La Pac 2023 devrait entraîner une hausse de 2 % des aides versées aux éleveurs laitiers et une baisse de 3 à 4 % de celles destinées aux producteurs de viande bovine.
Les arbitrages franco-français sur la Pac 2023-2027, contenus dans le Plan stratégique national (PSN), sont présentés dans un document de synthèse réalisé par la Chambre d’agriculture de Normandie. Celui-ci intègre les dernières décisions du ministre, annoncées le 13 juillet à la profession à l’occasion d’un Conseil supérieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole et alimentaire (CSO).
Les aides couplées aux productions animales voient leur enveloppe passer « mécaniquement » de 12,6 % à 11 % du 1er pilier de la Pac (paiements directs) afin de permettre l’accroissement de l’aide couplée aux protéines végétales (2,3 % en 2023, 3,5 % en 2027) et la création d’une aide couplée pour les petits maraîchers.
Plafond à 120 UGB
Avec l’enveloppe d’aides couplées la plus volumineuse (735 millions d’euros par an actuellement), l’aide au bovin laitier (ABL) et l’aide au bovin viande (ABA) évoluent vers un nouveau mécanisme d’aides à l’UGB (unité gros bétail) : il y aura une aide à l’UGB allaitant (104 €/UGB en 2023 et 91 € en 2027) distincte de l’aide à l’UGB non-allaitant (57 €/UGB en 2023 et 51 € en 2027). Les animaux éligibles devront avoir plus de 16 mois et être présents plus de 6 mois sur l’exploitation. Deux curseurs sont fixés pour le paiement des primes : un socle de 40 UGB non-allaitants hors limite de chargement, ainsi qu’un plafond de 120 UGB allaitant dans la limite de 1,4 UGB/ha de SFP ICHN.
De manière générale, « les impacts économiques pour les agriculteurs seront bien plus modérés (inférieurs à 4 % pour un territoire ou une filière auxquels il faut ajouter une baisse globale de budget de 2 %) » que ceux qu’avait induits l’actuelle Pac. « En ce qui concerne les filières, le choix fait est celui d’un rééquilibrage. Pour les grandes cultures et la polyculture-élevage, qui avaient fortement perdu lors de la dernière réforme, ce sera la stabilité. En revanche, les producteurs de lait devraient bénéficier d’un bonus de 2 % malgré la baisse entraînée par la convergence, alors que les producteurs de viande bovine devraient voir leurs aides diminuer de 3 à 4 %. » Au final, « quelques dizaines de millions d’euros seront ainsi transférés vers le secteur laitier ».
« 78 millions d’euros en moins pour la viande » (FNB)
« Les derniers arbitrages ont été rendus : les éleveurs de bovins de races à viande seront bien les perdants de la prochaine Pac », regrette la Fédération nationale bovine (FNB) dans un communiqué. « Ce sont 78 millions d’euros qui leur sont amputés pour financer le transfert des aides couplées animales vers les aides couplées aux protéines végétales, auxquels s’ajoute un transfert supplémentaire visant à « compenser les effets de la convergence » pour les producteurs laitiers de l’Ouest. Au passage, les voisins de ces derniers – les éleveurs allaitants du nord et de l’Ouest ! – subissent la double peine : une baisse de leurs aides à l’hectare liée à la convergence, en plus d’une baisse drastique de leurs aides couplées. Une incohérence totale. »
« Cette baisse des soutiens couplés estimée entre – 10 % et – 18 % entre 2023 et 2027, qui induira donc une baisse des soutiens au revenu du premier pilier allant au-delà de – 20 % selon les systèmes et les territoires, est difficilement compréhensible au regard des ambitions affichées par la France en matière de souveraineté alimentaire et de durabilité ; le ministre de l’agriculture et de l’alimentation devra l’assumer. »
BC
A télécharger :
Le revenu des agriculteurs français (ministère de l’agriculture, juillet 2021)
Conjoncture mensuelle du lait de vache (FranceAgriMer, 30 août 2021)
Conjoncture mensuelle des viandes rouges (FranceAgriMer, 30 août 2021)
Tableau de bord hebdomadaire des viandes (FranceAgriMer, 27 août 2021)