L’AGPM dénonce les risques qu’un accord UE-Mercosur ferait courir à la production européenne.
Le vice-président de la Commission européenne en charge du commerce, Valdis Dombrovskis, a réaffirmé, le 24 janvier, « la volonté ferme de ratifier l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur » (marché commun sud-américain), rapporte l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM). Celle-ci y voit une « totale hérésie » dans la mesure où l’Europe importe déjà « 25 % de ses besoins en maïs ».
Etude à l’appui, l’AGPM affirme que « cet accord permettrait aux pays du Mercosur d’exporter sans droit de douane, tous produits de la filière maïs confondus (maïs grain, poulet, amidon, semoulerie, éthanol…), l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs, à la sauce brésilienne, soit un quart de la production annuelle française de maïs grain », alors même que « les investigations menées démontrent que le Brésil est le champion toutes catégories de la concurrence déloyale, avec un coût global de production inférieur de près de 100 € la tonne de maïs par rapport à la France. »
Selon l’AGPM, « cet écart de compétitivité colossal est notamment dû : 1) aux produits phytosanitaires autorisés au Brésil et en Argentine pour les producteurs de maïs qui sont interdits en Europe pour 52 % d’entre eux et même 78 % en France ; 2) aux surfaces d’exploitation de maïs au Brésil qui peuvent aller jusqu’à 500 000 ha, soit l’équivalent d’un département français, contre environ 70 ha pour une exploitation en moyenne en France. »
Des filières dédiées comme pour le bœuf aux hormones
« Face à ces faits et alors que, selon les projections de la Commission européenne, le Brésil devrait voir ses surfaces de maïs augmenter de 3,8 millions d’hectares d’ici 2032, et peser encore plus sur les importations de l’UE, l’AGPM formule quatre propositions pour protéger les maïsiculteurs français et européens et aligner la politique commerciale de l’UE sur les objectifs qu’elle affiche en matière de souveraineté et de durabilité :
– modifier en profondeur le contenu de l’accord de libre-échange conclu entre l’UE et le Mercosur pour y inclure des « clauses miroir » ;
– imposer des « mesures miroir » et la structuration de filières dédiées à l’exportation vers l’UE au sein des principaux pays exportateurs de maïs (exemple de l’interdiction du bœuf aux hormones produit aux Etats-Unis et au Canada en vigueur depuis 1988) ;
– ajouter le maïs et les zones de savane du Cerrado dans la liste des produits et des écosystèmes concernés par le règlement européen relatif à la lutte contre la déforestation importée ;
– rénover le mécanisme de droits de douane relatif au maïs pour protéger efficacement les capacités de production européennes. »
BC