« Le blé a fini de monter »

Passé les « 15 jours de panique » qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine, le marché des céréales et des oléagineux est revenu à ses fondamentaux, estiment les analystes.

« Le prix du blé a fini de monter et est stabilisé. On va revenir à une dynamique classique liée à la météo et aux fondamentaux du marché », explique Laurent Berthelier, directeur trading et trituration chez Feed Alliance (groupe Avril), qui intervenait le 7 avril en visioconférence lors de la journée matières premières de l’Aftaa (1). Selon lui, « la hausse du blé est faite. Les prix vont se tasser tout en restant élevés car les coûts de production ont explosé ». Au final, il envisage une fourchette de prix de l’ordre de « 320 à 330 €/t à moyen terme ».

S’agissant du maïs, Laurent Berthelier se montre plus circonspect. Cette année, les Etats-Unis semblent avoir arbitré en faveur du soja au moment de semer car il est « plus compétitif pour les agriculteurs et moins exigeant en intrants. Dès lors, y aura-t-il assez de maïs alors que la demande en bioéthanol, portée par un pétrole cher, est dynamique ? » De son côté, Jean-Christophe Bodénan, trader tourteaux chez Cargill France, observe qu’un rééquilibrage entre les deux cultures de printemps s’est amorcé. « Le marché est plutôt en train de racheter des hectares de maïs pour compenser la perte de production en Ukraine. Le soja revient de 2,4 à 2 fois la valeur du maïs. »

« Effritement du soja »

Si le prix de la graine de soja est « très élevé mais pas record » (elle était plus chère en 2008 ou en 2012 si l’on tient compte de l’inflation), l’huile de soja atteint un niveau inédit, observe Jean-Christophe Bodénan. En cause, l’envolée des autres huiles et la révision à la baisse des récoltes attendues en Amérique du Sud (- 30 Mt). Pour les mois à venir, le trader envisage un « effritement du prix du soja si les semis se passent bien aux Etats-Unis ». Mais il n’écarte pas un « rebond soudain en cas de météo défavorable ».

Pour l’heure, le « tourteau de soja reste compétitif » par rapport au blé ou au tourteau de colza (qui ont davantage renchéri encore) en termes d’apport en protéines dans l’alimentation animale. En revanche, « la filière non-OGM est un peu en crise ». En cause, le « désintérêt » du Brésil pour cette culture qui a entraîné un triplement de la prime (le différentiel de prix avec le soja OGM), passée de moins de 100 $/t en 2020 à 300 $/t en 2022. Un surcoût « difficile à faire payer au consommateur final ».

BC

(1) Association française des techniciens de l’alimentation et des productions animales

A télécharger :

Plus de tournesol et moins de maïs en 2022 (ministère de l’agriculture, 10 mai 2022)

Conjoncture des grandes cultures (Chambres d’agriculture, avril 2022)

Les semis de printemps (ministère de l’agriculture, 12 avril 2022)

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