Le manque de fourrages se lit dans les chiffres

Le renchérissement de la paille et du foin et l’accroissement des fabrications d’aliments bovins témoignent du manque de fourrages dans les zones d’élevage touchées par la sécheresse en 2018.

Les fabrications d’aliments pour bovins ont augmenté de 4,9 % en novembre 2018 par rapport à novembre 2017, annoncent les syndicats professionnels (1) dans leur lettre de conjoncture du 18 janvier 2019. Le mash progresse de 14 %, l’aliment pour vaches laitières de 6,5 %, les aliments pour autres bovins de 1,1 %. Les mois précédents, les fabrications d’aliments bovins s’étaient déjà orientées à la hausse : + 12,1 % en octobre, + 2,9 % en septembre, + 4,6 % en août, + 1,3 % en juillet.

Selon le ministère de l’agriculture, les fabrications d’aliments bovins auraient augmenté de 7 % en novembre 2018 sur un an. « En cumul, sur les onze premiers mois de l’année, l’alimentation industrielle à destination de la filière bovine progresse plus modérément : + 1,6 % sur un an, dû à une bonne tenue des aliments pour vaches laitières : + 2,5 %, tandis que les aliments pour autres bovins affichent une baisse (-0,5 %). Depuis le début du deuxième semestre , l’utilisation du mash dans l’alimentation bovine est de nouveau en progression chaque mois sur un an. Cela s’explique en partie par la sécheresse estivale », indique la dernière enquête mensuelle sur les coûts de production. Les prix sont, eux aussi, orientés à la hausse. « En novembre 2018, le prix des aliments pour animaux progresse (+ 0,6 % par rapport à octobre), prolongeant la tendance haussière observée depuis le début de l’année. Sur un an, la hausse du prix amorcée en mai 2018 s’amplifie de nouveau (+ 7,4 % versus + 6,2 % entre octobre 2017 et 2018), sous l’effet de l’augmentation conjointe du prix des aliments simples et composés. » Tous intrants confondus (aliments, énergie, engrais…), les charges des élevages d’herbivores progressent de 5,6 % en novembre sur un an.

« Stoppons la spéculation »

Dans un communiqué du 18 janvier, le Modef (2) « demande de stopper la spéculation sur la paille et le foin car les prix appliqués sont exorbitants. Selon l’Institut de l’élevage, le coût de production de la paille est environ 25,40 €/t. À cela, il faut ajouter le transport de la paille, autour de 35 €/t. Aujourd’hui, les prix de la paille sont entre 110 et 150 €/t, soit 2 fois plus. Pire encore, les céréaliers n’ont plus assez de stocks, ils sont obligés d’aller acheter de la paille en Espagne. » Le Modef « revendique également une interdiction du broyage de paille et de maïs pour la prochaine campagne de récolte car, depuis une dizaine d’années, les phénomènes climatiques s’accentuent avec de nombreux épisodes de sécheresse ». Enfin, le syndicat se dit « scandalisé que le ministre de la Transition écologique autorise, depuis le mois de mars 2018 (réunion du groupe de travail méthanisation), que les résidus de paille ou de maïs servent à alimenter les méthaniseurs. »

Selon l’Institut du végétal (Arvalis), la faible teneur en amidon des maïs ensilage récoltés en 2018 (28,3 %, en baisse de 4,5 points sur 2017) équivaut à un déficit de 1 million de tonnes d’amidon, soit l’équivalent de 1,4 million de tonnes de blé (lire notre article du 14 novembre 2018).

BC

(1) Snia (Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale) et Coop de France Nutrition Animale

(2) Modef : Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux

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