Lait bio : « stopper les conversions »

La Coordination rurale réclame également une « incitation à la baisse de la production sans attendre la mise à l’herbe au printemps prochain ».

« Avec un surplus de lait bio de l’ordre de 250 millions de litres de lait, la filière laitière biologique subit sa première grande crise structurelle, conséquence d’une politique libérale à l’égard du bio et d’un recul de la consommation », explique la Coordination rurale (CR) dans un communiqué du 14 décembre. « La situation catastrophique de cette filière n’en est qu’à ses débuts, alors que de nombreux nouveaux producteurs vont arriver sur le marché en 2022. Les prévisions de l’interprofession indiquent une hausse de la production de 240 millions de litres de lait en plus sur les quatre prochains semestres, soit 20% de plus que la collecte cumulée des douze derniers mois ! La CR demande la mise en place d’un moratoire sur les conversions afin de les limiter tant que le marché n’aura pas retrouvé un équilibre permettant une juste rémunération des producteurs. Vouloir passer au bio est une chose, que la consommation suive en est une autre. »

Dans un courrier adressé à Maud Faipoux, conseillère agriculture du Premier ministre, la CR indique demander, « en plus d’un soutien direct aux producteurs, que des campagnes promotionnelles soient mises en place en faveur des produits laitiers issus de l’agriculture biologique. La CR appelle également le gouvernement à inciter les responsables de restaurants collectifs publics à favoriser les produits laitiers biologiques pour soutenir la filière. En effet, au lieu de déclasser du lait bio vers le conventionnel, faisons en sorte de les orienter vers les débouchés prévus par la loi. De plus, à l’instar de la mesure ayant été mise en œuvre par le Cniel en plein cœur des confinements de l’année 2020, la CR demande qu’une mesure d’incitation à la baisse de la production soit adoptée sans attendre la mise à l’herbe des vaches laitières au printemps prochain. »

« Une baisse des prix limitée pour le moment » (Idele)

« En 2021, la collecte de lait bio devrait atteindre 1,24 milliard de litres, soit 12% de plus qu’en 2020 », estime l’Institut de l’élevage (Idele) dans sa lettre mensuelle Tendances lait viande mise en ligne le 14 décembre. « Fin 2022, d’après le Cniel, l’arrivée de nouveaux producteurs devrait la hisser à 1,35 milliard (de litres). Le marché n’absorbe plus cette croissance. Le déclassement du lait bio est estimé à 30% en 2021, contre environ 20% l’an dernier. En septembre, la collecte de lait biologique s’est établie à 92,15 millions de litres, soit +11% par rapport à 2020 avec « seulement » +5% de livreurs. Les nouveaux livreurs convertis au bio ont en effet une production moyenne plus importante (autour des 450 000 l annuels par ferme selon le Cniel, contre environ 290 000 l par ferme en moyenne sur 2020). »

« La baisse du prix de base (32-38) payé aux éleveurs est pour le moment relativement limitée en moyenne depuis le début de l’année (-3 €/1000 l), mais s’est accentuée sur les derniers mois (-13 € en septembre). La baisse du prix payé aux livreurs est moins marquée en raison notamment d’une amélioration de la composition du lait depuis le début de l’année. Cette baisse des prix pourrait s’accentuer dans les prochains mois. Il existe de fortes disparités entre les prix payés par les différents opérateurs. Certains acteurs continuent en effet de payer des prix supérieurs à ceux de l’an dernier. Cette capacité à maintenir les prix dépend de deux facteurs : de la part du bio dans la collecte (les opérateurs spécialisés dans le bio sont davantage vulnérables) et du rythme de conversions dans les derniers mois », explique l’Idele.

« Les turbulences sur le marché du lait biologique semblent se restreindre à la France. Dans les autres principaux pays producteurs européens, le marché est plus équilibré. La croissance de la production de lait bio est plus modérée : +1% en Autriche, +3% en Allemagne et +4% au Danemark sur douze mois glissants. En septembre, les prix du lait bio étaient supérieurs à leur niveau de l’an dernier en Autriche (+6%/2020, prix réel à 478 €/t), en Suède (+10%, 464 €/t) et aux Pays-Bas (+7%). En Allemagne, le prix s’approchait des 500 €, atteignant des niveaux records (+6%/2020, prix réel à 499€/t) », souligne l’Idele.

BC

A télécharger :

L’agriculture bio dans l’UE (Agence bio, déc. 2021)

Le marché alimentaire bio en 2020 (Agence bio/AND international)

L’agriculture bio dans le monde (Agence bio, déc. 2020)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 27 déc. 2021)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 17 déc. 2021)

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