La viande bovine sous pression

Hausse de la production et des importations, repli des exportations : autant d’éléments qui feront pression sur les prix de la viande bovine dans les mois à venir, estime la Commission européenne.

L’enquête cheptel de décembre 2017 confirme une petite baisse du troupeau européen de vaches. L’effectif de laitières a diminué de près de 1%, reflétant la restructuration en cours dans certains États membres, notamment les Pays-Bas. Le troupeau de vaches allaitantes est resté pratiquement stable bien qu’il ait diminué en France, en Belgique et en Irlande, souligne la Commission dans ses dernières « Prévisions à court terme pour les marchés agricoles ». Malgré cette réduction de cheptel, la production de viande bovine de l’UE a augmenté au 1er trimestre 2018 (+ 2 %). L’essentiel du gain est dû à des abattages supplémentaires de mâles et de génisses, « pas toutes nécessaires au renouvellement du cheptel laitier ». L’alourdissement des carcasses de vaches a également joué un rôle. Les deux tiers de la production proviennent du troupeau laitier.

Pour l’ensemble de l’année 2018, la Commission prévoit une hausse de 0,5 % de la production de viande bovine de l’UE, à 8,16 millions de tonnes équivalent carcasse (Mtéc). « Des révisions à la hausse dans certains pays traditionnellement producteurs (France, Italie, Royaume-Uni, Autriche) et l’expansion de la production en Europe de l’Est (en particulier en Pologne) devraient compenser les nettes contractions attendues dans d’autres États membres (Pays-Bas, Roumanie, Allemagne, Belgique). Le haut niveau actuel d’abattage des génisses et le léger déclin du cheptel laitier de l’UE auront un impact sur le potentiel de production de viande bovine au cours des prochaines années ». A commencer par 2019, où un repli de 0,6 % est envisagé.

La Turquie, principal débouché des animaux vivants

Les exportations communautaires de bovins vivants ont progressé de presque 13 % sur un an au cours des quatre premiers mois de 2018. « Pour l’ensemble de l’année, l’augmentation devrait être de 3 %. Les débouchés de l’UE sont concentrés dans la zone méditerranéenne. La Turquie, principale destination des exportations de l’UE depuis 2017, a absorbé près d’un tiers des exportations de bovins vivants de l’UE. Le Liban, la Libye et Israël sont également restés des destinations clés, bien qu’ils achètent moins d’animaux. En revanche, les exportations vers l’Algérie ont doublé, le pays ayant exempté les animaux vivants, contrairement aux produits carnés, d’interdiction d’importation. Dans l’ensemble, après avoir ralenti dans la seconde moitié de 2018, les exportations d’animaux vivants devraient se stabiliser en 2019, principalement en raison de la baisse attendue de la production dans l’UE et de la concurrence des autres acteurs de ce marché. »

« Les principaux producteurs mondiaux ont exporté plus de viande bovine durant les quatre premiers mois de 2018. Le Brésil a accru ses ventes de 25 %, principalement vers Hong Kong, la Chine, l’Égypte, l’UE et le Chili. Les États-Unis, l’Argentine, la Nouvelle-Zélande et le Paraguay ont également augmenté leurs exportations, notamment vers des partenaires traditionnels de l’UE (Hong Kong, Israël, Suisse, Philippines), et ces pays devraient continuer à faire pression sur le marché mondial cette année. » Selon la Commission, les perspectives pour les exportations de l’UE en 2018 sont donc sombres (- 6 % à 0,255 Mtéc) car il y a peu de potentiel d’expansion ; elles dépendront principalement de deux marchés : la Turquie et Israël. »

Pression des importations

« La baisse des importations européennes de viande bovine constatée en 2017 (- 6,2 % à 0,285 Mtéc) s’est arrêtée cette année. Les achats de l’UE ont progressé de 20 % sur les quatre premiers mois de 2018 en comparaison de la même période en 2017. Les fortes hausses constatées en janvier et en avril (et auparavant en juillet et octobre 2017) sont liées à un nouveau système de gestion d’un contingent tarifaire particulier qui est disponible par trimestre sur le principe du premier arrivé-premier servi. Cela conduit à un pic le premier mois de chaque trimestre et pourrait biaiser l’augmentation élevée actuelle. Pour l’ensemble de 2018, une croissance des importations de 8 % (à 0,308 Mtéc) est attendue. »

« Les pays sud-américains ont accentué leur domination sur les marchés de l’UE (ils représentent plus de 75 % des importations), et leurs prix ont diminué. Le Brésil, qui avait dû limiter ses livraisons à l’UE l’année dernière à cause d’un scandale sanitaire, a récupéré et accru ses exportations d’un tiers. L’Argentine a enregistré une hausse de ses exportations vers l’UE depuis la mi-2017 (près de 40 % de plus sur un an entre janvier et mars 2018). En revanche, la croissance des exportations de l’Uruguay s’est limitée à 2 %. Parmi les autres provenances, les importations depuis l’Australie ont augmenté considérablement après une baisse au début de 2017, mais elles ont diminué depuis les États-Unis où les prix ont augmenté. Tous les autres principaux pays exportateurs ont enregistré une baisse de leurs ventes. »

« Les prix de la viande bovine se sont stabilisés en Europe, mais l’offre mondiale – que révèlent les importations plus élevées de l’UE – devrait exercer une pression à la baisse sur les prix dans l’UE et dans le monde. Dans l’UE, le prix des jeunes bovins est tombé en dessous de 380 €/100 kg cette année (- 5 % par rapport au pic saisonnier de décembre 2017), en raison de la hausse des abattages. Le prix de la vache (catégorie O3) est resté ferme depuis l’été 2017, entre 290 et 305 €/100 kg plus récemment, n’enregistrant ni baisse cyclique hivernale ni reprise printanière, malgré la hausse de la demande en vaches ces derniers mois. Le prix des génisses s’est stabilisé à 390 €/100 kg ces derniers mois, dans la moyenne des années 2015-2017. »

BC

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A télécharger : Les produits carnés et laitiers en 2017 (FranceAgriMer, août 2018)

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