« La qualité des ensilages est correcte »

Les ensilages de maïs 2019 ne brillent pas par la quantité, mais leur qualité moyenne est finalement « correcte » en dépit des aléas climatiques de l’année (froid, sécheresse, canicules), constate l’Institut du végétal (Arvalis). Ils apparaissent « peu acidogènes » globalement.

« Les rendements sont à la baisse un peu partout et extrêmement variables, de 5-6 t/ha à 17-18 t/ha, soit de 30 à 50% inférieurs à la normale jusqu’à des situations proches de la normale », montre Arvalis dans un dossier diffusé le 21 novembre. « Les régions Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Centre-Val de Loire, Auvergne, Bourgogne-Franche-Comté et Lorraine sont celles où les maïs fourrage ont le plus souffert de la sécheresse. Au sein d’une même exploitation, les résultats peuvent également être très hétérogènes, d’une parcelle à l’autre, en fonction de la réserve utile. » La production nationale de maïs-fourrage serait en baisse de 5% sur un an à 16,2 millions de tonnes, selon les prévisions au 1er décembre 2019 du ministère de l’agriculture. Le partage entre maïs-grain et maïs-fourrage pourrait être révisé lors des prochaines estimations.

Du côté de la qualité, « la variabilité est forte également, tant au niveau des gabarits des plantes que de la richesse en grains. Les teneurs en amidon sont très variables, de valeurs extrêmement faibles, jusqu’à des maïs normaux, bien pourvus en grains. La digestibilité des tiges et des feuilles est bonne en moyenne pour les maïs récoltés précocement, plus faible pour récoltes tardives. La teneur en matière sèche (MS) moyenne à la récolte, à 33,5% MS, est conforme aux préconisations. Cependant, l’hétérogénéité est forte et bon nombre de maïs ont été récoltés trop tard : 38% des chantiers d’ensilage ont été réalisés à plus de 35% MS. La part la plus élevée de chantiers d’ensilage réalisés à une teneur en MS très élevée (>37%MS) se situent dans les régions Centre-Val de Loire, Bourgogne, Poitou-Charentes et Limousin. »

Des maïs moyens en amidon

« La teneur moyenne en amidon est de 29,7±6,3% à l’échelle France, supérieure de 1,5 point par rapport à 2018. On constate également une très grande variabilité selon les régions. Les maïs cultivés dans la zone Centre-Est ont été particulièrement touchés par le déficit hydrique et les températures caniculaires de mi-juin à fin juillet. La teneur en amidon moyenne des ensilages de maïs dans cette zone est 22,8±7,7% de la MS, avec une très forte variabilité intra-région. Cette hétérogénéité peut s’expliquer par des différences de potentiel de sol, des orages très localisés dans certaines zones et la possibilité d’irriguer ou non. Les régions Ouest et Est ont aussi été très touchées par le déficit hydrique de l’été. En revanche, les ensilages de maïs récoltés dans les régions Bord Manche et Sud-Ouest présentent des teneurs en amidon assez élevées, proches de celles obtenues en 2018. Les ensilages de maïs 2019 sont en moyenne à risque peu acidogène. »

« La digestibilité des fibres (dNDF) est bonne cette année, avec une dNDF moyenne égale à 52,0±4,2%. Ce haut niveau de digestibilité des fibres se retrouve notamment dans les régions où les ensilages ont été récoltés précocement ; c’est le cas des maïs des zones Centre-Est et Ouest qui présentent respectivement des niveaux de dNDF moyens de 54,6% et 53,6%. La qualité des fibres de ces plantes jeunes a ainsi été préservée de la sénescence accélérée de la fin de cycle. Comme l’année passée, les ensilages réalisés dans le Sud-Ouest et en Bord-Manche présentent une digestibilité des fibres inférieure à la moyenne nationale à cause d’une durée de cycle plus longue (Manche) et probablement une utilisation d’hybrides plus typés grain (Sud-Ouest). »

0,5 kg de lait en plus grâce à l’énergie

« Les teneurs en matières azotées totales (MAT) des ensilages de maïs sont proches de celles obtenues en 2018, avec en moyenne 7,4±1,0% MAT. Là encore, l’hétérogénéité inter-régionale est forte et souvent négativement corrélée au rendement, de 7,1% MAT en Bord Manche à 8,2% MAT dans la zone Centre-Est. Les valeurs azotées moyennes sont égales à 46 g/kgMS de PDIN et 68 g/kgMS de PDIE. »

« Les teneurs en UFL des maïs fourrage à l’échelle nationale sont en légère hausse (+ 0,02 UFL/kg MS) par rapport à l’année dernière. En 2019, la teneur moyenne en UFL s’élève à 0,92±0,03 UFL/kg MS. Un quart des ensilages de maïs présentent une valeur énergétique inférieure à 0,90 UFL/kg MS. L’origine de cette énergie est assez variable selon les régions. On retrouve ainsi des maïs plus typés « amidon » sur les zones Bord Manche et Sud-Ouest, mais avec une fibre un peu moins digestible. La bonne digestibilité des fibres des ensilages de maïs du Centre-Est permet de compenser la plus faible teneur en amidon pour maintenir une valeur énergétique correcte. Intra-zone, de fortes disparités sont toutefois constatées sur le niveau des UF mais surtout sur l’origine de l’énergie. Alors que 50% des ensilages sont en dessous de 247 g d’amidon dégradable par kilo de MS, 14% sont à plus de 300 g/kgMS ! La digestibilité des fibres est aussi variable avec un écart-type observé à plus de 4 points pour un niveau moyen de dNDF à 52%. Au vu de la variabilité intra-région, cette année encore, la valeur UF du maïs fourrage n’est pas suffisante pour caler une ration ! Malgré un niveau de digestibilité de la matière organique (dMO) légèrement supérieur cette année, l’encombrement (UEL) moyen des maïs 2019 est équivalent de celui des maïs 2018 (teneur en MS plus faible à la récolte). »

Au final, les ensilages de maïs 2019, distribués à raison de 12 kgMS par vache et par jour, apportent 0,24 UFL de plus que ceux de 2018, autorisant une production supplémentaire de lait de 0,5 kilo par vache et par jour, situe Arvalis.

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A télécharger : Bilan contrasté des maïs fourrage 2019 (Arvalis)

A consulter : Maïs fourrage : les performances des variétés expérimentées en 2019 (Arvalis, 5 décembre 2019)

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Installé dans la Loire, il transforme une partie de sa production en yaourts destinés à la restauration collective.