Dans une étude réalisée en commun, L’UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne dressent un bilan négatif, en lait comme en viande bovine, de la loi issue des Etats généraux de l’alimentation (Egalim).
« Deux ans après la promesse d’Emmanuel Macron, lors du discours de Rungis dans le cadre des Etats Généraux de l’Alimentation, de revaloriser le revenu agricole via l’augmentation du seuil de revente à perte (SRP), l’Union fédérale des consommateurs (UFC-Que Choisir) et la Confédération paysanne condamnent amèrement, étude d’impact (1) à l’appui, l’échec de la loi Alimentation », écrivent les deux organisations dans un communiqué du 11 octobre. « Alors que la hausse de 10% du SRP inflige aux consommateurs une inflation qui devrait représenter, selon nos calculs, 1,6 milliard d’euros sur deux ans, le rééquilibrage des négociations commerciales tant attendu par les agriculteurs et promu par la loi n’a pas eu lieu : la grande distribution et l’industrie continuent d’imposer des prix agricoles en dessous des prix de revient à de nombreuses filières. Refusant tout à la fois cet inadmissible chèque en blanc des consommateurs à la grande distribution et le chèque en bois reçu par les agriculteurs, l’UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne demandent au Gouvernement l’abandon immédiat du relèvement du SRP et l’instauration d’un véritable rééquilibrage des négociations en faveur des acteurs agricoles. »
Viande bovine : une inflexion en 2017
Dans le secteur de la viande bovine, « l’industrie de l’abattage et de la découpe ainsi que la distribution ont profité de la diminution régulière du prix agricole de la viande bovine pour augmenter leurs marges et augmenter parallèlement le prix au consommateur » entre 2013 et 2017, indique l’étude réalisée par l’UFC et la Confédération paysanne. Depuis lors, « malgré une très légère hausse, la baisse initiale du prix agricole n’a toujours pas été rattrapée et aucune inflexion dans les politiques tarifaires n’est observée chez les intermédiaires, qui ont encore augmenté leur marge. » Celle-ci, qui atteignait 4,91 €/kg en 2013, est passée à 5,71 €/kg en 2017 puis à 5,82 €/kg en 2019, selon l’UFC qui s’appuie sur des données de Observatoire de la formation des prix et des marges en agriculture (2) et de l’Insee. Dans le même laps de temps, la part du prix revenant à l’éleveur est passée de 5,54 €/kg en 2013 à 4,94 €/kg en 2017, avant de remonter à 5,03 €/kg en 2019. La rémunération de l’éleveur aurait donc progressé depuis deux ans (+9 centimes), mais moins que celle des intermédiaires (+11 centimes).
Lait : le bon élève des Egalim ?
Dans la filière laitière, régulièrement présentée comme la principale bénéficiaire de la loi Egalim, la situation s’avère plus défavorable encore. Entre 2013 et 2017, « l’industrie et la distribution ont non seulement capté la baisse du prix agricole du lait, mais ont également continué à augmenter le prix consommateur pendant cette période, accroissant ainsi leurs marges de manière significative ». Même à partir de 2017, « le prix agricole a continué à baisser (les hausses tarifaires n’ont été consenties que sur de faibles volumes). Les intermédiaires en revanche ont encore augmenté leur marge et fait progresser les prix au consommateur ». Entre 2013 et 2019, le prix du lait demi-écrémé au détail est passé de 0,73 à 0,81 €/l, soit une hausse de 8 centimes. Dans le même temps, la part du prix revenant à l’éleveur a perdu 5 centimes (-4 centimes entre 2013 et 2017 et encore -1 centime entre 2017 et 2019) pour revenir à 0,21 €/l. En parallèle, la marge de l’industrie et de la distribution aurait progressé de 13 centimes pour atteindre 0,56 €/l, selon l’étude de l’UFC.
BC
(1) Prix agricoles en berne et inflation en rayon (UFC-Confédération paysanne, 11 octobre 2019)
(2) Le rapport 2019 de l’Observatoire des prix et des marges