Le Bœuf Limousin au défi de la « standardisation des viandes »

« L’année 2022 été un peu compliquée et 2023 le sera aussi », prévoit Limousin Promotion.

Jean-Pierre Bonnet, président, et Jean-Marc Escure, directeur, ont fait le point, le 10 février en visioconférence, sur les viandes limousines label rouge. Le Bœuf Limousin, habitué à des croissances de l’ordre de 20 % les années précédentes, a tout juste maintenu ses volumes en 2022 (+ 2,70 % à 7 417 t), sans s’épargner une baisse au 4e trimestre. Le Limousin Junior s’est replié (- 4 % à 2 198 t), mais moins que le Veau du Limousin élevé sous la mère (- 10,5 % à 1 655 t) qui aurait vu l’arrêt de « 20 à 30 % des producteurs en un an ».

« Nous avons perdu beaucoup de vaches, allaitantes et laitières. Nous avons besoin de prix rémunérateurs. Certes, la pénurie d’animaux a fait monter les prix mais les coûts de production ne sont toujours pas couverts. Or, on ne peut pas finir correctement les animaux sans céréales ni tourteaux », explique Jean-Pierre Bonnet. Le Label Rouge, « produit d’excellence », souffre également de la « standardisation de la viande » provoquée par l’hégémonie du steak haché. Résultat : un animal bien fini est payé 5,70 à 5,80 € carcasse quand un animal non fini vaut déjà 5,30 à 5,40 €/kg. « Les éleveurs ne sont pas incités à bien finir leurs animaux. »

La contractualisation à la peine

Pour ne rien arranger, la contractualisation, rendue obligatoire par la loi Egalim au début 2022, n’est pas respectée. « Les distributeurs n’ont pas la volonté de signer des contrats significatifs. De leur côté, les éleveurs ne signeront pas si les coûts de production ne sont pas pris en compte », résume Jean-Pierre Bonnet en soulignant que la loi Egalim prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires des entreprises récalcitrantes. Ce serait « un signal fort » envoyée à la filière qui permettrait de débloquer la situation, laisse-t-il entendre.

Limousin Promotion redoute aussi que les viandes de bœuf label rouge pâtissent des « réorientations de la communication d’Interbev, qui va revenir à des messages plus génériques en se focalisant moins sur les viandes de bœuf  label rouge ». Selon Jean-Pierre Bonnet, le Bœuf Limousin et le Limousin Junior labels rouges drainent « 5 à 6 % » des viandes de la race, contre « 3 à 4 % » de bovins labellisés au total. Dans son Plan de filière adopté à la fin 2017, Interbev voyait le label rouge atteindre « au moins 40 % de l’offre en 5 ans ».

Une forte présence au SIA

Limousin Promotion sera présent au SIA 2023, du 25 février au 5 mars à la Porte de Versailles à Paris. Les opérateurs des filières seront accueillis tout au long de la semaine avec, le lundi 27 février (Hall 1 stand F106), le cocktail des Viandes Limousines et du Veau sous la Mère et, à 14 heures, la traditionnelle vente aux enchères de vaches limousines de boucherie Label Rouge. Le Limousine Truck proposera, lui, toute la semaine, sur le Hall 7.1 stand K024, une solution de restauration de qualité en Street Food réalisée avec les viandes Limousines en label rouge et IGP (Burger Limousin, Baronette, So’ Porc…). Les visiteurs qui passeront sur ce stand pourront également apprendre à mieux connaitre les viandes limousines et tenter de gagner une plancha et beaucoup d’autres lots par tirage au sort, précise un communiqué.

Limousin Promotion indique représenter, début 2023, quelque 6 139 éleveurs, 41 organisations de production, 186 entreprises de mise en marché (65 abatteurs et 121 grossistes) et 1 848 points de vente.

BC

Crédit photo : Limousin Promotion

A télécharger :

Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 15 mars 2023)

Toujours moins d’abattages de bovins (ministère de l’agriculture, 24 février 2023)

Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 22 février 2023)

Conjoncture de la viande bovine (FranceAgriMer, 22 février 2023)

Le manque d’offre soutient les cours (Institut de l’élevage, 21 février 2023)

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