Si le résultat courant et le revenu par associé augmentent avec la taille des troupeaux laitiers, la maîtrise des charges reste la clé, constate Cerfrance.
L’Atelier des études économiques Cerfrance Normandie-Maine a publié, le 8 février, son Observatoire des grands troupeaux laitiers pour la campagne 2020/2021. Près de 800 exploitations ont été réparties selon trois niveaux de volumes : 600 000 à 800 000 litres de lait par an (2,28 unités de travail humain – UTH – pour 97 vaches en moyenne), 0,8 à 1 million de litres (2,61 UTH pour 117 vaches), 1 à 1,4 million de litres (3,08 UTH pour 144 vaches).
Premier constat : « les grands troupeaux laitiers (sont) toujours plus présents. Sur la campagne 2020-2021, les exploitations laitières de Normandie-Mayenne-Sarthe ont produit en moyenne 596 000 litres, soit près de 30 000 litres de plus que l’an passé par exploitation, malgré la conjoncture économique peu favorable. La région Normandie serait une des seules régions, avec la Bretagne, à être encore dans cette dynamique de production sur 2021. Cette tendance est en lien avec la réorganisation du paysage laitier. Il y a une diminution du nombre d’exploitations laitières et une concentration de la production au sein des exploitations, selon les dynamiques de territoires. Ainsi dorénavant, plus de 55 % des exploitations laitières du territoire Normandie-Mayenne-Sarthe produisent plus de 500 000 litres. Et plus de 10 % valorisent plus d’un million de litres de lait. »
« La production laitière des grands troupeaux spécialisés est de 960 000 l en moyenne, soit + 30 000 l par rapport à l’an passé, portée par une conjoncture laitière encore favorable. Toutefois, la productivité reste stable à 350 000 litres par UTH, la main d’œuvre salariée ayant progressé. Cette hausse s’accompagne d’une nouvelle intensification de la production. Il y a une augmentation de la production par vache atteignant 8 800 litres en moyenne. »
Des coûts alimentaires comparables
Sur la campagne 2020/2021, « le prix du lait est en moyenne de 367 €/1000 l. Il est légèrement en retrait par rapport à la campagne précédente. Il n’y a aucun écart sur le prix de vente entre les différents groupes. De même, le coût alimentaire de 148 €/1000 l ne fait apparaitre aucun écart entre les groupes. Les écarts sont significatifs entre les moins bons et les meilleurs. La marge aux 1000 l est comparable entre les 3 groupes. Toutefois, ramenée à la vache ou par hectare de surface fourragère, plus la référence est importante, meilleure est la marge avec l’intensification du système. »
« Par rapport à l’année précédente, les marges sont globalement en recul. Il y a le cumul de l’augmentation du coût alimentaire (notamment des coûts fourragers en hausse) et de la baisse de 3 à 4 €/1000 l du prix du lait. La hausse des charges d’aliments, des frais de mécanisation et des charges de personnel se cumule avec une récolte 2020 médiocre (rendement et prix), un prix du lait en recul. Les résultats économiques des exploitations sont en retrait, avec une valeur ajoutée par UTH moyenne de 65 000 € et un excédent brut d’exploitation (EBE) de 146 000 €. »
« L’EBE ne permet pas de couvrir cette année les annuités et prélèvements privés en moyenne. Ainsi le revenu disponible chute de 6 000 € par unité de travail agricole familial (UTAF) pour atteindre 25 700 €. La capacité d’autofinancement (CAF) est négative de 9 000 € (tous les groupes sont concernés). Il manque 10 €/1 000 l en moyenne pour atteindre une CAF à l’équilibre. Il y a plus de différences au regard des quartiles supérieurs avec un revenu disponible par UTAF moyen de 40 000 € (contre 25 000 € en moyenne). La rentabilité progresse avec la production liée à une meilleure productivité et des économies d’échelle. Toutefois, les économies d’échelle doivent être appréhendées avec prudence », souligne Cerfrance.
L’efficacité avant la taille
« Les 25 % meilleurs, quel que soit le groupe, se distinguent de la moyenne par une meilleure maitrise des charges en général. Leur coût alimentaire est inférieur de 15 €/1000 l en moyenne. Il s’agit essentiellement du coût de concentré, mais également du coût de la surface fourragère. L’ensemble des frais de mécanisation sont aussi réduits (carburant, entretien, amortissement), les frais de bâtiments mais aussi le coût de la main-d’œuvre en lien avec la productivité et la gestion du travail (temps de travail, charge mentale, organisation, délégation). »
« La maîtrise des charges et la gestion des investissements permettent de dégager une meilleure rentabilité d’entreprise pour les plus performants. Si le revenu disponible est en moyenne de 21 000 à 27 000 € par UTAF selon les groupes, il atteint 40 000 € en moyenne pour les 25 % meilleurs. Cette grande dispersion est liée aux entrepreneurs selon leur technicité et leur choix de production et de gestion. L’écart de prix de revient est de 75 € par 1000 l entre les groupes supérieurs et inférieurs. Sur l’exploitation moyenne, c’est potentiellement plus de 70 000 € ! », souligne Cerfrance.
BC
A télécharger :
Besoins en main d’œuvre des éleveurs laitiers (Idele, Wallonie – avril 2022)
Le travail dans les grands troupeaux laitiers (Idele, mars 2022)
Maîtriser les frais d’élevage en lait (Réseaux d’élevage Inosys, fév. 2022)
Livre blanc pour gagner en compétitivité (Cuma, 15 fév. 2022)
Les prix du lait dans l’UE (DG Agri, 7 fév. 2022)
Le lait bio en mode turbulence (Chambres d’agriculture, fév. 2022)