main en 2023 pour une valeur de 5,35 M€ (- 8 % par rapport à 2022). Le prix moyen des terres et prés vendus libres en Bretagne est de 5 370 €/ha dans les Côtes-d’Armor (stable) ; 5 220 €/ha dans le Finistère (+ 1 %), 5 240 en Ille-et-Vilaine (- 1 %) et 4 950 euros/ha dans le Morbihan (+ 2 %). « Nous sommes dans une région agricole homogène ». Les dynamiques de prix varient toutefois à l’intérieur des départements. « La terre légumière de Paimpol peut grimper jusqu’à 12 000 €/ha ». La spéculation sur le littoral du sud Morbihan a fait grimper de 21% le prix à l’hectare.
RÉGULATION DES PRIX
Pour contenir cette spéculation, la Safer Bretagne s’appuie sur un outil de régulation encadré par l’État : la préemption en révision de prix. Pour 2023, ce droit a été exercé sur 327 projets de ventes de terres agricoles, dont 141 aboutissant à une révision de prix (516 ha). « La moitié de ces révisions ont eu lieu sur le littoral, à la demande des collectivités de Sarzeau, Surzur, de la presqu’île de Rhuys ou de Saint-Malo. Beaucoup de particuliers rêvent qu’un jour ces terres agricoles deviennent constructibles. Ils sont donc prêts à acheter en spéculant sur dix, vingt ans », explique Thierry Couteller. Devenues un outil de défiscalisation, les forêts bretonnes attisent elles-aussi les convoitises des investisseurs. Leur marché progresse légèrement (558 transactions en 2023 contre 533 en 2022) mais avec une valeur financière plus forte : 36,7 M€ en 2023 contre 29, 97 M€ en 2022.
2022 | 2023 | Evolution | |
---|---|---|---|
Côtes-d'Armor | 5360 | 5370 | 0 % |
Finistère | 5170 | 5220 | + 1 % |
Ille-et-Vilaine | 5270 | 5240 | -1 % |
Morbihan | 4850 | 4950 | +2 % |