Lait : la France peine en Europe

La laiterie France, présentée il y a moins d’un an encore comme la plus compétitive dans le monde, perd des parts de marché en Europe, souligne FranceAgriMer.

« Depuis la fin des quotas laitiers, les volumes de lait collectés en France sont orientés à la baisse, ce qui freine également les fabrications françaises de produits laitiers », souligne FranceAgriMer dans une nouvelle étude (1). En revanche, d’autres pays de l’Union européenne (UE), notamment en Europe du Nord, ont profité de la levée de la contrainte des quotas pour accroître leur production de lait : Irlande, Belgique, Pologne, Pays-Bas, Danemark, Royaume-Uni, des pays qui sont également pour la plupart de grands exportateurs et dont les disponibilités ont donc nettement crû au cours des dernières années. La concurrence s’est donc renforcée entre la France et ses voisins européens, sur le marché français mais également sur le marché intra-européen, ce qui impacte à la fois le niveau des importations et des exportations françaises. »

« Deuxième producteur de lait de vache de l’UE derrière l’Allemagne, la France fait aussi partie des principaux fabricants de produits laitiers : 1er pour la poudre de lait écrémé, 2e pour la crème, le beurre, les yaourts et laits fermentés, les fromages, 3e pour la poudre grasse, 4e pour le lait liquide, le lait concentré (…) Mais, si ses exportations sont globalement orientées à la hausse, la France tend à perdre des parts sur le marché intra-UE, pour l’ensemble des produits laitiers, alors que, dans le même temps, les importations en provenance des États membres ne cessent de progresser. Le développement des importations a ainsi contribué à réduire le solde des échanges de produits laitiers avec l’UE, déficitaire en matière sèche utile depuis 2017. »

Plus d’investissements hors de France

« La veille de compétitivité de FranceAgriMer sur les produits laitiers montre que la France se place en bonne position comparativement à douze de ses principaux concurrents (européens et pays tiers) sur le marché mondial. Cette étude met en avant la force de la France, qui réside d’abord dans son maillon aval : ses industries laitières bénéficient d’une R&D pointue, fabriquent une large gamme de produits laitiers, sont de dimension internationale, exportent vers de nombreux pays sur tous les continents et sont bien implantées à l’étranger. Mais il apparaît aussi que les investissements des industries laitières françaises se font aujourd’hui plus à l’étranger que sur le territoire national : s’ils assurent le rayonnement de la filière laitière française à l’international, ou peuvent faciliter l’accès à de nouveaux marchés, ils peuvent également faire concurrence aux produits laitiers français vers ces débouchés et être un frein à leurs exportations. »

« La France pèche en revanche sur d’autres facteurs de compétitivité, tels que l’évolution de la collecte (baissière) et de la consommation intérieure (atone), les coûts de production, y compris le coût du travail (plus élevés que chez certains de ses concurrents), le niveau de réglementation… Autant d’éléments qui peuvent nuire au développement de la filière et expliquer les pertes de parts de marché face à des exportateurs concurrents, y compris sur le marché national. »

« Le commerce de produits laitiers de la France est soutenu par les échanges avec les pays tiers. Mais ceux-ci ne permettent pas de compenser la perte de parts de marché vers l’UE ou la dégradation du solde avec cette zone. Sous condition d’une bonne compétitivité prix, l’enjeu de la France est donc de redonner une place aux produits français, à la fois sur son marché (pour limiter les importations) et sur les marchés européens. »

BC

(1) Les échanges de produits laitiers entre la France et l’UE (FranceAgriMer, octobre 2020)

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