Le lait bio au prix du conventionnel

« Le prix du lait conventionnel devrait temporairement rattraper, en avril/mai, celui du lait biologique », selon l’Institut de l’élevage.

En 2021, la collecte de lait bio en France a atteint 1,23 milliard de litres (+11% sur un an). « Cette forte croissance de l’offre s’explique surtout par l’aboutissement de nombreuses conversions (plus de 300 selon le Cniel), qui se sont traduites par un nombre record de livreurs bio fin décembre (4 175, soit 9% de tous les livreurs de lait de vache) », souligne l’Institut de l’élevage (Idele) dans sa lettre mensuelle de conjoncture (1). Cette croissance de la collecte bio tend à ralentir ces derniers mois, dans un contexte de ralentissement global de la production laitière, notamment lié à la flambée du prix de l’aliment acheté. En janvier et février, la collecte de lait bio n’a augmenté que de 4% par rapport à l’an dernier à pareille époque. »

« Le ralentissement de la croissance tient également à la moindre hausse du nombre de livreurs, qui n’est plus que de 4% par rapport à 2021 en février, après un +3% en janvier qui correspondait à la plus faible progression sur un an depuis 2016. La clôture de l’exercice 2021 s’est en effet traduite par une réduction du nombre de livreurs de 3% entre décembre et janvier, une baisse bien supérieure à celle enregistrée ces dernières années. Une estimation du Cniel (issue de son enquête de conversions) prévoyait pourtant une hausse de 6% par rapport à 2021, en partant de l’hypothèse d’un nombre constant de cessations. Même s’il reste à confirmer, ce décalage pourrait résulter d’une accélération des déconversions, liée à la conjoncture difficile », selon l’Idele.

Baisse du prix du lait bio chez les leaders

« Le ralentissement de la hausse de collecte résulte également de la légère baisse du prix du lait pratiquée par certains opérateurs, qui fournit une moindre incitation à la production, dans un contexte de flambée des charges. Les quatre principaux collecteurs (Biolait, Lactalis, Sodiaal, Agrial), qui représentent 70% de la collecte nationale bio, appliquent des baisses comprises entre 5 et 15 €/1000 l par rapport à l’an dernier, quand la plupart des opérateurs secondaires maintiennent le prix. En février, le prix du lait bio (standard 38/32) affiche une baisse d’environ 3 €, à 469 €/1000 l. Comme le prix du lait conventionnel croît fortement, et que le prix du lait bio se caractérise par une très forte saisonnalité (avec un écart moyen de près de 80 €/1000 l entre avril et novembre), le prix du lait conventionnel devrait temporairement rattraper, en avril/mai, celui du lait biologique. La portée symbolique de cet événement pourrait marquer les esprits, même s’il ne s’agira que d’une inversion passagère. »

« En parallèle, d’après le panel Kantar, le recul de la consommation des ménages s’amplifie dans toutes les familles de produits depuis cet automne, et l’entrée dans un contexte inflationniste. Les consommateurs réaliseraient des arbitrages sur les produits chers, et donc notamment sur les produits bio, dont le prix reste le principal frein à la consommation. Les ventes de beurre, de fromages et de crème enregistrent des chutes spectaculaires sur les trois mois derniers mois (respectivement -21%, -22% et -30% sur un an). La famille des laits liquides bio, pourtant en proie à une concurrence féroce des allégations conventionnelles, est finalement celle qui résiste le mieux à ce mouvement de déconsommation. »

« Déjà très prononcé dans la filière biologique, le déséquilibre matière s’est creusé entre l’utilisation de matière grasse, qui reste en légère progression (+1,5% par rapport à 2020) grâce à la hausse des fabrications de beurre (+2%) et de fromages (+2%), et l’utilisation de la matière protéique qui a en revanche encore diminué (-2,4% par rapport à 2020) en raison notamment des baisses de fabrications de yaourts (-6%), de poudres conditionnées (-12%) et surtout de laits liquides conditionnés (-5%). En conséquence, entre 2020 et 2021, le taux d’utilisation de la matière protéique (pour la fabrication de produits finis conditionnés bio) aurait baissé d’environ 8 points (de 61% à 53 %), contre -6 points pour l’utilisation de la matière grasse (de 77% à 71%) », toujours selon l’Idele.

BC

(1) Tendances lait viande n° 338, Idele, 20 avril 2022

A visionner :

Vidéo mensuelle de conjoncture laitière (Cniel, 25 avril 2022)

A télécharger :

Conjoncture laitière au 22 avril 2022 (Cniel)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 22 avril 2022)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 15 avril 2022)

La collecte dévisse au début avril (FranceAgriMer, 19 avril 2022)

Note agro-climatique et prairies (Idele, 14 avril 2022)

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