La Prospérité Fermière en quête de lait bio

Romain Dassonneville, responsable Amont et Développement coopératif, fait le point sur les initiatives prises par la coopérative en matière de lait bio et de lait de pâturage (filière Via Lacta).

L’envolée de la production française de lait bio ne vous fait-elle pas craindre une saturation de ce marché à court terme ?

Nous pourrions collecter cinq fois plus de lait biologique dans la région sans accroître nos ventes de produits finis. Actuellement, nous sommes contraints d’acheter du lait bio pour servir nos clients car les apports de nos adhérents ne suffisent pas. Certes, la dynamique de développement local est enclenchée. En 2017, nous avions 13 producteurs de lait bio et 8 en conversion, contre seulement 8 producteurs en 2014. Entre 2016 et 2018, notre collecte de lait bio va doubler pour atteindre 5 millions de litres. C’est le résultat des mesures incitatives que nous avons mises en place : une prime à la conversion de 50 €/1000 l avec un minimum de 360 €/1000 l, un prix du lait bio stable et rémunérateur (450 €/1000 l de 2015 à 2017, 475 €/1000 l en 2018), une gestion des volumes bio spécifique, sans restriction des livraisons.

Quel bilan tirez-vous de la filière Via Lacta, lancée en avril 2017 par la Prospérité Fermière ?

Pour commencer, c’est plus facile de recruter pour Via Lacta qu’en bio. La démarche a même rencontré plus de succès que prévu. Quelque 250 producteurs ont été candidats, alors que nous en espérions une centaine. Dans l’immédiat, nous avons retenu ceux d’entre eux qui disposent de la plus grande surface d’herbe par vache. Mais nous espérons, à terme, pouvoir inclure les 250 éleveurs dans le dispositif.

En quoi le lait Via Lacta se distingue-t-il ?

La charte de développement durable Via Lacta, développée avec WWW France, repose sur trois piliers : une alimentation sans OGM (beaucoup de nos éleveurs produisent du colza qui évite de recourir au tourteau de soja), une alimentation à l’herbe inspirée du cahier des charges du maroilles (avec notamment un minimum de 15 ares pâturés par vache pendant au moins 170 jours par an), enfin des aires ou des logettes paillées qui occasionnent moins de blessures aux pieds des vaches que les caillebotis (et nous avons beaucoup de céréales dans la région). En contrepartie, l’éleveur engagé dans la démarche reçoit une prime de 15 €/1000 l, en plus d’un prix de base qui ne peut pas descendre en dessous de 300 €/1000 l, quelle que soit la conjoncture.

Les laits « différents » ne cessent de se multiplier ? Ne craignez-vous pas une banalisation de votre démarche ?

Depuis un an et le lancement de Via Lacta, tout le monde s’est positionné sur le créneau. Cela signifie que nous sommes dans le vrai. Plus fondamentalement, les ventes de lait de consommation déclinent au rythme de – 1,5 % par an depuis dix ans, et plutôt de – 3 % à – 4 % dans la période récente. Les Français se détournent du lait UHT demi-écrémé standard. Ils veulent des laits différents : bio ou de pâturage, enrichis en ingrédients ou bien délactosés… C’est la même chose en Allemagne, aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves.

Propos recueillis par Benoît Contour

La Prospérité Fermière, n° 1 dans les Hauts-de-France

Le groupe coopératif regroupe plus de 1 500 producteurs de lait répartis sur un millier d’exploitations dans la région Hauts-de-France. Il collecte environ 410 millions de litres de lait par an, dans un rayon de 80 kilomètres autour de l’usine de Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais). Chaque ferme est collectée tous les trois jours et livre l’ensemble de sa production à la laiterie qui le traite dans un délai de 24 heures.

A lire également : « En bio, tous les voyants sont au vert » (1er juin 2018)

 

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