Le Gaec de la Branchette en quête de valeur ajoutée

Après la fabrication de pain à partir des blés produits sur l’exploitation, le Gaec de la Branchette s’est lancé dans la fabrication de glaces. Ainsi, en 2018, Julie Lemesle a lancé sa marque Mademoiselle Fayel. La jeune entrepreneuse continue son aventure malgré la Covid et dans un univers concurrentiel où les franchises se multiplient.

JULIE LEMESLE TRANSFORME EN CRÈMES GLACÉES LE LAIT PRODUIT AU SEIN DU GAEC FAMILIAL ASSOCIANT SON ONCLE, SON PÈRE ET SES COUSINS. 

En cette fin d’année 2021, Julie Lemesle ne chôme pas dans son laboratoire implanté à Argentré-du-Plessis (Ille-et-Vilaine). Elle transforme en crème glacée, le lait bio produit par les Holsteins du Gaec de la Blanchette. Depuis 2018, La jeune entrepreneuse a lancé sa propre marque Mademoiselle Fayel. Pour les fêtes de fin d’année, les bûches glacées remportent un vif succès. Il faut dire que Julie Lemesle a concocté de nouvelles recettes particulièrement savoureuses : lInfusée à base de crème glacée cappuccino et cœur de verveine, la Gourmande avec une coque de chocolat blanc, une crème glacée douceur de lait, le tout nappé d’un coulis de caramel au beurre salé et son croustillant. La Rocher glacé, la Tentation ou encore la Rafraîchissante complètent cette carte alléchante. De quoi séduire un large public. Julie propose également une gamme de glaces d’une trentaine de références lors de la saison estivale. Pour écouler sa production, la Bretillienne mise sur les Biocoop, les magasins locaux ou encore certains drive fermiers. La GMS(1) n’est pas sa priorité même si très localement, ses produits sont disponibles dans les rayons des supermarchés. Les évènements (mariages, salons professionnels, concerts) assurent également une solide partie de son chiffre d’affaires.  Ainsi, Julie a réussi à obtenir un espace commercial au Space, grand rendez-vous de l’élevage breton et hexagonal. C’est d’ailleurs l’une des seules représentantes de l’agriculture locale à proposer des produits paysans dans ce salon, accordant encore très peu de place à ce genre d’initiative. Dommage pour un salon appartenant aux agriculteurs. « Le Space 2021 a été un très bon cru », souligne la jeune femme. Après un master  en gestion puis un CAP en Pâtisserie, Julie Lemesle a repris le fil rouge de l’histoire familiale : produire en cherchant à valoriser par ses propres moyens les produits de la ferme. À l’origine de cette orientation, les grands-parents de Julie qui ont décidé, il y a plus de 30 ans, de cultiver leur blé, puis de le transformer en farine et en pain, qu’ils vendaient eux-mêmes sur les marchés de Laval et de l’agglomération rennaise. « Je donnais un coup de main à mes grands-parents. Cette expérience m’a sans doute donné le goût de la vente directe », se souvient Julie. Aujourd’hui, cette philosophie est encore celle des associés du Gaec de la Branchette. Ils produisent toujours de vieilles variétés de blé panifiables et produisent de la farine qui à son tour est transformée en viennoiseries et en pains cuits dans le four à bois de la ferme des grands-parents. Dans ce four, une solide histoire de boulangerie est inscrite. La jeune entrepreneuse a installé son laboratoire juste en face. Le lait est produit par les 180 Holsteins qui composent le cheptel du Gaec de la Branchette conduit par son père, son oncle et ses cousins. 

Ici aussi, la crise de la Covid a bouleversé le quotidien, puisque la plupart des évènements ont été annulés alors qu’ils représentaient 60 % du chiffre d’affaires. Pas simple pour une jeune entreprise d’à peine trois ans ! Heureusement, les consommateurs ont été solidaires et ont cherché à acheter des produits locaux. Le levier de la vente par internet n’a pu être actionné compte tenu de la nature même du produit. Depuis la fin des confinements, le boom de la vente directe semble s’atténuer. Les consommateurs reprennent leurs anciennes habitudes. Les enseignes de la grande distribution ont également pris conscience de cette nouvelle tendance de consommation et proposent de plus en plus de “marchés paysans ». 

UN GRAND TROUPEAU BIO DEPUIS 1999

DEPUIS PLUS DE TRENTE ANS, LE GAEC DE LA BRANCHETTE (ILLE-ET-VILAINE) PRODUIT DU PAIN CUIT AU FEU DE BOIS. POUR CE FAIRE, DE VIEILLES VARIÉTÉS DE BLÉ PANIFIABLE SONT CULTIVÉES SUR L’EXPLOITATION.

L’exploitation s’est convertie dès 1999 à la bio, une trajectoire assez logique pour des exploitants qui ont misé très tôt sur la valorisation de l’herbe. Leur cheptel affiche une belle moyenne et produit un peu plus de 8 000 litres par vache avec un TB(2) de 42 g/l et un TP(3) de 33 g/l. L’herbe constitue la base de l’alimentation. Les vaches profitent des pâtures entourant le siège de l’exploitation. Lorsque les conditions ne sont pas favorables, l’herbe est collectée à l’aide d’une autochargeuse et distribuée en vert sur la table d’alimentation. La luzerne est valorisée sous forme d’enrubannage. Le maïs sert à produire des bouchons déshydratés par Deshyouest, la coopérative de déshydratation issue de la fusion de Coopédom à Domagné (Ille-et-Vilaine) et de la Codéma à Changé (Mayenne). En déshydratant le maïs, les éleveurs règlent les problèmes inhérents à l’ensilage : spores butyriques… Le lait transformé par Mademoiselle Fayel est racheté peu ou prou au même prix que celui de Lactalis qui rémunère les éleveurs sur une moyenne 490 €/1000 litres. La cheffe d’entreprise reste assez secrète sur son business plan et l’ensemble de ses chiffres. « Dans un rayon de 20 km autour de notre GAEC, il y a cinq exploitations qui produisent des glaces. Certaines sont indépendantes comme nous alors que d’autres ont choisi de se franchiser ». Les franchisés bénéficient d’un appui technique et commercial pour se lancer. C’est le cas notamment des glaces La Mémère, initiative lancée par Arnaud Montebourg. La concurrence est donc forte entre ces différents acteurs car le marché n’est pas extensible…

ERWAN LE DUC

  1. GMS : grandes et moyennes surfaces
  2. TB : taux butyreux
  3. TP : taux protéique

 

((Encadré)) EN CHIFFRES…

Le Gaec de la Branchette (Ille-et-Vilaine) 

  • cinq associés et trois salariés ;
  • une conversion à l’agriculture biologique en 1999 ;
  • 180 vaches laitières produisant une moyenne de 8 000 litres avec un TB de 42 g/l et un TP de 33 g/l ;
  • une SAU de 187 ha, dont 40 ha de maïs, 25 ha de blé et le reste en production fourragère (luzerne, association ray-grass anglais et trèfle blanc) ;
  • des prairies “pharmacie” associant 16 variétés de plantes ;
  • 4 ha de vieilles variétés de blé meunier (rouge de Bordeaux) servant à la production de farine puis de pains et de viennoiseries ;
  • une production de glaces sous la marque Mademoiselle Fayel via une SARL.

 

 

Lisez également

Le prix du lait progresse moins vite en France

En octobre, selon Bruxelles, le prix moyen du lait dans l’UE s'est établi à 51,71 €/100 kg, enregistrant une hausse par rapport à septembre (49,61 €/100 kg).