Dans ses prévisions pour 2021, FranceAgriMer envisage une « poursuite de la décapitalisation » des cheptels laitier et allaitant, aussi bien que des exportations de broutards « dynamiques » vers l’Italie.
« L’importante crise sanitaire de 2020 a révélé un certain nombre de risques qui pèsent sur la filière bovine française, notamment en ce qui concerne la valorisation des bovins mâles français », analyse FranceAgriMer dans sa publication annuelle sur Les marchés des produits laitiers, carnés et avicoles. « En effet, si une récession économique devait atteindre l’Italie, il serait très difficile d’y valoriser les broutards français, alors même que leurs stocks devraient encore croître en 2021, les naissances de veaux de races allaitantes étant en hausse d’environ 3 % sur les six derniers mois de l’année 2020. Le contexte espagnol ne semble pas prometteur pour la vente de broutards, les acheteurs espagnols préférant l’achat de petits veaux laitiers, à engraisser en jeunes bovins (JB). Cette viande issue de JB espagnols pourrait concurrencer la viande française notamment en Italie, ce qui rendrait encore plus difficile la vente de broutards français à des prix rémunérateurs pour les éleveurs. En volume, les exportations de broutards vers l’Italie devraient tout de même rester dynamiques en 2021, l’offre française étant importante et les ateliers d’engraissement et de méthanisation italiens devant être rentabilisés. De même, la demande algérienne et du pourtour méditerranéen pourrait être dynamique, sous réserve que la crise sanitaire s’achève et que le commerce du pétrole reprenne, ce qui stabiliserait économiquement ces pays. Néanmoins, si la cotation des broutards remontait difficilement, une plus grande proportion des animaux pourraient être engraissés en France plutôt que d’être exportés maigres. »
« La hausse du prix des tourteaux depuis 2018 et les incidents climatiques réduisant la production fourragère pourraient entrainer la poursuite de la décapitalisation, à la fois pour les vaches laitières et pour les vaches allaitantes », poursuit FranceAgriMer. « Pour les premières, ce phénomène pourrait être amplifié si le prix du lait ne s’avère pas suffisamment rémunérateur pour les éleveurs (en regard des coûts de production), ce qui conduirait à la mise à la réforme d’un plus grand nombre de vaches. Si la consommation de viande de vache française par les ménages continue sa dynamique engendrée par le confinement, ce qui a été le cas lors du deuxième semestre 2021, et dans un contexte de prix haussier des vaches R, il pourrait y avoir une ré-accélération de la décapitalisation du cheptel allaitant. Ce phénomène est toutefois lié a priori à de multiples autres facteurs tels que le nombre de naissances, les entrées de primipares en production, les agrandissements des élevages ou les problèmes de reprise des exploitations. »
La consommation tirée à la baisse
« Concernant la viande bovine, les exportations pourraient se stabiliser en 2021. D’une part, elles pourraient diminuer fortement vers l’Allemagne : en cas de reprise du tourisme, la consommation intérieure diminuerait, et la viande bovine pourrait être concurrencée sur le marché par la viande porcine, dont les débouchés extrême-orientaux sont fermés pour cause sanitaire. D’autre part, les exportations pourraient repartir à la hausse en 2021 vers l’Europe du Sud si le tourisme s’y redéveloppe. Enfin, la demande chinoise devrait rester importante, le cheptel porcin chinois, décimé par la peste porcine africaine en 2019, n’étant pas encore revenu à son niveau antérieur et le besoin en protéines animales demeurant présent. Les importations de viande bovine pourraient quant à elle retrouver un niveau intermédiaire entre les situations de 2019 et 2020, selon la date de réouverture de la restauration hors domicile (RHD) », estime FranceAgriMer.
« La consommation par bilan pourrait continuer de légèrement diminuer, et ce pour plusieurs raisons. À moyen terme, les mouvements anti-viande pourraient avoir pour conséquence une baisse de consommation française de plus en plus marquée. De plus, l’arrivée de produits protéinés non animaux, concurrents de la viande, pourrait changer les habitudes de consommation, notamment en RHD. Enfin, la crise sanitaire pourrait conduire à une crise économique en France et à une baisse du pouvoir d’achat pouvant impacter plus spécifiquement la viande, de plus en plus considérée comme un produit festif onéreux et dont le prix au détail ne cesse de croître. Cette croissance des prix est à mettre en regard avec le développement de produits locaux et des signes de qualité, qui permettent de répondre de mieux en mieux aux attentes des consommateurs », estime FranceAgriMer.
BC
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