L’alimentation mondiale menacée

La FAO dresse un « constat alarmant » sur les ressources en terres et en eau.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a présenté, le 9 décembre, un rapport sur l’état des ressources qui pointe une dégradation des terres et de l’eau sur la planète et met en lumière les difficultés que cela engendre pour l’alimentation d’une population mondiale qui devrait approcher les 10 milliards de personnes en 2050. Le rapport fait valoir que, « sans changement de cap, la production des 50 % de nourriture en plus dont on aura besoin pourrait supposer une hausse des prélèvements d’eau destinés à l’agriculture pouvant aller jusqu’à 35 %. Une telle augmentation pourrait entraîner des catastrophes écologiques, accentuer les rivalités autour des ressources et favoriser l’apparition de nouveaux problèmes et conflits sociaux. »

Les principales constatations de la FAO « sont les suivantes :

– la dégradation anthropique des sols touche 34 % des terres agricoles (1 660 millions d’hectares) ;

– plus de 95 % de notre alimentation est produite dans la terre, mais les possibilités d’extension de la surface productive sont limitées ;

– les zones urbaines représentent moins de 0,5 % de la surface terrestre, mais la croissance rapide des villes a eu une influence majeure sur les ressources en terres et en eau, polluant et grignotant des terres agricoles de grande qualité et d’importance capitale pour la productivité et la sécurité alimentaire ;

– l’utilisation des terres par habitant a reculé de 20 % entre 2000 et 2017 ;

– la rareté de l’eau menace la sécurité alimentaire et le développement durable à l’échelle mondiale et met en danger 3,2 milliards de personnes qui vivent dans des régions agricoles. »

Les sols pour séquestrer les gaz à effet de serre

« Les ressources en terres arables et en eau douce étant limitées, il est indispensable de développer rapidement la technologie et l’innovation », recommande la FAO. « Nous devons renforcer l’architecture numérique dont nous avons besoin pour proposer au secteur agricole des solutions élémentaires fondées sur des données, des informations et des éléments scientifiques, qui s’appuient pleinement sur les technologies numériques et qui protègent contre les risques climatiques. »

« La gouvernance relative aux terres et à l’eau doit être plus inclusive et plus modulable pour pouvoir servir les intérêts de millions de petits exploitants, de femmes, de jeunes et de personnes autochtones, qui sont les plus vulnérables face aux dangers climatiques et aux risques socioéconomiques, et les plus exposés à l’insécurité alimentaire. Il faut davantage de planification intégrée à tous les niveaux, et les investissements dans l’agriculture doivent être réorientés vers la production de gains sociaux et environnementaux. »

« Des systèmes agroalimentaires résilients ne peuvent reposer que sur des ressources durables en sols, en terres et en eau. L’utilisation rationnelle de ces ressources conditionne donc la concrétisation des objectifs d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets. Notons, par exemple, qu’une utilisation judicieuse des sols pourrait permettre, à elle seule, de séquestrer un tiers des émissions de gaz à effet de serre qui proviennent des terres agricoles », selon la FAO.

BC

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