L’UE est auto-suffisante en produits laitiers et en viande bovine. Sa position relative dans le monde s’est même renforcée au cours des dix dernières années. Mais celle de la France, pas toujours.
« Le taux d’auto approvisionnement en produits laitiers est supérieur à 100 % pour toutes les catégories de produits », note le think tank Agriculture Stratégies dans une étude sur la souveraineté alimentaire européenne mise en ligne le 29 août. « Pas de surprise de ce côté, l’UE étant le deuxième producteur de lait mondial. De plus, la décapitalisation du cheptel laitier européen, dont les effectifs se réduisent lentement mais sûrement (l’UE compte 5 millions de vaches laitières en moins qu’en 2000), est pour le moment plus que compensée par l’augmentation des rendements laitiers. Tous produits laitiers confondus, la production est suffisante pour couvrir une demande en progression, et le taux d’autosuffisance de l’UE en lait est en légère augmentation depuis 20 ans, au contraire de celui de la France, qui se dégrade rapidement sur la période récente, la production ne suivant pas la hausse de la consommation. »
« Les différents produits laitiers suivent cependant des trajectoires différentes. Pour les fromages, le beurre et les produits frais, l’UE reste auto-suffisante sans excès. A noter le cas des fromages, dont la consommation et les exportations sont en constante augmentation : alors qu’en 2010, un Européen mangeait en moyenne 17,8 kg de fromage par an, il en consomme 3 kg de plus en 2021. Sur la même période, les exportations ont augmenté de 30 % (malgré la perte du marché russe qui représentait pratiquement le tiers des exportations de fromages en 2013), mais l’augmentation de la production parvient à maintenir à la fois la capacité d’exportations et le taux de couverture de la consommation. »
Produits laitiers : bonne adéquation offre/demande
« La dépendance aux importations est faible (moins de 5 %) pour tous les produits laitiers, traduisant la bonne adéquation de la production avec la demande européenne. Les poudres maigres et grasses, plus facilement transportables, et dans une moindre mesure le beurre et les fromages, sont davantage exportés que les produits frais, périssables, dont les échanges se font majoritairement intra-UE. Le premier partenaire pour les poudres et le beurre est de loin la Chine, un partenaire commercial difficile à gérer car son comportement d’achat assez imprévisible porte sur des volumes très conséquents et pèse énormément sur les marchés. »
« La production de poudre maigre (lait écrémé) a bondi entre 2014 et 2015 avec l’arrêt des quotas laitiers (environ + 500 000 t) et reste stable depuis, contribuant à une augmentation de la capacité d’exportation et du taux d’auto-approvisionnement qui tourne maintenant autour des 200 % : autrement dit, l’UE produit deux fois plus de poudre de lait écrémé qu’elle n’en consomme. Ces excédents importants concernent spécifiquement la poudre écrémée et dans une moindre mesure la poudre de lait entier, dont la production a déjà nettement réduit et est retournée sous le niveau d’avant-quota. »
Un solde français en viande bovine positif…
« La situation apparait également favorable du côté des viandes, dont la consommation est couverte par la production pour le bœuf, le poulet et le porc. La consommation de viande en UE est restée très stable sur les dix dernières années : les Européens en consommaient 67 kg par habitant et par an en 2010 et ce chiffre est resté le même en 2020. Comme en France, on constate une légère érosion de la consommation en viandes porcine et bovine, compensée par la demande de poulet en progression. »
« En viande bovine, les volumes produits ont un peu fluctué durant la décennie, et sont aujourd’hui légèrement en dessous du niveau observé dix ans auparavant (- 3 %). Néanmoins, la légère diminution de la consommation européenne de viande bovine (10,4 kg consommés par habitant sur la moyenne 2019/2022 contre 11 kg pour la période 2009/2012) permet de maintenir un taux d’auto-approvisionnement suffisant. »
… grâce aux exportations d’animaux vivants
« La dépendance aux importations est beaucoup moins forte à l’échelle européenne qu’en France, puisque les importations ne représentent que 5 % de la consommation, un chiffre monté à 25,6 % en France en 2022 alors que le pays est le premier producteur de viande bovine au sein de l’UE. Le marché de la viande bovine dans l’UE 27 est en effet centré sur le commerce intérieur : la France exporte des animaux vivants (principalement vers l’Italie) et importe de la viande depuis les Pays-Bas, l’Irlande, l’Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni, désormais principal partenaire commercial hors UE de la France pour la viande bovine. Si l’on intègre les échanges d’animaux vivants, la France dispose d’un taux d’autosuffisance de 111 % pour la période 2019/2022 (contre 93 % pour la viande seule), et l’UE dispose d’un taux de 107 % (contre 104 % en viande seule). »
BC
A télécharger :
Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 21 sept. 2023)
Tableau de bord hebdomadaire laitier (FranceAgriMer, 14 sept. 2023)
Tableau de bord européen des produits laitiers (DG Agri, 13 sept. 2023)
Population bovine au 1er août 2023 (FranceAgriMer, 12 sept. 2023)
Regards d’avenir sur l’élevage en France (Chambres d’agriculture, septembre 2023)
Dégradation du commerce extérieur agroalimentaire (ministère de l’agriculture, 8 sept. 2023)
Conjoncture du lait de vache (FranceAgriMer, 31 août 2023)
Conjoncture des viandes rouges (FranceAgriMer, 31 août 2023)
Conjoncture de rentrée (Chambres d’agriculture France, 31 août 2023)