La prairie, première source de protéines

A l’approche du printemps, Semae (ex-Gnis, l’interprofession des semences et plants) fait le point sur la richesse en protéines des graminées et des légumineuses qui peuplent les prairies.

En France, la prairie représente environ 50 % de la surface agricole utile (SAU), soit 13,5 millions d’hectares, dont 10 Mha en prairie naturelle et 3,5 Mha en prairie semée. Se procurer des protéines pour son troupeau représente une forte préoccupation pour les éleveurs. Les protéines, à l’échelle de l’économie nationale, impactent également fortement, non seulement la balance commerciale, mais aussi le risque de dépendance vis-à-vis d’autres pays, des aléas de l’approvisionnement, de la fluctuation des prix… La production locale ou non de protéines constitue, de plus, un enjeu environnemental important.

La notion de richesse ou de pauvreté en protéines ne peut être dissociée de la notion de dilution ou de concentration dans un volume. Il est en effet plus pertinent d’approcher les notions de valeur en protéines par kilogramme de matière sèche ou par unité énergétique. Ainsi, une plante X peut produire (par exemple) 1 500 kilogrammes de protéines par hectare, si ces protéines sont contenues dans 8 tonnes ou 15 tonnes de matière sèche, ce n’est pas équivalent. On pourrait donc avoir une situation d’équilibre ou de déficit. Il est donc indispensable de raisonner en gramme de protéines par kilogramme de matière sèche.

Raisonner espèces cultivées

La richesse en protéines d’une plante est multifactorielle. Elle dépend de l’espèce prairiale, du stade physiologique de la plante, du rythme d’exploitation, de la masse végétale présente à l’instant t, de l’état sanitaire, de la fertilité et de la fertilisation.

La valeur protéique entre deux espèces peut varier de 40 %, à un stade physiologique identique. Ce sont bien sûr les valeurs des espèces domestiquées que l’on connaît le mieux et qui sont les plus courantes dans les prairies permanentes. C’est pour cette raison que l’homme les a cultivées pour fournir des semences avec un panel de variétés. Au niveau des graminées, deux espèces se démarquent nettement, le dactyle tout d’abord, puis le ray-grass anglais. Pour les légumineuses, le trèfle blanc est de très loin la plante la plus riche : 240 g de MAD (matière azotée digestible), 201 g de PDIN (protéines digestibles dans l’intestin permis par l’azote de l’aliment) et 167 g de PDIE (protéines digestibles dans l’intestin permis par l’énergie de l’aliment) et enfin 1,08 UFL par kilogramme de matière sèche !

Quant à la luzerne, ses valeurs sont équilibrées : 166 g de MAD, 145 g de PDIN et 127 de PDIE. Ce sont celles de la plante sur pied, au stade « début bourgeonnement », en dehors des aléas des conditions de récolte et de conservation. En outre, la luzerne possède des atouts agronomiques et environnementaux indéniables et un excellent impact sur la santé animale.

Raisonner besoins de l’animal

Les besoins d’une vache laitière sont d’environ 100 g de PDI par kilogramme de matière sèche pour une production de 25 litres de lait et de 130 g pour une production de 35 litres.

Les créateurs de nouvelles variétés ont bien sûr intégré cette préoccupation des éleveurs en tenant compte de la richesse en protéines et en communicant sur les nuances variétales pour quatre espèces : le ray-grass anglais, la luzerne, le dactyle et la fétuque élevée. Ces informations sont accessibles à tous sur le site www.herbe-book.org.

Raisonner stade de récolte

Après l’espèce, il est important de bien repérer le stade physiologique. La plante jeune et active est bien sûr plus riche en protéines, puis elle s’appauvrit en s’approchant de l’épiaison ou de la floraison. Toutefois, il faut aussi raisonner le rythme d’exploitation. On obtient 2 % de protéines en plus pour un pâturage à 3 semaines par rapport à un pâturage à 5 semaines (source Inrae).

Dans le cas de gestion de stocks d’herbe sur pied conservés pour être pâturés ultérieurement, quatre règles essentielles permettent de tirer au mieux parti de cette technique :

– déprimer pour gagner en densité et contenir les adventices ;

– étêter, c’est faire consommer l’épi qui est dans la tige pour avoir des repousses essentiellement feuillues ;

– avoir une bonne proportion de trèfle blanc ;

– si la végétation dépasse 20 cm, faire pâturer au fil avancé quotidiennement pour éviter le gaspillage par piétinement inutile. S’il s’agit d’une prairie temporaire, le critère variétal de la résistance aux maladies est important afin de préserver la qualité des stocks d’herbe sur pied.

Que l’on soit en agriculture biologique ou conventionnelle, en prairie naturelle ou en prairie temporaire, la richesse en protéines d’un fourrage dépend donc principalement de l’espèce, du stade physiologique, de la hauteur d’exploitation, du rythme d’exploitation et de l’état sanitaire. Une prairie avec une bonne proportion de bonnes plantes et exploitée avec un rythme rapide est capable de satisfaire les besoins en protéines de la plupart des animaux.

(crédit photo et texte : Semae)

A lire également : L’herbe jeune vaut un concentré (Arvalis, 1er mars 2021)

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