Benoît Rouyer, agro-économiste au Cniel, fait une « lecture plutôt positive » du marché des produits laitiers au 1er semestre 2019.
L’équilibre entre l’offre et la demande de produits laitiers, qui balise le prix du lait à la production, a évolué, ces derniers temps, dans un sens a priori favorable aux éleveurs. C’est ce qu’a expliqué Benoît Rouyer, directeur Economie et Territoires au Cniel (1), le 25 janvier à Amiens (Somme) lors de la 2e journée Ambition lait organisée par Novial et sa marque d’aliments bovins Ozé (2).
D’abord, la collecte est « peu dynamique », aussi bien en France (elle était encore en recul de -3,1% la dernière semaine de janvier) qu’en Europe (la moitié des Etats membres entament 2019 avec une production en baisse sur celle du début 2018). Et cela devrait durer « au moins jusqu’au printemps 2019 » en raison du manque de fourrage consécutif à la sécheresse et à la canicule de l’an passé. Ensuite, le stock communautaire de poudre de lait écrémé a fondu comme beurre au soleil (« il en reste à peine 3 000 tonnes ; c’est plutôt une excellente nouvelle ») et ses prix ont rebondi aux environs de 2 000 €/t. C’est 300 €/t au-dessus du prix d’intervention, alors qu’ils se situaient 400 €/t en dessous il y a un an. Enfin, les Etats généraux de l’alimentation (EGA) pèsent sur le climat des négociations commerciales en cours entre la filière laitière et la distribution, elle-même en train d’entrer au Cniel. Dernière initiative en date, la filière lait d’Agromousquetaires (Intermarché) a annoncé, le 23 janvier, qu’elle « garantira en 2019 aux 550 éleveurs partenaires de la Laiterie Saint-Père et de la Fruitière de Domessin un prix d’achat à 375 €/1000 l (toutes primes incluses), assorti de l’engagement à acheter l’intégralité des volumes contractuels ».
Benoît Rouyer relève néanmoins quelques signaux moins positifs : le ralentissement économique de la Chine (un gros importateur de produits laitiers), la reprise de la production laitière en Nouvelle-Zélande (+ 2 % sur les onze premiers mois de 2018), et le déclin, certes relatif, du prix du beurre depuis un an. Son cours se situe toujours bien au-dessus de 4 000 €/t alors qu’il a parfois coté… moitié moins que la poudre de lait écrémé dans la période 2000-2014, a rappelé Benoît Rouyer.
BC
(1) Cniel : Centre national interprofessionnel de l’économie laitière
(2) Ozé : Optimisation Zootechnie Economie
A visionner : « Un marché des produits laitiers considérablement assaini » (Benoît Rouyer, Cniel, janvier 2019)
A télécharger : Bilan 2018 et perspectives 2019 des produits carnés et laitiers (FranceAgriMer, février 2019)