Le maïs fourrage plie mais ne rompt pas

L’Institut du végétal (Arvalis) a présenté, le 14 novembre à Paris, le bilan de la campagne maïs fourrage 2018. Les rendements restent dans la moyenne mais l’amidon fait gravement défaut parfois, en particulier dans le Nord-Est.

Le maïs fourrage 2018 revient de loin, constatent les ingénieurs d’Arvalis. En dépit de la sécheresse et de la chaleur, qui ont stressé les plantes et précipité la sortie des ensileuses, le rendement national ressort à 12,2 tonnes de matière sèche à l’hectare, pas si loin des 12,5 t MS/ha de la moyenne 2013-2017 (1). Certes, les anciennes régions Champagne-Ardenne, Lorraine, Auvergne, Rhône-Alpes, Limousin ou Midi-Pyrénées passent sous les 10 t MS/ha, mais les bassins laitiers breton, normand ou ligérien parviennent à maintenir des rendements proches de la moyenne quinquennale. Une performance d’autant plus méritoire que des « attaques significatives » de pyrales ont été observées dans des zones non touchées habituellement (Bretagne, Normandie, Picardie) – ce sera « un point de vigilance en 2019 » – et que plusieurs coups de vent estivaux ont entraîné de la verse dans le Nord, en Lorraine et en Bretagne.

0,8 kg de lait en moins

La sécheresse qui a sévi en juillet – « au moins trois semaines sans pluie » dans toutes les régions – puis en août a contraint les éleveurs à récolter leur maïs plus tôt que d’habitude. Fin juillet pour les chantiers les plus précoces ! Malgré cela, la moitié des ensilages 2018 affichent des teneurs en MS supérieures à 35 % (limite haute préconisée par Arvalis pour une bonne conservation) et un quart des teneurs en MS supérieures à 38 %. La teneur moyenne en matière azotée totale (MAT) ressort à 7,3 %, en baisse de 0,5 point par rapport à 2017 – elle est le plus élevée dans le nord-est et le centre de la France, où les rendements sont en baisse. C’est aussi dans ces deux zones que la teneur en amidon dévisse le plus (elle revient à 24,7 % et 27,3 % respectivement), tirant vers le bas une moyenne nationale à 28,3 %, en repli de 4,5 points sur 2017 – c’est 1 million de tonnes d’amidon en moins, soit l’équivalent de 1,4 million de tonnes de blé. En revanche, les ensilages réalisés en bordure de la Manche et dans le Sud-Ouest présentent des teneurs en amidon assez élevées, proches de celles de 2017. « Ces maïs devront être intégrés avec précaution dans les rations des vaches laitières pour maintenir une fibrosité correcte de la ration et assurer un bon confort digestif », avertit Arvalis. La digestibilité des fibres est « bonne » globalement cette année, là surtout où les ensilages ont été récoltés précocement.

Au final, les maïs 2018 s’avèrent moins riches en énergie que ceux de 2017 : 0,90 UFL/kg MS (- 0,02 UFL) et un peu plus encombrants (+ 0,01 UE). Pour une ration vache laitière de 12 kgMS par jour, cela correspond à une moindre ingestion de 140 gMS, soit -0,35 UFL/j/vache ou encore environ 0,8 kg de lait en moins par jour, calcule Arvalis. « Les premiers retours des contrôles laitiers font état de baisses pouvant atteindre 1 à 2 kg par jour lorsque l’éleveur passe des maïs 2017 aux maïs 2018 », ajoute-t-on.

Benoît Contour

(1) Dans ses prévisions pour les grandes cultures diffusées le 13 novembre, le ministère de l’agriculture évalue la production de maïs fourrage à 17,2 millions de tonnes, en baisse de 9,8 % sur 2017. Une estimation « provisoire » qui « pourrait évoluer selon le partage entre le maïs-grain et le maïs ensilage du fait du déficit de fourrages cette année ».

A télécharger : La qualité du maïs grain 2018 pour l’alimentation animale (Arvalis-FranceAgriMer, février 2019)

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