Le pâturage plie mais ne rompt pas

En France, 92% des vaches laitières accèdent à des prairies au moins une partie de l’année. Mais cette proportion a tendance à régresser sous l’effet de l’agrandissement des troupeaux et de la diffusion du robot de traite.

L’interprofession laitière (Cniel) vient de mettre en ligne un document détaillé et richement illustré sur Le pâturage des vaches laitières françaises. On y apprend que 87% des vaches pâturent plus de 170 jours par an ou que 69% des élevages disposent d’au moins 20 ares de prairie par vache. « C’est dans l’Ouest que l’on retrouve les durées de pâturage les plus longues ainsi que dans les zones de montagne-piémont. En effet, dans l’Ouest, plus du quart des exploitations réalise un pâturage supérieur à 270 jours par an. A contrario, c’est dans les zones de polyculture-élevage que les durées de pâturage sont les plus courtes et où le zéro pâturage est le plus présent (…) Concernant les surfaces disponibles par vache, c’est pour les zones de montagne-piémont ainsi que pour les zones herbagères de plaine qu’elles sont les plus importantes. En montagne par exemple, plus de 45% des exploitations mettent à disposition une surface supérieure à 80 ares par vache. Et c’est dans les zones de polyculture-élevage que les surfaces de pâturage sont les plus faibles. »

Les fermes laitières françaises disposent en moyenne de 37 ha de surfaces toujours en herbe. De plus, « la présence de prairies temporaires (implantées depuis moins de 6 ans et ensemencées avec au moins 20% de graminées) et artificielles (ensemencées avec au moins 80% de légumineuses) est importante, notamment dans l’Ouest (hors Normandie). En moyenne, les exploitations françaises possèdent 56 ha d’herbe au total sur leur exploitation sur 108 ha de SAU, dont 19 ha de prairies temporaires et artificielles en 2016. En outre, 99% des exploitations laitières françaises possèdent des surfaces en herbe et 97% en ont plus de 10 ha. »

Polyculture-élevage et grands troupeaux en première ligne

Le Cniel constate « une diminution modérée du pâturage. En effet, entre 2008 et 2016, une baisse de 11% (de 71 à 60%) des vaches qui pâturent de manière significative est observée (celles qui ont au-delà de 20 ares par vache). De plus, les vaches qui ont moins de 10 ares sont passées de 12 à 20%. Dans les zones de plaine, le pâturage assure généralement l’essentiel de l’alimentation des vaches au printemps grâce à la mise à disposition d’une surface comprise entre 20 et 40 ares par vache : cette modalité s’est pour autant réduite de 7% en 8 ans (…) La diminution de la pratique du pâturage est observée principalement dans les zones de polyculture-élevage où plus de 80% des vaches pâturent pour les exploitations ayant un quota inférieur à 400 000 litres alors que c’est moins de 50% pour celles qui détiennent un quota supérieur à 1 200 000 litres (…) L’effet de la taille de l’exploitation sur la pratique du pâturage est moindre dans le Grand-Ouest et dans les zones de montagne. Enfin, dans les zones de plaine les plus herbagères et en Normandie, la taille n’a que très peu d’influence. »

« De manière générale, plus l’exploitation est grande, plus la part du pâturage dans l’alimentation diminue. En effet, l’accessibilité des pâtures (< 1 km de la salle de traite) par les vaches laitières se réduit : les troupeaux augmentant (+ 2 vaches/exploitation/an), cette surface régresse et les parcelles accessibles n’augmentent pas à proportion des troupeaux. Or, les vaches laitières doivent pouvoir se déplacer deux fois par jour au bâtiment de traite. L’augmentation des troupeaux réduit donc de facto la surface accessible par vache et cela diminue d’autant la part dans leur alimentation. Tendanciellement, on constate aujourd’hui qu’une majorité d’exploitations s’agrandissent (70% entre 2008/2009 et 2013/2014). Cet accroissement explique en partie les raisons pour lesquelles la part de pâturage dans l’alimentation diminue ces dernières années. »

Par ailleurs, poursuit le Cniel, « la mise en place d’un robot s’accompagne souvent d’une diminution du pâturage, et parfois de son arrêt total (en 2017/2018 : 34 % de systèmes robotisés sans pâture). Cependant, certaines études déjà réalisées confirment que concilier robot de traite et pâturage est possible. De plus, valoriser l’herbe est un enjeu majeur pour les éleveurs au regard de l’augmentation du prix des matières premières (+17,3% entre 2010 et 2018) ou encore de l’apparition de nouvelles démarches « lait de pâturage ». La conciliation de la traite robotisée avec le pâturage revêt donc un enjeu majeur pour l’avenir de ce type de système », conclut le Cniel.

BC

A télécharger : Le pâturage des vaches laitières françaises (Cniel, juillet 2019)

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